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9 livres pour rejouer la Divine Comédie de Dante
Article publié le 09/09/2021 par Nicolas Hecht


Est-ce qu’il y aura quelqu’un pour se souvenir de votre dernier coup de cœur littéraire, ou même de votre livre favori, dans 700 ans ? Qu’est-ce qui fait qu’un livre reste actuel et influent durant des siècles ? Plutôt que de tenter (en vain) de répondre à ces questions, on vous invite dans cet article à explorer les alentours d’une de ces œuvres devenues mythiques : la Divine Comédie de Dante Alighieri.

 


Passé de vie à trépas le 14 septembre 1321, l’auteur italien a signé l’une des grandes œuvres de la littérature transalpine, considérée d’ailleurs comme l’une des sources principales d’une langue italienne unifiée - en utilisant le toscan comme socle, enrichi de vocabulaire latin, français ou provençal, pour la rendre accessible à tous.

Mais au fait, que raconte la Commedia (1303-1321), ce poème long de 100 chants ? Composé de 3 cantiques ou parties (l’Enfer, le Purgatoire, le Paradis), il nous invite à suivre Dante lui-même dans sa tentative de se libérer de ses péchés. À l’âge de 35 ans donc, « À la moitié du chemin de notre vie » (« Nel mezzo del cammin di nostra vita »), Dante entreprend l’exploration des 9 cercles de l’Enfer et du mont Purgatoire accompagné de Virgile, et enfin des 9 sphères du Paradis avec Béatrice puis saint Bernard de Clairvaux. Il s’agit donc d’une quête spirituelle, mais aussi d’une occasion pour le poète d’évoquer de nombreux éléments biographiques et historiques. Le tout prend place dans une architecture/géographie complexe offrant sa propre représentation de l’ordonnancement de l’Univers, et donne ainsi naissance à des concepts restés célèbres comme les fameux 9 cercles de l’Enfer. 

 



Plus généralement, cette œuvre de l’homme de Ravenne a eu une influence considérable et durable sur la littérature, les arts plastiques, le spectacle vivant et la musique, à l’image d’autres œuvres littéraires monumentales comme L’Odyssée d’Homère et le Don Quichotte de Cervantès. Dans cet article, nous vous proposons une sélection d’autres livres s’inspirant de (ou prenant pour thème) cette Divine Comédie et son auteur. En espérant que dans 700 ans ou plus, une forme de vie X ou Y tombera sur cet article et fera perdurer cet intérêt pour la Commedia.



Galilée, Leçons sur l’Enfer de Dante (Fayard)
Traduit de l’italien par Lucette Degryse et Jean-Marc Lévy-Leblond, 184 pages, 22,30 €

 

 

Quand un astronome de renom s’attaque à l'œuvre de Dante, cela donne deux conférences données à Florence, longtemps inédites en français et finalement publiées en 2008. Il y fait en quelque sorte une topographie de l’Enfer décrit dans le poème, suivant Dante et Virgile dans ses arcanes. Une exploration physique et visuelle (grâce notamment à l’ajout par les traducteurs-auteurs de dessins et tableaux) qui pourra plaire aux lecteurs curieux d’arpenter les décors de l'œuvre.



Ezra Pound, Les Cantos (Flammarion)
Traduit de l’anglais par Yves di Manno, 1022 pages, 30 €

 



Fasciste fervent, antisémite et antiaméricain convaincu, partisan d’Hitler… mais aussi auteur à partir de 1915 et jusqu’à sa mort en 1972 d’un poème fondateur du modernisme, radical et fou. Ezra Pound a tout de l’auteur sulfureux, et son œuvre reste largement méconnue en Europe - même si elle a marqué toute une part de l’art du XXe siècle. Elle est pourtant largement inspirée des fondements de la Divine Comédie (on y retrouve la volonté de faire entrer de nombreux éléments biographiques dans quelque chose de plus grand et spirituel) et vise un projet simple mais difficile : construire un Paradis fait de mots. A lire avec des pincettes ou un pince-nez (eu égard aux références politiques du monsieur), de bonnes lunettes et de la patience.

Voilà ce qu’en dit Henri-l-oiseleur dans sa critique sur Babelio : « Cette littérature, comme tout ce qui a de la vraie valeur, ne se livre pas d'emblée au coin de la rue : elle doit rendre modeste, studieux, obstiné, car ce qui attend le bon lecteur dépassera toutes ses espérances. »




Haruki Murakami, La Fin des temps (Seuil/10-18)
Traduit du japonais par Corinne Atlan, 696 pages, 10,20 €

 

 

Voilà un livre qui n'est pas le plus connu de son auteur, mais a pourtant reçu de très bonnes notes et critiques sur Babelio (moyenne de 4,05/5 pour 874 notes). Publié en japonais en 1985 et paru en 1992 en France, c'est son deuxième roman traduit en français. La Fin des temps nous plonge dans deux mondes distincts, deux récits : « le Pays des merveilles » (chapitres impairs) nous présente un narrateur anonyme, programmeur informatique engagé par un vieil homme pour traiter des données un peu spéciales ; dans les chapitres pairs intitulés « La Fin des temps » nous découvrons un monde bien plus sombre, mettant en scène un narrateur liseur de vieux rêves. Surtout, ce roman est le lieu d'une exploration intérieure à travers différentes strates physiques, qui rappelle fortement « qui-vous-savez ». Vous l'aurez d'ailleurs compris : le réalisme fantastique cher à l'auteur est ici bien présent, et les lecteurs le classent très haut dans leur top des romans de Murakami.

 

latina évoque dans sa critique la richesse de ce roman : « Roman philosophique, poétique, d'action et d'effroi, La Fin des temps est à lire de toute urgence car il plonge dans les racines de l'être humain et nous fait effleurer nos rêves et nos espoirs les plus fous. L'immortalité n'est pas loin… »




Nick Tosches, La Main de Dante (Albin Michel/Le Livre de Poche)
Traduit de l’anglais par François Lasquin, 478 pages, 7,60 €



Après Ezra Pound, c’est un autre auteur américain célèbre qui a été profondément marqué par la Commedia : Nick Tosches. Dandy rock et historien amateur, le journaliste devenu romancier évoque en effet l'œuvre de l’Italien à de nombreuses reprises dans ses livres… jusqu’à en faire le sujet principal de son thriller La Main de Dante en 2002 (traduit en 2003 en français). Il y est question d’un certain Nick Tosches, écrivain passionné par Dante et missionné par la mafia pour vendre en pièces détachées un manuscrit complet rédigé de la main de son auteur : celui de la Divine Comédie. De quoi se faire quelques liasses de gros billets. Et bien sûr finir en enfer.



Arnaud Delalande, Le Piège de Dante (Grasset/Le Livre de Poche)
544 pages, 7,60 €



Si vous aimez les tueurs ambitieux (voire mystiques), les thrillers historiques et la grandiloquence d’une ville comme Venise au XVIIIe siècle, voilà un roman qui pourrait vous intéresser. Arnaud Delalande (que nous avons interviewé en vidéo ici pour un livre plus récent) met en scène dans celui-ci une secte se donnant pour but d’invoquer Lucifer. Pour cela, il leur faut reproduire les châtiments des 9 cercles de l’Enfer décrits dans la Divine Comédie. Pour enquêter sur ces mises en scène macabres, le Doge mandate Piero Viravolta, aventurier et séducteur qui va tenter de mettre fin à cet hommage d’un goût douteux.

dbreit nous dit avoir passé un bon moment de lecture : « On est pris par l'intrigue et ses rebondissements. On veut savoir qui se cache derrière le masque du diable tout en découvrant Venise, une période de sa vie politique, les rouages du pouvoir, ses fêtes et ses dérives du plaisir en tout genre. »



Philippe Sollers, Vers le Paradis (Desclée de Brouwer)
70 pages + 1 DVD, 12 €



Le sieur Alighieri n’a pas laissé son empreinte uniquement sur des auteurs américains. Pour Philippe Sollers, son œuvre est une obsession, et bien plus encore. Comme il l’écrit : « [...] chaque fois que je le relis, il se passe toujours quelque chose de nouveau. La lecture et la vie qu'on peut mener, par ailleurs, si elles se rejoignent, sont un événement considérable. L'expérience est une expérience intérieure, qui doit révéler le chemin que nous menons en somme, de l'enfer qui n'est que trop évident, jusqu'au paradis que personne ne veut savoir. » En 2010, il donne une conférence sur Dante au Collège des Bernardins à Paris, reprise ici. Il y est question de la condition humaine, de Dieu et de foi. Elle est accompagnée d’un film de Georgi Galabov et Sophie Zhang.



Dan Brown, Inferno (JC Lattès/Le Livre de Poche)
Traduit de l’anglais par Dominique Defert et Carole Delporte, 608 pages, 8,90 €



Si vous ne vivez pas dans une grotte en Corée du Nord, vous avez sans aucun doute déjà lu le nom de Dan Brown quelque part. Et pour cause : il est l’auteur de l’un des plus grands succès en thriller de ces 20 dernières années : Da Vinci Code. Après avoir mis en scène l'œuvre de Léonard de Vinci, il s’est attaqué à celle de Dante, qui constitue décidément un bon ingrédient pour cuisiner un bon thriller. De quoi revisiter encore l’Enfer, et voyager de Florence à Istanbul. Petite anecdote étonnante : ce livre a été traduit dans un bunker à Milan, pour une confidentialité totale !

RLSblog n’a fait qu’une bouchée de ce roman : « Divine Comédie, masque mortuaire du célèbre poète, Carte de l'Enfer de Botticelli, etc. Dan Brown rend l'œuvre de Dante accessible grâce au talent de didacticien de Robert Langdon. L'incollable en symbologie doit encore sauver le monde (même plus étonnant !) mais on se laisse quand même prendre au jeu de cette course contre la montre. »



David L. Carlson (texte) et Landis Blair (dessin), L’Accident de chasse (Sonatine)
Traduit de l’anglais par Julie Sibony, 472 pages, 29 €



En 2020, heureusement qu’il y avait les livres. Alors que la pandémie frappait fort, les éditeurs continuaient de travailler pour nous proposer des œuvres qui resteraient gravées pour longtemps dans nos mémoires. L’Accident de chasse, première BD publiée par la maison spécialisée dans le roman noir Sonatine, fait partie de ces pavés qu’on a aimé dévorer - et qui a reçu un accueil critique dythirmabique en obtenant le Fauve d’or à Angoulême et le prix Ouest-France/Quai des Bulles C’est un secret de famille qui nous est conté, avec l’histoire d’un enfant qui emménage chez un père aveugle qu’il connaît mal. Celui-ci va lui raconter la vérité derrière le prétendu accident de chasse à l’origine de sa cécité : un braquage qui a mal tourné, et qui l’a conduit durant des années en prison, sans plus d’yeux pour voir le monde. Au bord du suicide, il se redécouvre à travers la Divine Comédie qui parasite le récit et prend progressivement de plus en plus de place. Une sorte d’examen de conscience finalement assez proche du projet de Dante.

Et un projet qui a beaucoup plu à jamik, et convaincu pas mal d’autres lecteurs : « Le point fort de cette histoire, c'est sa construction, sa trame basée sur L'Enfer de Dante Alighieri. Personnellement, je n'ai jamais réussi à lire ce pilier de la littérature italienne, et cette bande dessinée nous en offre une lecture remarquable et moderne, il resitue ce récit allégorique dans le monde réaliste de l'univers carcéral, c'est sans doute autre chose, mais c'est bien plus parlant. Les références littéraires et graphiques ne s'arrêtent pas là. L'ensemble est d'une grande richesse. »



Alessandro Barbero, Dante (Flammarion)
Traduit de l’italien par Sophie Royère, 480 pages, 28 €



Pour achever cette sélection (évidemment subjective, mais que l’on a voulue variée), voici une biographie parue début 2021. Puisque la vie de Dante est étroitement mêlée à son œuvre, il nous faut en savoir plus sur l’homme du Moyen Âge pour mieux comprendre la Divine Comédie. Alessandro Barbero a ici choisi de nous présenter la vie d’un homme du XIIIe siècle, citoyen de Florence devenu l’un des poètes les plus célèbres au monde.

Pour Aquilon62, cette biographie est une excellente raison de se replonger dans une œuvre qui a déjà traversé les siècles : « On ressort de ce livre avec une furieuse envie de lire ou relire la Divine Comédie, de refaire le chemin jusqu’au Paradis en sa compagnie. » 



La boucle est bouclée ! Avez-vous lu la Divine Comédie, ou l’un des livres présentés ci-dessus ? N’hésitez pas à nous recommander d’autres ouvrages pour compléter cette liste...

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