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L'Adoption de Zidrou et Monin : être né quelque part
Article publié par la Rédaction le 08/10/2021, en partenariat avec les éditions Grand Angle


L'avantage, avec une BD qui porte un tel titre, c'est que l'on sait tout de suite où on met les pieds. Oui, ce troisième tome de L'Adoption, série signée Zidrou (scénario) et Arno Monin (dessins et couleurs) publiée chez Grand Angle, aborde bien ce sujet relativement sensible. Mais attention aux faux-semblants car les auteurs brossent aussi à travers cette histoire le portrait de toute une société française, voire des clivages de celle-ci avec d'autres régions du monde.

 



Ce nouvel album sous-titré Wajdi ouvre ainsi un deuxième cycle dans cette série. Dans les deux premiers tomes constituant le premier cycle (2016-2017), Quinaya et La Garùa, nous suivions une famille française ayant adopté une petite Péruvienne, Quinaya, à la suite d'un terrible tremblement de terre à Arequipa. En fait, il était surtout question de Gabriel, grand-père un peu ronchon, ex-boucher à la retraite bien réglée, obligé de s'adapter et d'accueillir la petite. Au départ ours mal léché, Gabriel se révèle cœur d'ange vite conquis par Quinaya. Il fallait toute l'expérience d'écriture de Zidrou et tous les talents de dessinateur d'Arno Morin pour faire de ces deux premiers tomes une belle réussite tant au niveau de la profondeur des personnages que de l'émotion et de l'humour qui se dégageaient de ce premier cycle.


Guerre (en Orient) et Paix (en Occident)

Ce nouveau chapitre déroule bien sûr également le fil rouge de l'adoption en nous présentant la famille Guitry, qui vient d'adopter un Yéménite âgé de 10 ans : Wajdi. Nous voici donc à Nantes, où Wajdi va être propulsé dans une famille de la haute bourgeoisie : Romain le père est dentiste, madame Gaëlle est mère au foyer, la fille Esterina poursuit ses études au lycée et Joseph le fils profite d'une année au Canada. Sans oublier Bérénice, la gouvernante, qui fait (un peu) partie de la famille. Un foyer confortable et bienveillant donc, qui n'en possède pas moins ses codes de classe - et ses limites.

 



Commence alors pour Wajdi une difficile adaptation à un pays et une famille en paix, dans un contexte aux antipodes de ce qu'il a pu vivre lors de ses premières années : après avoir perdu son père et sa mère durant la guerre au Yémen, il a dû parcourir près de 5 000 kilomètres à pied pour rallier la Libye avec sa soeur, qui n'a pas survécu. A l'âge de 7 ans, il a ensuite vu son école tomber en ruine, bombardée. La violence de ces événements a de quoi paraître presqu'irréelle aux yeux des ressortissants de pays occidentaux en paix, qui n'en font l'expérience qu'à travers un écran ou un article de journal. Alors quand un enfant n'ayant connu que la guerre arrive dans un foyer on ne peut plus stable, il y a évidemment comme un décalage.


La force du détail

Encore une fois, le duo Zidrou-Monin brille par sa capacité à déjouer les attentes. On est souvent surpris par le tour que prend l’histoire, on apprend à découvrir des personnages complexes, à travers un scénario qui joue avec nos a priori. Ces 72 pages se lisent ainsi avec beaucoup de curiosité, parfois le sourire aux lèvres, mais aussi de nombreux questionnements en tête. On y trouve même un clin d'œil aux protagonistes des deux premiers tomes, qui parlera aux lecteurs de la série.

 



D'un point de vue graphique aussi, les détails et autres sensations ont toute leur importance. Wajdi retire difficilement son blouson, ses yeux sont ceux d'un enfant qui a trop vite grandi, il panique sous la douche, a peur de certains sons, refuse qu'on le touche. Et lorsqu'il croise des réfugiés qui ont eu moins de chance, son regard se fige. Cette finesse thématique est traduite par la grande expressivité des dessins, plus inventifs qu’il n’y paraît de prime abord et fourmillant de détails.

Et comme les auteurs ont l'art du suspense, on attend avec impatience la suite de ce premier tome qui se referme sur un enfant plus seul que jamais (sans trop en dire). Car s'il faut bien naître quelque part, il faut aussi trouver un endroit où vivre dignement.


Les premières critiques sur Babelio de cette nouvelle bande dessinée sont très bonnes, comme le montre la note globale approchant les 4 sur 5 de moyenne :

« Ce tome, comme les précédents, a réussi à faire ressortir de nombreuses émotions en moi. De la tendresse pour Wajdi, de la tristesse aussi évidemment mais c'est surtout la fin qui m'a rendu folle ! [...] A ne pas lire avant de dormir si vous ne voulez pas vous repasser l'histoire une bonne partie de la nuit ! »  Quinaya 

« Une lecture entraînante, je n'ai pas pu le lâcher avant de l'avoir terminé ! J'ai aimé la variation autour du thème de l'adoption que propose ce second cycle avec un dessin très expressif, un guet-apens émotionnel pour le lecteur, dessin qui a encore gagné en technicité et une histoire qui, comme souvent avec ce scénariste, joue habillement avec son lecteur. »  DamienManille 

 

 

Découvrez L'Adoption, Cycle 2 tome 1 : Wajdi de Zidrou et Arno Monin publié aux éditions Grand Angle

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