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3.73/5 (sur 148 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) : 1982
Biographie :

Douna Loup est née en Suisse, de parents marionnettistes. Elle passe son enfance et son adolescence dans la Drôme.

À dix-huit ans, son Baccalauréat Littéraire en poche, elle part pour six mois à Madagascar en tant que bénévole dans un orphelinat.

À son retour elle s'essaye à l'ethnologie, elle nettoie une banque suisse pendant trois mois, garde des enfants durant une année, écrit sa première nouvelle, puis devient mère, et étudie les plantes médicinales.

Après avoir vendu des tisanes sur les marchés et obtenu un certificat en Ethno-médecine, elle se consacre pleinement à l'écriture et à ses deux filles.

L’embrasure est son premier roman.

Source : http://www.culturactif.ch/ecrivains/loup.htm
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Bibliographie de Douna Loup   (12)Voir plus

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Vidéo de

avec Laure DES ACCORDS, auteure, Au bord du désert d'Atacama (Le Nouvel Attila), Douna LOUP, écrivaine, Boris, 1985 (Zoé), Maria POBLETE, autrice, La dictature nous avait jetés là (Actes Sud Junior), animé par Sonia DÉCHAMPS, éditrice, journaliste


Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
On existe différemment avec chaque être pense Esther, c’est ce qui est merveilleusement riche. Les lieux créés par la rencontre de deux êtres sont uniques et tous dissemblables.
(...) Avoir le choix ce n’est pas choisir le noir ou le blanc, c’est trouver une couleur en soi.
C’est créer le blanc qui nous correspond ou le noir qui nous répond. Le créer. Chaque fois différent. Le créer, ne rien accepter qui soit tout fait, tout préparé, tout prémâché. Notre devoir est de recréer notre vie, si l’on veut qu’elle soit nôtre. Il nous faut la mâcher. p 199
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La forêt est grande, profonde, vibrante, vivante et vivifiante. Elle est quelque chose comme une femme qui voudrait l'homme sans lui dire. Quelque chose qui dit oui sous la robe mais qui s'est perdu dans la bouche, qui devient tendre dans l'humus et vous jette des ronces au visage. La forêt est comme ça, ici. Le sauvage sait y faire. L'attirance qu'elle éprouve à se faire explorer, elle la garde au-dedans, de la sève en puissance qui coule sous la terre, qui monte comme une odeur et vous emballe sur-le-champ. Même le ciel, au-dessus, ne reste pas indifférent. Qu'elle soit froissée après la pluie, comme les femmes qui préfèrent se doucher avant, qu'elle soit bouillante de soleil, comme celles qui brûlent après la porte d'entrée, la forêt ici, elle ne laisse personne sortir indemne.
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Vohirana est une cousine lointaine, une cousine même pas de sang, une cousine d’un été seulement. Un nom, un village. Leurs mères s’y retrouvaient. Leurs mères étaient des amies proches.
(...) Assise sur le sofa dans la chambre d’hôtel, Esther regarde Vohirana et Vohirana regarde Esther, elles devraient se gêner, baisser les yeux, fuir, abandonner ce dévisagement mais elles se tiennent l’une l’autre à ce regard et préfèrent aux bruits le silence des yeux.
(…) Esther dit à Vohirana je vais te montrer ma Tana, ruelle rouge, place d’ombre sous les manguiers, noir charbon des cahutes de toile, horizon de rizières, le palais de la reine, les églises, et lorsqu’elles sont bien fatiguées elles s’assoient sur un mur.
Elles essayent de sonder ensemble le présent palpable mais échappant, il est ses toits rouges sur les collines, il est cette ville-masse de rues et de verdure, cette ville éparse et ses couleurs splendides, elles s’y mirent, elles sont proches, leurs bras se touchent.
p 92-93
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J’imagine le repos qu’il trouvait dans cette pratique, le repos de ne plus être juif lorsqu’il est assis sous le chêne, de ne plus être russe sur son radeau solitaire, de ne plus être un homme, de ne plus être qu’un souffle libre, doux, dans la tendresse brute de la vie qui l’entoure de toute sa masse. Montagnes du Pérou. Torrents de l’Alaska. Lacs du Yukon. Forêt, cailloux sans noms, bêtes inconnues, baies étrangères, champignons autochtones. Boris avance dans cette assemblée qui l’accueille sans demande de passeport, sans débat de religion, il dort où bon lui semble, rêve sous la neige, marche dans l’eau, la boue, les pierres et se trouve
en cette communauté première comme en son grand chez lui. p. 111
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Je m'approche, je vois qu'elle a les yeux fermés, j'aimerais la toucher mais je ne peux pas, sa respiration fait comme une brise profonde sous ses omoplates. Je n'ai même plus envie de la prendre ou de la serrer, juste la regarder me met dans une paix formidable et je m'aperçois que je n'ai jamais vu quelqu'un dormir. J'ai vu de femmes abandonnée un moment après l'étreinte, j'ai vu des morts, j'ai vu des bébés dans leurs poussettes, mais je n'ai jamais vu une femme dormir. En plus, dans mon lit. je la regarde longtemps puis je vais me doucher. J'enfile un caleçon, je me glisse à côté d'elle sans toucher sa peau; endormie, elle me fait un peu peur.
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Epigraphe
Sans choisir les mots figurent. Petits projectiles qui remuent dans les plis de la tête, qui échappent à la mort du dire, colliers de sons sans protection qui volent à la limite du vide. Les hommes les regardent et leur parlent des sources, des plantes, des fruits, des animaux, des doigts qui attrapent la robe, d’une main douce sur les jambes, des lèvres qui se caressent, des enfants qui poussent comme les ramures, des cailloux à surmonter et qui s’amoncellent sur le palier, de la force des rats qui trônent, des veilles devant les petits qui roulent la tête, le front ceint de lances, des efforts pour tenir debout.
Isabelle Sbrissa
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Ce même matin de janvier 1923 les pluies lavent Tana, la ville coule, bave il y a de la boue à Andravoahangy, du charbon flotte dans un seau, il y a un ruisseau sur les escaliers, des fleurs de bougainvillier en petits bateaux, il y a de l’eau qui tombe, on la voit sur nos têtes, nos ombrelles, nos toits, nos têtes, nos marchés, nos maisons, nos églises, il y a de l’eau qui teinte la ville de terre rouge et qui vient remplir le ventre en attente des rizières, le ventre carré et piqué de riz des rizières, les germes verts des rizières s’agitent, la pluie gave, remplit, pénètre, coule sur nos têtes, la pluie mord comme une bouche douce, une bouche douce qui embrasse toutes et tous, personne ce matin de janvier ne peut échapper à la pluie, les quelques chiens de la capitale aboient, un enfant sort sous la flotte il fait flotter un petit bâton, Esther traverse la rue pour atteindre la rive, le trottoir d’en face. Esther monte dans son bureau, ses cheveux sont mouillés, ses yeux brillent, elle est sortie d’un sommeil liquide pour rejoindre des rues liquides, il lui faut rassembler les flux, se mettre en ordre pour commencer. Le travail.
Mais elle rêve. p 126
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La nuit.
Je rêve et je mens à mes jambes je cours et je vole et je marche sur les toits de New York. J’entends le subway qui file et je donne la main à un oiseau, un violoncelliste donne un concerto dans un centre commercial et je me souviens du regard de Maria, je pars dans son pays bientôt et son regard fait comme un pont entre ce continent lointain qui nous attend et moi, la nuit à New York j’ai envie de sortir mais la nuit à New York en février il fait très froid, nous commandons un repas indien, nous revenons gelées dans notre deux-pièces du cinquième étage de la 9ème Avenue, nous dormons, nous rêvons de landes et je pense à ce projet fou, je suis heureuse d’être là et de ce que cette poursuite d’un autre vivant me fait découvrir de moi-même et du monde.
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Ca ne passe pas, tu ne peux rien faire, le jeune homme repart lent et seul. Ses joues sont toujours rasées de près, tu te dis: il sera mieux sans moi. Et moi, je serai peut-être mieux un jour.
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En 1954, Paul Schaefer crée une secte en Rhénanie, c’est un prédicateur évangélique, et dans sa maison d’accueil pour jeunes orphelins, il viole de nombreux garçons. Accusé à plusieurs reprises, il fuit l’Allemagne, le Chili l’accueille à bras ouverts et il y achète en 1961 un domaine isolé de 3 000 hectares à 350 km au sud de Santiago pour créer sa Colonia Dignidad. Colonie de la Dignité !
Officiellement elle fait œuvre de bienfaisance. Ayant pour but d’accueillir, éduquer et soigner les nécessiteux. Il obtiendra ainsi beaucoup de privilèges (exemption de frais de douanes, d’impôts, aucun contrôle administratif). Schaefer bénéficie d’une totale liberté pour créer cette enclave allemande où il règne en maître absolu. L’Allemagne
ne s’en inquiète pas, décrétant par l’entremise de son ambassade que c’est au Chili de régler ce qui se passe sur son territoire. p. 72
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