10 romans LGBT+ pour célébrer le mois des Fiertés
Article publié le 07/06/2023 par Julie Audouard, Nicolas Hecht, Pierre Krause et Déborah Zitt
À l’occasion du mois des Fiertés qui a lieu chaque année en juin, nous vous proposons de découvrir les 10 romans classés en littérature LGBT+ les plus populaires sur Babelio. Dans ces pages, vous retrouverez beaucoup de passions amoureuses, quelques récits initiatiques mais également de profonds questionnements sur soi et ce que les normes sociales nomment « différence ».
Plusieurs de ces romans ont inspiré des adaptations cinématographiques à succès (Call Me by Your Name, Heartstopper, La Vie d’Adèle, Les Chroniques de San Francisco), et la plupart de ces ouvrages sont classés en littérature jeunesse ou jeune adulte, preuve que les éditeurs proposent ces dernières années de plus en plus d’ouvrages dits inclusifs pour tous les âges - et qu'ils rencontrent leur public aussi bien sur papier qu'à l'écran. Alors, prêts à découvrir les coups de cœur de nos lecteurs et lectrices ?
10. André Aciman, Call Me by Your Name (Appelle-moi par ton nom / Plus tard ou jamais)
Le Livre de Poche (Grasset pour la dernière édition grand format), traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin, 320 pages, 8,70 €
Ce fut l’un des événements cinéma de l’année 2017 et le long-métrage qui a révélé l’acteur Timothée Chalamet. Avant d’être un film majeur, Call Me by Your Name est un roman signé André Aciman se déroulant dans l’Italie des années 1980. Le romancier y raconte, à travers les souvenirs d’Elio, la passion entre deux jeunes hommes. Elio se souvient de son amour, de son désir pour Oliver, un professeur de philosophie aussi charmeur que joueur. Le problème, c’est qu’Elio ne se souvient plus de tout. Que s’est-il passé exactement cet été là ? Que faire de souvenirs aussi fragmentés que ceux qui hantent Elio ? C’est la naissance du sentiment amoureux et de ses différentes facettes et tragédies qu’explore André Aciman dans ce roman devenu culte.
Fannynova a été happée : « Voilà un joli récit, doux et violent, qui fait revivre avec une justesse autobiographique les intenses émois qui étreignent les adolescents... en particulier lorsqu'ils éprouvent des sentiments et des désirs auxquels ils ne s'attendaient pas forcément... »
9. Taylor Jenkins Reid, Les Sept Maris d'Evelyn Hugo
Hauteville (Milady pour l'édition grand format), traduit de l’anglais par Nathalie Guillaume, 504 pages, 8,90 €
Evelyn Hugo est la grande star du cinéma. Aussi inaccessible que scandaleuse, elle a construit sa carrière sur une image de fantasme et d’élégance. Quand Monique Grant, jeune journaliste au talent sous-exploité est appelée par la grande actrice pour écrire sa biographie, c’est l’opportunité d’une vie qui se présente à elle. Evelyn Hugo reste un mystère pour ses fans : une femme fatale qui s’est mariée sept fois au cours de sa vie. Monique Grant ne cherche à savoir qu'une seule chose : qui était le véritable amour d’Evelyn Hugo ? Et peut-être que la réponse n’est pas aussi simple qu’on pourrait le croire…
Pour celles et ceux qui souhaitent continuer de suivre la vie d’Evelyn, Netflix a officiellement annoncé l’adaptation du roman de Taylor Jenkins Reid en film !
Un roman bouleversant pour fabienne2909 : « Les Sept Maris d'Evelyn Hugo est avant tout un magnifique roman sentimental, et une réflexion pertinente sur ce qu'est le grand amour, les formes multiples qu'il peut prendre. Ce qu'on est prêt à lui sacrifier, ou pas. Combien il est si facile de le laisser s'échapper, alors que sa fragilité même devrait pousser à tout faire pour le conserver. »
8. Alice Oseman, Heartstopper, tome 1 : Deux garçons. Une rencontre
Hachette Romans, traduit de l’anglais par Valérie Drouet, 272 pages, 15 €
Tous les tomes de cette saga de romans graphiques auraient pu apparaître dans cette sélection tant elle est appréciée par notre communauté, qui lui attribue l’excellente moyenne de 4,55 sur 5. Ce premier opus a d’ailleurs remporté le Prix Babelio en 2020 (dans la catégorie Jeune Adulte). Publié à l’origine sur le tumblr de l’autrice avant une première parution imprimée financée par une campagne Kickstarter, Heartstopper a ensuite connu un succès planétaire, renforcé en 2022 par son adaptation en série sur Netflix.
Quelle est donc la recette qui fait craquer le cœur de nos lecteurs et lectrices ? On nous parle de Charlie, harcelé après avoir annoncé son homosexualité, et de Nick, rugbyman dans l’équipe du lycée. On nous décrit leur amitié naissante qui évolue lentement, mais sûrement, vers d’autres sentiments. On nous recommande la douceur, la tendresse, l’optimisme qui se dégagent de cette histoire ; ses personnages solaires et touchants ; ou encore la simplicité de ses dessins qui nous renvoient à nos premiers émois amoureux. Pour autant, cela n’empêche pas Alice Oseman d’aborder des thématiques plus profondes comme l’orientation sexuelle, la discrimination ou encore le harcèlement scolaire.
Forte de son succès, la saga a encore de beaux jours devant elle : ses fans se réjouissent déjà de retrouver leurs héros préférés à l’écran (saison 2 annoncée pour l'été 2023) et dans un cinquième tome, à paraître en fin d’année.
LightandSmell adore se replonger dans cette bulle de tendresse : « Heartstopper est une très jolie BD centrée sur la relation entre deux garçons très différents l'un de l'autre, mais tous les deux fort attachants, qui vont nouer une belle et solide amitié, avant de développer de plus tendres sentiments. Emplie de douceur, de sourires, de joies simples, et de ces instants de vie qui marquent l'adolescence, voici une lecture doudou qui donne du baume au cœur. »
7. John Green et David Levithan, Will et Will
Gallimard Jeunesse, traduit de l'anglais par Nathalie Peronny, 372 pages, 7,80 €
Certes, ce roman s'intitule Will et Will et relate l'improbable rencontre entre deux homonymes, deux Will Grayson vivant à Chicago. Mais au fond, c'est l'ami d'un des deux Will Grayson qui a tout du personnage principal de cette histoire : Tiny Cooper. Géant, obèse et ouvertement homosexuel, Tiny n'est pas vraiment du genre discret. Son truc à lui, c'est plutôt d'être théâtral, omniprésent, voire dévorant. Mais toujours optimiste, assumant sans problème son surpoids et ses préférences sexuelles.
On découvre donc ces personnages à travers l'alternance des points de vue de Will 1 et Will 2, l'un étant plutôt banal, l'autre en pleine dépression, vivant seul avec sa mère. Le premier n'arrive pas à s'engager dans une relation amoureuse, le deuxième se sait gay et fou amoureux d'un certain Isaac. En se rencontrant, chacun va pouvoir évoluer et mieux comprendre son identité sexuelle, tout en regagnant espoir.
Ce livre à quatre mains, dont deux appartiennent au célèbre auteur de Nos étoiles contraires, aborde aussi bien le sujet de l'homosexualité masculine que de l'amitié, ou encore des affres de la dépression et du regard sur l'obésité. Un roman bourré d'humour, inventif et original, destiné aux ados mais aussi à tout adulte curieux.
Une très belle réussite pour Elphie, qui a lu ce livre d'une traite : « Will et Will c'est un roman sensible et émouvant sur l'homosexualité, les relations entre les adolescents, la recherche de soi, et surtout l'amitié. John Green et David Levithan savent de quoi ils parlent et ils en parlent très bien, sans tomber dans les stéréotypes ni la caricature. Les dialogues et les réflexions des personnages sonnent juste du début à la fin, les personnages sont si profonds, tellement "normaux" et crédibles et les relations entre eux tellement touchantes, qu'on regrette qu'ils n'existent pas réellement. »
6. Nine Gorman et Marie Alhinho, La nuit où les étoiles se sont éteintes
Albin Michel, 496 pages, 18,90 €
Ce roman a une histoire particulière : il est littéralement né sur la route, entre la Nouvelle-Orléans et Chicago. Les co-autrices se sont inspirées de ce voyage pour l’écrire, tout en proposant une expérience interactive à leurs lecteurs et lectrices sur les réseaux sociaux. À quatre mains donc, elles nous emportent dans un récit entre road-trip et retour sur le passé, une histoire d’amitié et de résilience.
C’est le dernier été avant le départ à l’université pour Finn et ses ami(e)s : les voilà ensemble sur la route afin de profiter des moments qui précèdent le grand saut dans leur vie d’adulte. En parallèle de ce périple, on découvre à travers des flash-backs le douloureux passé de Finn et son mal-être. Tel un baume au cœur, ce voyage aux côtés de Kenna, Kurt, Jaeger et Nate (surtout Nate…) va l’aider à se reconstruire et à reprendre goût à la vie. Chacun(e) va avoir son rôle à jouer et ce sont ces liens, très émouvants, qui font la grande force de ce roman.
Fait (semble-t-il) assez rare pour être souligné : nombreux sont les membres à avoir salué la présence des trigger warnings (ou messages d’avertissement) en début d’ouvrage, qui visent à alerter les futur(e)s lecteur(ice)s de passages qui pourraient heurter leur sensibilité.
Un coup de cœur qui a fait vibrer la lectrice L0vebooks : « Les mots me manquent pour dire à quel point ce roman m'a bouleversée. [...] L'histoire touche à des sujets qui peuvent être très sensibles pour certaines personnes et il faut s'y préparer, mais ce qui en ressort essentiellement c'est un message d'espoir et d'amour. »
5. Jul Maroh, Le bleu est une couleur chaude
Glénat, 160 pages, 17,50 €
Impossible de passer à côté de ce roman graphique adapté plus ou moins fidèlement au cinéma par Abdellatif Kechiche sous le titre La Vie d’Adèle. Dans ce roman graphique, on suit les différentes étapes de l’histoire d’amour entre Clémentine et une jeune femme un peu plus âgée, Emma, qui porte une très attirante chevelure bleue. Clémentine est perdue, ne sait pas où elle en est, ni de sa place dans le monde ni de sa sexualité dans un monde, justement, qui juge sévèrement les amours homosexuels. Attention, âmes sensibles s’abstenir : dans la plus pure tradition des histoires romantiques, on sait d’emblée que cette magnifique histoire sera tragique et que l’amour est si peu face à la haine.
Une terrible et belle histoire d’amour pour carre : « Quelle belle et triste histoire nous donne Jul Maroh avec textes et dessins en tout point magnifiques. Un hymne à la tolérance, à l'amour, celui avec un grand A, à la différence. La découverte de sa sexualité, son déni puis son acceptation sans tabou par une adolescente à la sensibilité si fragile, le regard des autres (réconfortant ou cruel). Tout cela Jul Maroh le décline avec force, sensualité, retenue, délicatesse. Une flèche en plein cœur, grand merci à vous Jul. »
4. Benjamin Alire Sáenz, Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers
PKJ, traduit de l’anglais par Hélène Zylberait, 448 pages, 8,30 €
Ari, qui n’apprécie pas son prénom Aristote, est un jeune Américain de 15 ans. Il vit avec sa famille, ses frères et sœurs et en tant que bon adolescent, il ne sort que quand sa mère le force. C’est à la piscine qu’il va faire la rencontre de Dante, un garçon en tous points son opposé : l’un est introverti et organisé, l’autre est optimiste et plus sûr de lui.
Cette rencontre inopinée va se transformer en réelle amitié entre eux. Tous deux à la recherche d’un sens pour leur vie face aux normes sociales, aux non-dits familiaux, à la construction du genre masculin. Une sorte de roman initiatique où l’on cherche comment s’affirmer quand on se sent différent.
Ichirin-No-Hana a eu un véritable coup de cœur : « Tout n'est pas rose dans ce roman et toute l'action et l'intrigue se déroulent avec une certaine lenteur. Ce qui fait, je le pense, l'atout principal de ce roman et qui peut expliquer que l'on est encore plus touché par le final. »
3. Adam Silvera, Et ils meurent tous les deux à la fin
Robert Laffont, traduit de l’anglais par Constance de Mascureau, 414 pages, 18,90 €
Que feriez-vous s’il ne vous restait que 24 heures à vivre ? Le jour final, celui qu’il redoutait tant est arrivé pour Mateo, 18 ans : Death-Cast l’a appelé, le compte à rebours commence. Il rejoint l’application Dernier Ami, réservé à tou(te)s les condamné(e)s, et y rencontre Rufus. Le courant passe, ils décident de passer leurs derniers instants ensemble.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la course aux sensations fortes. Rufus et Mateo vont apprendre à se connaître de manière accélérée certes, mais ils cherchent à profiter d’instants simples qui font aussi la beauté de la vie, tout en arpentant ensemble un chemin initiatique qui leur permettra de partir en paix avec eux-mêmes.
Tel un puzzle où chaque pièce qui s’imbrique nous rapproche de la scène finale, Adam Silvera nous livre les pensées de chaque membre de ce duo, mais aussi de leurs proches. Les lecteurs et lectrices se sont surpris(es) à espérer une fin heureuse alors même que le titre de ce roman ne laisse aucun doute sur son issue…
Une lecture bouleversante qui (re)donne une furieuse envie de vivre selon Ladroguerieecrite : « une lecture aussi poétique que bouleversante. [...] C'est le genre de lecture qui vous donne envie de vivre à fond, de ne pas oublier qu'il faut profiter, que chaque moment est unique, que rien n'est à gâcher. [...] C'est un livre qui donne des frissons, et qui en même temps nous fait rire aux éclats. Il n'y a pas de juste-milieu, c'est un pêle-mêle de plein d'histoires. »
2. Armistead Maupin, Chroniques de San Francisco, tome 1
10/18 (L’Olivier pour la dernière édition grand format), traduit de l'anglais par Tristan Duverne et Olivier Weber, 384 pages, 8,20 €
Bienvenue à Barbary Lane, dans la pension très libre d'Anna Madrigal, où elle souhaite la bienvenue aux nouveaux arrivants avec un joint de marijuana de sa propre production. C'est là que Mary-Ann débarque après avoir quitté son ennuyeuse région natale, attirée par les lumières de San Francisco. Elle va y faire la rencontre de ses colocataires Michael, Brian et Mona, une drôle de tribu qui souhaite simplement vivre sa vie comme elle l’entend, oscille entre les rêves et les désillusions dans une atmosphère prônant l’acceptation, la différence, et le sans-tabou. Le tout dans la Californie des années 1970.
A travers les 9 tomes de la série des Chroniques de San Francisco, dont les 4 premiers ont d'abord été publiés sous forme de feuilleton dans le San Francisco Chronicle de 1978 à 1984, Armistead Maupin aborde librement le sujet de l'homosexualité, encore largement tabou à l'époque. Un classique de la littérature gay (pour reprendre un terme d'époque), vendu à 6 millions d’exemplaires et adapté en bande dessinée par les éditions Steinkis, et à l’écran à plusieurs reprises dont la dernière, en 2019, sur Netflix.
Une très bonne découverte, toujours aussi actuelle, pour Cranberries : « Sincèrement, il y avait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi rapidement et avidement. [...] Je me suis totalement prise au jeu et j'ai adoré suivre les péripéties de Mary-Ann, Michael, Mona et Brian - les personnages principaux - mais j'ai également eu beaucoup de plaisir à suivre les personnages secondaires tels que DeDe, Beauchamp, Edgar et les autres. [...] Mais la cerise sur le gâteau en ce qui me concerne, c'est évidemment la sphère LGBTQIA+ qui gravite dans ce roman et plus largement dans cette saga. Pour l'époque de parution c'est très avant-gardiste, mais aujourd'hui encore c'est criant d'actualité. »
1. Madeline Miller, Le Chant d'Achille
Pocket (Rue Fromentin pour l'édition grand format), traduit de l’anglais par Christine Auch, 470 pages, 8,10 €
Vous connaissez sûrement L’Iliade d’Homère et ses moultes adaptations sur divers supports... mais il faut dire que Le Chant d’Achille de Madeline Miller sait se démarquer de ses semblables. En reprenant la théorie de l’historien Bernard Sergent, président de la Société de Mythologie française, qui fait de l’amitié entre Achille et Patrocle, une relation homosexuelle, Madeline Miller nous offre une réécriture de la guerre de Troie du point de vue de l’amant Patrocle. Aussi différents soient-ils, leur amour n’en est que plus sincère. Achille est un prince et demi-dieu, voué à un destin de héros. Patrocle, lui, est réservé et en exil. Humanisés et soumis à leurs émotions, ces deux amants sont pris dans une guerre tragique de la mythologie grecque.
Publié en 2011, Le Chant d’Achille reçoit dès l’année suivante le Women’s Prize for Fiction au Royaume-Uni et rencontre un nouveau public depuis son succès auprès des lecteurs du réseau social TikTok.
Ogrimoire a trouvé l’histoire captivante : « C'est incroyable comme ce roman respire la vie, l'amour, la guerre, la trahison et la culpabilité. Tous les ingrédients sont réunis ! L'auteure met en lumière - de façon brillante - la vie des femmes durant l'Antiquité, mais également la vie des guerriers. Toute la société antique est déroulée devant nous et nous entrons dans ce monde sans aucune difficulté… »
Et vous, avez-vous des romans LGBT+ à recommander ?