Quelles sont les recommandations des lecteurs cette semaine ?
Article publié le 18/11/2021 par Nicolas Hecht, Pierre Krause et Malaury Moyen
Connaissez-vous les pages de recommandations par genre sur Babelio ? Chaque jour, l'équipe du site trie et sélectionne les livres les plus appréciés des Babelionautes pour vous faire découvrir des parutions récentes, agrémentées d'une critique de lecteur. Et chaque semaine nous vous proposons de retrouver une liste de dix ouvrages, soit un par catégorie, afin de suivre l'actualité littéraire au plus près.
Roman d’amour : Alicia Garnier, Can't help falling in love, tome1
Hugo et Cie, 504 pages, 17 €
Après des années de frasques et de vie facile faite de femmes, d’alcool et de drogues, Logan tombe en disgrâce à Hollywood où il faisait fortune. Un ultimatum lui est alors posé : soit l’acteur se fait soigner, soit c’est la fin de sa carrière. Logan décide donc de retourner vivre auprès de sa famille le temps de se ressourcer. C’est dans ce cadre qu’il rencontre Riley, une jeune femme qui porte aussi en elle ses propres démons. Arriveront-ils ensemble à les affronter et à se redécouvrir ?
ReveursEtMangeursDePapier a apprécié le rythme lent de cette histoire d’amour à la double narration : « Si vous aimez les romances slow burn, cette histoire d'amour devrait vous combler. Entre Riley et Logan, c'est un pas à la fois. Baby step, c'est un peu le credo de Riley et on réalise bien vite que c'est nécessaire. Il ne peut pas en être autrement, au risque de briser un certain équilibre si difficilement mis en place. »
Non-fiction : David Colon, Les Maîtres de la manipulation
Tallandier, 352 pages, 21,50 €
On parle beaucoup de complotisme dans le débat public, à l'heure où n'importe quel internaute a une caisse de résonance parfois aussi importante pour diffuser des opinions infondées, qu'un spécialiste dont l'analyse de tel ou tel thème est le métier. Un fléau de notre ère de post-vérité, qui ne doit pas non plus éclipser d'autres sujets : oui, la manipulation de masse existe, qu'elle prenne la forme d'une campagne de pub pour vendre du soda ou de la propagande politique la plus décomplexée. Dans cet essai David Colon explore à travers 20 portraits de spin doctors et autres maîtres de la manipulation des XXe et XXIe siècles, cet art de la persuasion devenu aussi stratégique qu'inquiétant dans ses manifestations. De quoi s'armer intellectuellement pour déjouer certaines rhétoriques, et développer un esprit critique et une pensée plus libre.
pegase-shiatsu a été conquise par ce livre, sans manipulation aucune, et lui a même décerné la note maximale : « À quel point on est manipulé ? C'est ce que ce livre nous explique... En se penchant sur 20 personnalités qui pratiquent intentionnellement la manipulation de masse, avec des buts plus ou moins louables... »
Littérature française : Olivier Bordaçarre, Appartement 816
L’Atalante, 160 pages, 14,90 €
Le confinement nous rend-il fou ? Alors que, dans ce roman, les citoyens sont assignés à résidence depuis 3 ans (!), Didier Martin, comptable de métier, raconte son quotidien. Pour ce graphomane imperturbable qui écrit son histoire sur les murs de son appartement, le confinement a ses bons côtés et il accepte sans problème les décisions qui le privent peu à peu de ses libertés. Très vite, le lecteur se rend tout de même compte que quelque chose ne va pas dans le récit de Didier Martin. Que cachent donc ses 3 ans de confinement ? Et que disent-elles de l’humanité ?
Gabb a trouvé ce texte aussi enthousiasmant que pertinent : « Le style est sobre, direct, efficace, et la plongée dans l'univers délicieusement kafkaïen de l'appartement 816 fut pour moi une vraie réussite ! (quoi ? Vous pensez que je devrais consulter ?) [...] Vous l'aurez compris : le texte éminemment actuel d'Olivier Bordaçarre m'a fait forte impression. »
Littérature étrangère : Mario Vargas Llosa, Temps sauvages
Gallimard, traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan et Daniel Lefort, 400 pages, 23 €
Cette semaine dans la catégorie littérature étrangère, vous avez rendez-vous avec un prix Nobel, rien de moins. L'écrivain péruvien naturalisé espagnol voit en effet son Tiempos recios (2019) traduit en français chez Gallimard. Ces « temps sauvages », ce sont les années 1950, alors que la Guerre froide fait rage. Ici Mario Vargas Llosa se penche plus précisément sur le coup d’État militaire organisé par les États-Unis au Guatemala en 1954, pour écarter du pouvoir le président légitime Jacobo Árbenz. Une époque mouvementée, qui donne lieu ici à une fresque épique mettant en scène des personnages captivants.
marcbali nous dit tout le bien qu'il en a pensé dans sa critique : « Temps sauvages est un roman picaresque passionnant. [...] Le style flamboyant de l’auteur et le rythme trépidant de la narration sont motivants pour s’attacher à ces nombreux personnages dont la plupart sont inconnus du lecteur européen. »
Polar & thriller : Michael Fenris, Émersion
Les Nouveaux Auteurs, 384 pages, 18,95 €
Et si ces inoffensives feuilles mortes qui peuplent notre automne cherchaient en réalité à nous tuer ? C’est le concept du nouveau roman de Michael Fenris, qui après Feuilles nous laisse retrouver son héros, Jedediah Lafkin, brillant scientifique pris pour un fou, dans un périple haletant. L’invasion de feuilles n’attendra pas et le récit se mue en véritable course contre la montre dans le but d’empêcher une catastrophe naturelle de grande échelle de se produire lors d'une conférence sur le climat de l'ONU à Manhattan. À tout cela se mêle une histoire familiale douloureuse, l’auteur abordant également des sujets comme les conditions de vie des internés en psychiatrie.
Hilde a eu des frissons lors de sa lecture : « Si au départ ces feuilles virevoltantes ne m’inspiraient pas de véritable crainte, j’ai changé d’avis assez vite. Les tempêtes sont terrifiantes et sèment la mort sur leur passage. Une menace que peu de personnes prennent au sérieux en dehors de Jedediah, ingénieur forestier, survivant de la terrible catastrophe d’Hope Falls, devenu dendrophobe et des Enfants de la Feuille d’Érable Rouge, un groupe de militants engagés contre les projets de construction soutenus par le sénateur Maccallan, ne respectant pas l’environnement. »
Bande dessinée : Jack Manini et Hervé Richez (scénario), David Ratte (dessins), La Petite Voleuse de la Tour Eiffel
Bamboo, 64 pages, 15,90 €
Une véritable histoire de complot dans le Paris du début du XXe siècle qui a fait tomber un gouvernement, voilà la base historique de cette bande dessinée qui met en scène un virevoltant pickpocket mettant la main sur un précieux trésor : des fiches de renseignements sur des officiers supérieurs de l’armée française. Saisi de l’enquête, l’inspecteur Jules Dormoy devient à son tour la cible du pickpocket. Que contiennent donc ces fiches pour mettre en émoi l’ensemble du gouvernement français ?
C’est un récit plein de panache qui a emporté SdlMag : « Les auteurs posent sur leurs personnages fantaisistes un regard plein de tendresse alors que le dessin délicat de David Ratte les rend particulièrement attachants… Dialogues drolatiques et truculents, scènes cocasses et aventures poétiques, rocambolesques et romanesques sont de la partie, pour notre plus grand plaisir de lecteur… »
Manga : Miyokawa Masaru, My Capricorn Friend
Delcourt, traduit du japonais par Satoko Fujimoto, 224 pages, 7,99 €
Ce n’est pas une série au long cours que nous vous proposons cette semaine mais un one-shot, c'est-à-dire une histoire qui ne comporte qu'un seul tome. Le récit commence par la découverte d’un cadavre, celui de Kaneshiro, un lycéen particulièrement détesté par les autres élèves car coupable de harcèlement. Wakatsuki est directement accusé du meurtre mais trouve refuge auprès de son ami Matsuda. Quels sont les liens entre Kaneshiro et Wakatsuki et ce dernier est-il réellement l’auteur du meurtre ?
LeslecturesdeFrimousse a trouvé que les personnages étaient aussi passionnants à découvrir que l’intrigue elle-même : « Ce one shot est très bien écrit, car on n'a pas besoin d'en savoir plus que ce que nous sert l'auteur, je n'ai nullement été frustré à la fin contrairement à d'autres one shot que j'avais lus par le passé. L'histoire est bien rythmée, la vérité n'est révélée qu'à la toute fin et j'ai adoré le développement des personnages. »
Jeunesse : Laurent & Olivier Souillé (texte) et Frédéric Pillot (dessins), La sorcière Crabibi
Kaléidoscope, 32 pages, 13 €
Le concours du Sorcier de l’année approche à grands pas ! L’album se concentre sur la piquante et attachante Sorcière Crabibi qui, au fil des épreuves, déchante vite : rien ne marche comme elle le souhaite. Chaque test évalue ses compétences. Entre conduite de balais, concoction de potion et sortilèges, notre héroïne excelle. Tous semblent bien partis mais finissent, par malchance, par échouer. Finalement, remporter la victoire est-il vraiment le plus important ?
Tachan a adoré découvrir les aventures de cette petite Crabibi : « Une aventure drôle et haute en couleur comme leur héroïne ! Nous suivons une sorcière qui aimerait être la meilleure mais qui loupe tout, une sorcière qui semble avoir la grosse tête mais qui manque surtout terriblement de confiance en elle. Alors sous ses dehors bravaches et colériques, elle est juste hyper touchante et attachante pour le lecteur. »
Jeune adulte : Hélène Vignal, Queen Kong
Hachette, 736 pages, 18 €
Queen Kong interpelle par son titre original mais aussi par son héroïne, une jeune fille libérée, qui choisit d’expérimenter de nouvelles sensations et de découvrir son corps et sa sexualité. Mais cela n’est pas au goût de tout le monde et vite, sa sexualité débridée lui attire les foudres de ses camarades. Réussira-t-elle à défier ces codes sociaux qui l'étouffent ? Ce court roman, défiant tout a priori, met en lumière la pression qu’un groupe peut avoir sur une jeune fille en construction et l’omniprésence des réseaux sociaux. Pour un public averti.
Les thèmes abordés ont été appréciés par Lirado : « A travers son héroïne, Hélène Vignal évoque aussi d’autres questions comme la liberté sexuelle, le consentement ou le harcèlement dont peuvent être victimes les femmes vis-à-vis de leur corps, de leur sexualité. Le choix du récit à la première personne offre une plongée dans l’intimité même de cette jeune fille, invite le lecteur à se mettre à sa place. On peut ne pas partager son regard, son apprentissage du sexe, mais le message derrière ce court récit, lui fera sans aucun doute consensus. »
Imaginaire : Robert Harris, Le Second Sommeil
Belfond Noir, traduit de l'anglais par Nathalie Zimmermann, 368 pages, 21 €
Présenté par son éditeur comme un thriller historique, ce livre de Robert Harris est plutôt à classer en littérature de l'imaginaire si l'on en croit les retours de lecteurs sur Babelio, et même précisément au rayon science-fiction. Il y est question d'un prêtre décédé brutalement, sur lequel va enquêter le père Christopher Fairfax après la découverte chez lui de livres et d'artefacts étranges, impies, témoins d'une civilisation disparue. Mais toute connaissance est-elle bonne à savoir, au XVe siècle ? Et que se passerait-il si notre idée du passé de l'humanité n'était pas exacte, que l'on nous en cachait une partie volontairement ?
Un roman d'une grande richesse thématique, que Blok a beaucoup apprécié : « C'est la deuxième incursion de Robert Harris dans le domaine de la SF après Fatherland, honorable uchronie qui porte sur le thème rebattu d'une victoire du troisième Reich. Là c'est une grande réussite, un des grands romans du genre de ces dernières années. La construction est très habile, les retournements de paradigme nombreux. »
Vous avez vous aussi des livres récents à recommander ? N'hésitez pas à partager vos lectures en commentaire de cet article !