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5 polars du réel pour découvrir le true crime
Article publié le 23/03/2023 par Nicolas Hecht, en partenariat avec le festival Quais du Polar


« Inspiré de faits réels. » Ces quelques mots peuvent parfois nous attirer vers un film, une série ou un livre. Comme si notre confrontation au réel devait se prolonger au-delà de nos propres vies quotidiennes, jusque dans nos heures de divertissement. Ce vernis du « réel » que l'on cherche dans des œuvres semble apporter quelque chose en plus, une véracité que la fiction ne prend, croit-on, pas en charge toute seule.

 

Mais qu'est-ce qui nous plaît là-dedans, au fond ? Du côté de la littérature, on peut observer depuis quelques années un engouement très fort pour le true crime, un genre d'abord massivement anglo-saxon et issu du travail journalistique, qui s'est peu à peu imposé dans l'édition. Parmi les précurseurs, on trouve Meyer Levin avec Crime (1956), Truman Capote et son célèbre De sang-froid (1966), ou encore Le Chant du bourreau de Norman Mailer (1979) ; soit des journalistes et romanciers qui ont aussi contribué à créer ou populariser un genre voisin, plus large : la narrative non-fiction. La particularité de ce type de récit ? Proposer non seulement un texte autour d'un crime ayant réellement eu lieu, mais aussi de s'impliquer dans la narration de celui-ci, comme personnage-acteur-enquêteur à part entière. Une forme d'autofiction du crime à l'américaine, un polar du réel, en somme.

 

Côté français, nos écrivains ne sont pas en reste. Jean Giono, dès 1955, publiait Notes sur l'affaire Dominici, des notes d'audience revenant sur un procès et ses limites. Plus récemment, c'est Emmanuel Carrère qui s'y est essayé avec L'Adversaire (2000), dans lequel il traite de son rapport bien particulier à l'affaire Jean-Claude Romand. En 2012, c'est au tour de Régis Jauffret avec Claustria, ou le récit de la stricte séquéstration et du viol d'une jeune femme par son père en Autriche, pendant vingt-quatre ans. Un livre qui remettait notamment en cause l'enquête de police.

Au-delà du passionnant travail d'enquête, du cheminement de la pensée et d'un exercice documentaire et déductif, peut-être qu'au fond les lecteurs de true crime cherchent le grand frisson, comme les amateurs de films d'horreur. A ceci près que l'engrenage ressemblerait un peu à ça : ce fait divers a réellement eu lieu ; ça aurait pu m'arriver ; je peux me vivre comme un survivant. Ou déjouer de futurs crimes potentiels. Ce type de littérature du réel, fruit des noces de l'enquête au long cours et de l'autofiction, semble en tout cas avoir de beaux jours devant elle.

En marge du festival Quais du Polar (du 31 mars au 2 avril 2023), qui consacre une partie de sa programmation à cette tendance littéraire, nous vous proposons ici 5 livres parus entre 2021 et 2023 pour découvrir ce genre, et plus précisément 5 ouvrages écrits par des auteurs français - dont certains seront présents au festival lyonnais déjà mentionné. En fin d'article, vous pourrez également retrouver tout le détail des animations et rencontres proposés par Babelio lors de Quais du Polar. En espérant vous y voir ! 



Philippe Jaenada, Au printemps des monstres
Points (Mialet-Barrault en grand format), 912 pages, 10,60 €

 

Après quelques romans dans lesquels il se mettait en scène dans Paris, Philippe Jaenada se tourne à partir de 2013 vers le fait divers. D'abord avec Sulak, sur un célèbre braqueur français, puis La Petite Femelle centré sur Pauline Dubuisson, accusée du meurtre de son ex-petit ami, ou encore avec La Serpe, sur un triple homicide lié à l'écrivain Georges Arnaud, auteur du Salaire de la peur. Point culminant de son travail d'auteur-enquêteur auquel il consacra quatre ans de sa vie, Au printemps des monstres prend pour sujet le meurtre d'un garçon de 11 ans en 1964. Encore une fois, les apparences sont trompeuses, et l'infirmier ordinaire qui s'était accusé de ce crime n'est peut-être pas le monstre que l'on croit. L'occasion pour Philippe Jaenada de nous plonger dans les années 1960, les mensonges des acteurs de cette affaire et les manquements de la justice.

Cannetille nous recommande ce livre dans lequel la noirceur a toute sa place, mais où l'auteur fait également preuve d'un humour bienvenu - en plus d'un travail de documentation très impressionnant : « Minutieuse, exhaustive, l'investigation de Philippe Jaenada nous tient en haleine sur près de 800 pages, entre étonnement, indignation et consternation, mais aussi, pour notre plus grand plaisir, de sourires en éclats de rire : commentaires railleurs, digressions pleines d'autodérision faisant écho à l'actualité générale ou personnelle de l'auteur, viennent plaisamment alléger le texte, au gré de drôles de parenthèses imbriquées comme des poupées russes. »



Agnès Grossmann, L'Affaire Rambla ou le fantôme de Ranucci
Pocket (Presses de la Cité en grand format), 288 pages, 8 €  


L'affaire Christian Ranucci restera dans l'histoire judiciaire du XXe siècle comme l'une des plus médiatiques, ayant donné lieu à de nombreuses polémiques alors que Robert Badinter s'apprêtait à abolir la peine de mort. Et pour cause : accusé du meurtre effroyable d'une mineure à coups de pierre et de couteaux, Christian Ranucci sera l'un des derniers condamnés à mort en France, guillotiné. Deux ans après son exécution, Gilles Perrault publie Le Pull-over rouge, un livre au grand retentissement remettant en cause la culpabilité de Ranucci dans le meurtre de Marie-Dolorès Rambla ; une thèse également défendue par le philosophe Michel Foucault à l'époque. Dans son livre, la journaliste Agnès Grossmann, auteure de portraits de tueurs pour l'émission "Faites entrer l'accusé", qui reprend point par point les éléments de l'enquête et de son traitement médiatique, détaille surtout l'impact humain des polémiques sur la famille de la victime alors que le débat sur la peine de mort fait rage.

Calimero29 a plus qu'apprécié ce livre plein d'humanité : « C'est avec beaucoup d'empathie et d'humanité envers la famille Rambla qu'Agnès Grossmann retrace leur destin tragique après une enquête approfondie, dont elle replace les faits dans leur contexte de l'époque. Son récit est un réquisitoire contre les rumeurs, les à peu près journalistiques, la recherche du sensationnalisme à tout crin sans tenir compte de l'aspect humain. Malheureusement, rien n'a changé et les réseaux sociaux ont amplifié le phénomène avec des hommes et des femmes jetés en pâture de la vindicte populaire, sans jugement, souvent sur la base de fake-news. »



Alice Géraud, Sambre, radioscopie d'un fait divers
JC Lattès, 400 pages, 21,50 €  

 

Elle aussi journaliste, mais également scénariste et autrice, Alice Géraud se penche dans Sambre sur des dizaines de cas de viols et d'agressions sexuelles dans le nord de la France. Durant trente ans, un homme a sévi dans la région, s'en prenant à de nombreuses femmes sans être inquiété, jusqu'en 2018. En recueillant des témoignages de ces femmes, dont certaines n'ont à l'époque pas été prises au sérieux durant leur déposition, Alice Géraud pointe du doigt les dysfonctionnements des institutions face aux violences sexuelles et le peu de crédit accordé à ces victimes. Un livre qui résonne particulièrement aujourd'hui, alors que les violences faites aux femmes deviennent (enfin !) un sujet politique de premier plan.

Merik est conquis par le sérieux de l'approche et le ton du livre : « Une enquête de 400 pages lues de deux ou trois traites en ce qui me concerne, en apnée sidérée. Une enquête passionnante, qui revisite aussi l'histoire récente et l'évolution (lente) de la société face aux atteintes à la personne, et aux violences sexuelles. Une enquête élaborée avec brio par une journaliste au ton imparable, celui qui fait avancer avec clarté vers la vérité, l'indignation en sourdine. »

L'autrice sera présente à la rencontre autour du true crime de Quais du Polar



Elise Costa, Les nuits que l'on choisit
Marchialy, 216 pages, 20 €


C'est le livre un peu « méta » de cette sélection : Elise Costa, journaliste (notamment pour Slate) et créatrice du podcast judiciaire d'Arte "Fenêtre sur cour", y dissèque son rôle de chroniqueuse dans des affaires retentissantes, comme celle de Nordahl Lelandais ou de la famille Troadec. Pourquoi et comment survit-on à un métier qui nous confronte sans arrêt à la violence, au crime ? A travers ces quelques chroniques judiciaires rassemblées ici, sous ce titre lourd de sens, elle se livre sur son goût pour ce travail qu'elle a débuté un peu par hasard. De quoi questionner notre regard sur le crime, ses acteurs et leur indiscutable humanité, par-delà la morale.. 

Une lecture passionnante pour HQL : « Dans un style vif, percutant et pour autant très empathique, elle s'attelle à interroger sans harceler, à raconter sans juger, à écrire sans s'effacer du récit, à mi-chemin entre le true crime et le nouveau journalisme. Des affaires ultra-médiatiques qu'elle couvre, on retiendra tous ces détails qui l'interpellent, ces jugements qui la déroutent, ces proches de victimes qui la touchent ou ce fonctionnement parfois incompréhensible de la machine judiciaire. »

L'autrice sera présente à la rencontre autour du true crime de Quais du Polar



Anaïs Renevier, L'Affaire Alice Crimmins
10-18 et Society, 208 pages, 7,50 €

 
Il y a quelques semaines, les éditions 10/18 et le magazine Society lançaient une nouvelle collection de poche consacrée au true crime, suite au succès du livre sur Xavier Dupont de Ligonnès tiré du magazine. Dans cette enquête, Anaïs Renevier s'intéresse de près à Alice Cummins, une mère new-yorkaise qui va rapidement être accusée du meurtre de ses deux enfants. Entre morale, mafia et vie de famille, elle livre, au-delà de l'enquête, le portrait d'une femme complexe dans les années 1960, dans une Amérique encore très puritaine.

Aurorum y a trouvé de quoi assouvir sa curiosité en la matière : « Anaïs Renevier nous livre un compte-rendu haletant et complet de l'enquête, autant du point de vue des services de police, de l'entourage, des témoins, de la presse ou du voisinage, gourmand de commérages. Elle nous mène avec elle et déroule le fil de l'affaire et de la vie de la principale suspecte. Entre les interrogatoires, les différents procès et les témoins, nous vivons de l'intérieur cette affaire hors du commun. Si vous souhaitez commencer et vous plonger dans le true crime, vous pouvez y aller tête la première ! »

L'autrice sera présente à la rencontre autour du true crime de Quais du Polar




Jeux proposés par l'équipe de Babelio, à l'espace Studio Lisez (Hôtel de ville)
Notre sélection de jeux littéraires, sur des créneaux d'une heure, durant laquelle vous pouvez passer et repartir à votre guise


Jeu des Jurés
Samedi 1er avril de 12h à 13h
Dimanche 2 avril de 11h à 12h

Quiz Polar
Samedi 1er avril de 15h à 16h
Dimanche 2 avril de 11h à 12h

Trouve ton alibi
Samedi 1er avril de 17h à 18h
Dimanche 2 avril de 11h à 12h


Rencontres animées par Pierre Krause de Babelio

Samedi 1er avril
11h30-12h30 au Palais de la Bourse, salle Ampère
Des terrains de guerre aux pages noires - ces journalistes devenus romanciers : avec Aslak Nore (Norvège), Jean-Pierre Perrin (France), Olivier Truc (France)

14h-15h au Palais de la Bourse, salle Tony Garnier
Quand la nature est la victime : l'impact du polar : avec Thierry Colombié (France), Pierre Pouchairet (France), Erin Young (Angleterre)

16h-17h au Palais de la Bourse, salle Ampère
L’heure de vérité : rencontre avec les vrais métiers du polar : avec Nicolas Feuz (Suisse, auteur et procureur), Jean-Luc Ployé (France, auteur et psychologue judiciaire), Claire Raphaël (France, autrice et experte balistique), Clarisse Serre (France, autrice et avocate)


Dimanche 2 avril
11h30-12h30 au Palais de la Bourse, salle Tony Garnier
Mater Dolorosa : avec Eva Björg Ægisdóttir (Islande), Colin Niel (France), Pétronille Rostagnat (France)

 

 

 

Avez-vous déjà lu du true crime ? Quels livres conseillez-vous ? Dites-le nous en commentaire...

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