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Bande dessinée et piraterie : dans la bibliothèque du lecteur jamiK
A la rencontre des membres de Babelio

 

Article publié le 26/05/2023 par Julie Audouard

Nous donnons régulièrement la parole aux membres du site pour qu'ils nous partagent leurs coups de cœur et nous dévoilent leur bibliothèque. Ce mois-ci nous avons demandé à jamiK, grand lecteur de bandes dessinées et membre de Babelio depuis 2014, de nous faire découvrir sa bibliothèque et ses habitudes de lecture. 

 

 

 

 

Rencontre avec jamiK, inscrit sur Babelio depuis le 25 septembre 2014

 


Quand et comment êtes-vous arrivé sur Babelio ? Quel usage faites-vous du site ?



Fin 2014, je suis tombé un peu par hasard sur Babelio, que j’ai vu d’abord comme un outil ingénieux pour répertorier et noter mes lectures. Au début, je n’y recensais que les romans, ce que je lisais à ce moment et quelques classiques qui m’avaient marqué. Je n’y classais pas les bandes dessinées, de même que je ne voyais pas l’intérêt des challenges de lecteurs ; je m’étais juré de ne jamais y participer. Par contre je me suis inséré dans quelques discussions parce que je voulais me remettre à la lecture de science-fiction, domaine que j’avais laissé de côté depuis très longtemps. Puis, à force de discussions, ma PAL s’est mise à gonfler démesurément, alors pourquoi ne pas m'inscrire à “Pioche dans ma PAL”, à quelques lectures communes, puis de fil en aiguille, pourquoi ne pas tester un challenge ou deux, le challenge multi-défi - mais ça, c’était plus de deux ans après mon arrivée sur le site.

 

Nadouch a créé un challenge annuel de bande dessinée en 2017, je suis arrivé en cours d’année, puis je lui ai donné un coup de main pour la gestion, c’était peut-être un piège mais je suis très heureux d’être tombé dedans, merci Nadouch ! Aujourd’hui, je gère ce challenge pour la septième année et il a beaucoup évolué. Depuis l’an dernier, Dram00n est mon précieux associé.

 

Je gère aussi un challenge autour de la vieille collection de romans de gare de science-fiction, Fleuve Noir Anticipation, et je participe à une multitude d’autres challenges, avec plus ou moins d’assiduité, Multi-défis, Mauvais Genres, XXe siècle, Non-fiction, Nobel, San Antonio, et à force de rencontres fructueuses, il m’arrive même de participer à quelques groupes d’écriture. Aujourd’hui, Babelio est bien loin d’un simple outil de gestion, c’est mon réseau social, apaisé et cultivé, une rareté à entretenir. Depuis mon inscription, mon rythme de lecture s’est largement amplifié.

 

 

Nous avons remarqué que vous lisez beaucoup de BD. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’une bonne BD pour vous ? 

 

Je connaissais Tintin bien avant de savoir lire, et à la maison, on achetait tous les Astérix à leur sortie, et quelques Spirou, puis il y a eu Blake et Mortimer, Gaston, la Rubrique-à-Brac. Enfant j’adorais la bande dessinée, puis vers la fin des années 1980, il y a eu comme un divorce, je n’ai pratiquement pas ouvert de bandes dessinées pendant 20 ans, fâché avec la tendance des héroïnes aux silhouettes galbées et aux récits de fantasy qui se ressemblaient tous. Et puis un jour, je suis tombé sur Le Combat ordinaire de Manu Larcenet et ça a été la réconciliation et même plus. 

Dans une bonne bande dessinée, il doit y avoir de l’émotion, des idées, de l’originalité, de l’inventivité, et il doit y avoir une interaction entre le graphisme et le récit, je cherche constamment la nouveauté, celle qui me surprendra, et j’en trouve de plus en plus. 

 

 

Plutôt bande dessinée, manga, comic, roman graphique... ?


Les mangas, j’ai essayé, et je n’y arrive vraiment pas ; et les comics, c’est pas vraiment mon truc, même s’y j’y trouve parfois de très bonnes choses. J’ai été bercé à la sauce franco-belge, mais je ne suis pas pour autant adepte de classicisme, en fait je méprise toute forme d’académisme, je veux être surpris, je veux de l’innovation, de la poésie, de l’art.

 

L'explosion des formats avec ce qu’on appelle les romans graphiques (affreux nouveau concept mais qui se justifie dans l’univers de la bande dessinée américaine) a ouvert de nouvelles façons de créer. Ces dernières années, la bande dessinée est sortie de ses carcans et devient même un art majeur. Il y a plus de nouveauté, d’audace, d’ouverture, de créativité, de discours et d’idées, le dessin ne se contente plus d’illustrer le propos. Il ne s’agit plus de romans mis en images, c’est autre chose, offrant une interaction entre l’image et le texte, une fusion totale. La succession des images n’est plus qu’un simple synopsis cinématographique, les illustrations interagissent entre elles, la couleur, la texture, la technique utilisée participent à la narration, deviennent poésie et réflexion, et depuis dix ans, la bande dessinée a largement rattrapé son retard sur toutes les autres formes d’art, inventant des nouvelles façons de raconter des histoires, de nouveaux codes, on ne compte plus les chefs-d’œuvres qui sortent des presses chaque année.

 


Pouvez-vous nous parler de votre/vos bibliothèques ? (organisation, genres, apparence visuelle, etc.) 

 

Ma bibliothèque, c’est un vrai bordel, il y a des livres partout dans la maison, c’est tellement le bazar qu’il m’est déjà arrivé d’acheter plusieurs fois le même livre, et beaucoup n’ont jamais été ouverts. Parfois chercher un livre lu il y a longtemps s’avère une véritable expédition archéologique.

Tout ça alors que les trois quarts de mes lectures proviennent de la médiathèque, qui elle, est bien rangée ! Mon abonnement me donne accès à la superbe médiathèque des Capucins, plus les six autres médiathèques brestoises et cinq médiathèques de la communauté urbaine, il y a du choix !

 


Quelle est votre première grande découverte BD ? 


Je connaissais Tintin bien avant de savoir lire, et à la maison, mon père achetait tous les Astérix à leur sortie, puis ado, j’avais une adoration sans failles pour Les Idées noires de Franquin, mais ces dernières années, j’ai eu énorméments de coups de cœur.

 

 

Nous avons remarqué que vous avez une insigne "Pirate" sur Babelio. Qu’aimez-vous dans ce genre ? Avez-vous des lectures à nous recommander ? 

 

Je retrouve toujours un plaisir à me replonger dans les genres qui m’ont fait rêver dans mon enfance, comme les westerns et la piraterie. L’Île au trésor, les Robinson des mers du Sud sont des bons souvenirs d’enfance, Tintin et le Secret de la Licorne a été lu des dizaines de fois. Et puis je suis Brestois, la marine, la mer, c’est dans notre culture, si pour certains le vocabulaire maritime paraît obscur, pour moi il a une certaine résonance qui ouvre sur un univers qui éveille tous les sens, j’ai la tête pleine de chants de marins.

Alors, évidemment, Tintin et Le Secret de la Licorne est un incontournable bien que la piraterie ne soit qu’une toute petite partie de l’histoire. Il y a aussi Mémoires d'un gentilhomme corsaire : De Madagascar aux Philippines, 1805-1815 d'Edward John Trelawney, un témoignage d’époque réel (avec un soupçon de mythomanie) qui a servi de base à tous les romans de piraterie qui ont suivi dont l’incontournable L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson. Maintenant, dans la littérature contemporaine, il y a le formidable cycle de fantasy sur fond de piraterie Les Aventuriers de la Mer de Robin Hobb, 9 tomes, plus de 3 000 pages, mais ça en vaut vraiment la peine (merci le confinement !), et un livre qui mêle piraterie et science-fiction, Le Déchronologue de Stéphane Beauverger. Enfin, en bande dessinée, il y a La République du crâne de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, épique et romanesque, classique dans la forme, mais moderne dans le fond, ou le plus modeste mais plus poétique En mer de Drew Weing, en même temps un hommage aux écrivains bourlingueurs.

 


Quels sont les livres et/ou les BD qui ont changé votre vie ?

 

J’aurais du mal à dire que tel ou tel livre à changé ma vie plus qu’un autre, chaque bon livre nous amène à transformer notre vision des choses, à nous faire évoluer. Juste une anecdote : en tant que petit dernier de la famille, j’ai longtemps hérité des livres de la bibliothèque verte de mon grand frère et des cousins, ça ne m’emballait pas particulièrement. Ma mère, voyant que je ne lisais plus, m’a amené à la librairie, et j’ai découvert mon premier roman de science-fiction, une révélation ! Il s’agissait de Cheyenne 6112 de Christian Grenier et William Camus, je pense que sans cette rencontre, je n’aurais pas été un véritable lecteur. Par la suite, dans mes années de collège, j’ai lu plusieurs romans jeunesse de Christian Grenier. Récemment, j’ai réussi à dénicher son adresse mail, je lui ai écrit pour lui révéler que si je lisais beaucoup encore aujourd’hui, c’était en grande partie grâce à lui, ce fut un échange bref mais d’une très grande émotion pour nous deux.

 

 

 

Vous organisez le challenge Bande dessinée sur Babelio. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs en quoi cela consiste ? Comment vous êtes-vous retrouvé à animer ce groupe de lecture ? Qu’est-ce qui vous plaît dans cette animation ? 

 

Le but premier, évidemment, c’est de faire de nouvelles découvertes, et occasionnellement de sortir de nos sentiers battus. Ce n’est pas une compétition, mais on se tire la bourre un peu quand même, parce qu’on est une joyeuse bande de dévoreurs de bandes dessinées, on est plusieurs à dépasser les 365 lectures par an. Il y a quand même de la place pour les plus modestes lecteurs.

Le principe, c’est de présenter nos lectures pour passer des paliers, une lecture = une bulle, et on peut ajouter des bonus : 1 bulle supplémentaire thème du mois, 33 thèmes sur un sujet différent chaque mois sont proposés. Par exemple pour mai, il s’agit des auteurs, il faut trouver par exemple 1 lecture avec un auteur français, une autre avec une femme en solo... 1 autre bulle supplémentaire pour les thèmes proposés par les challengers, à chaque palier franchi, on propose un thème que tout le monde peut alors valider. Ensuite, il y a les coups de cœur, les jokers à gagner... J’ai fait en sorte que ça soit ludique, et le constat est net : on a envie de lire encore plus de bandes dessinées, et je dévalise encore plus ma médiathèque.


 

 

Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

 

Il y en a des tonnes, mais je pense en particulier à Les Ombres de Zabus et Hippolyte, un roman graphique sur le thème des migrants. Il possède la totalité des qualités que j’attends d’une bande dessinée : un graphisme qui a des choses à nous dire, avec la matière, le style, le trait, la manière de poser la couleurs, un récit bien monté, référencé, actuel et antique à la fois, de l’émotion, et pas qu’un peu. Il navigue dans un modèle d’évolution intelligente de l’univers de la bande dessinée, j’ai pris une claque. Mais je vous invite à allez voir la liste que j’ai créée pour aller plus loin avec la bande dessinée

 

 

 

 

Quel est votre endroit préféré pour lire ? 

 

En général, c’est dans mon canapé, dans mon salon, ou par terre devant le canapé, mais je trimballe toujours ma liseuse avec moi pour lire dans tous les lieux possibles, plage, terrasse de café, files d’attente, train, salles d’attente… 

 

 

 

 

Qu’est-ce qu’une bonne critique de BD pour vous ?

 

Une bonne critique n’a pas besoin de résumer le livre, je pense plutôt qu’elle doit parvenir à partager les émotions du lecteur, tout en donnant quelques clés ou interprétations possibles pour les œuvres plus complexes. Pour les bandes dessinées, parler du visuel est un plus appréciable.. Il y a des critiques qui sont de très bonnes analyses, du fond et de la forme, mais ce qu’il y a de bien avec Babelio, c’est qu’avec les échanges entre lecteurs, on finit par connaître leurs goûts et parfois une critique brève et sommaire d’untel ou untel nous offre une garantie. Et d’autres critiques racontent juste une interaction avec l’œuvre sans nous en apprendre grand-chose, ça passe par l’humour ou la poésie, et c’est aussi ce qui fait la qualité et l’unicité de Babelio. Ce ne sont pas simplement des comptes-rendus froids, informatifs et commerciaux, c’est aussi des moments de vie, de poésie, d’émotion gratuite, de petites épiphanies. D’ailleurs le mot « critique » est bien laid pour exprimer cela, on devrait plutôt parler d’impression.

 

 

 Avez-vous une citation fétiche issue d’une de vos lectures ?

 

Oui, j’aime les citations ironiques et provocantes, et particulièrement celle-ci qui contredit un fameux slogan politique de la campagne électorale présidentielle de 2007, elle est de Kurt Vonnegut Jr., auteur que j’affectionne particulièrement : « Écoutez : nous sommes sur terre pour glandouiller. Ne laissez personne prétendre autre chose ! »

… On peut aussi glandouiller avec un livre… mais est-ce vraiment glandouiller ?

 

 

Quelle sera votre prochaine lecture ? Comment l’avez-vous choisie et comment choisissez-vous habituellement vos prochaines lectures (BD ou autre) ?

Il y a bien sûr la pile de bandes dessinées que j’ai rapportée de la médiathèque, je ne sais pas dans quel ordre, ça dépend du délai qui me reste avant de les rapporter, des bonus qu’elles vont me rapporter pour le challenge bande dessinée (est-ce qu’elles correspondent à un thème), pareil pour les romans, je me dis toujours qu’il faut que je lise celui-ci ou celui-là, et généralement j’en commence un autre, suivant l’humeur du jour. Parfois, quand j’ai terminé un livre, j’en ouvre plusieurs pour ne lire que les premières pages, et je découvre comme ça le genre qui me fait envie à cet instant précis, et je ne me lance presque jamais dans celui qui était prévu.

 

 

Une anecdote particulière en rapport avec Babelio ? (rencontre avec auteurs ou lecteurs, échange entre lecteurs, découverte littéraire...)

Il y a plein de petits moments réjouissants, un échange avec un autre lecteur, une découverte à partager, un fil de discussion qui part en rigolade. La seule anecdote en lien avec Babelio qui me vient, je l’ai relatée précédemment, c’est que je me retrouve à gérer un challenge de lecture après avoir juré que jamais je ne participerai à un de ces challenges. Il ne faut jamais dire « Fontaine… »

 

 

 

Merci à jamiK pour ses réponses ! Retrouvez tous nos entretiens ici.

 

Vous pouvez également le retrouver dans le challenge bande dessinée !
 
Quel lecteur Babelio aimeriez-vous rencontrer la prochaine fois ? 
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