Découvrez le nouveau titre de Sylvie Baron, Deux justicières paru le 1er septembre 2022.
Deux jeunes filles de 17 ans renversées par un chauffard qui prend la fuite. Et s'il ne s'agissait pas d'un accident mais bien d'un meurtre ?
[...] le Cercle des derniers libraires. Ce nom lui était venu spontanément à l'esprit. "Derniers" parce qu'ils étaient bien les survivants d'une profession rongée par les technologies et l'indifférence du consommateur; "cercle" en référence au cercle de famille, uni et fort, parce qu'ils avaient un besoin urgent de se tenir la main pour gagner leur combat. Ce mot lui faisait aussi penser à une terre aride illuminée par un rond d'herbes vertes et drues, un cercle de fraîcheur comme une trace de ronde de fées ou de sorcières. Un peu de magie ne pouvait pas leur faire de mal.
- chap III - p. 49 -
Trop jeune ... Trop rousse aussi. Il n'avait rien de particulier à reprocher à cette couleur de cheveux sauf qu'elle attirait immédiatement l'attention. Un jardinier ne devait pas être plus coloré que ses légumes ! Ce n'était pas correct, pas sérieux.
D'autant plus que cette nuance allait de pair avec la vivacité de la Jeune femme.
- Tu dresses un tableau bien noir. Des difficultés, il y en a toujours eu dans le métier.
- Pour sûr ! Tu as raison, rien que pendant la guerre, tiens! Les femmes se sont retrouvées toutes seules pour faire tourner les fermes. Imagine un peu entre l'angoisse de ne pas revoir son homme vivant, les responsabilités, l'ampleur du boulot, les réquisitions et tout le bazar... Pourtant, je donnerais ma main à couper que ce n'était pas aussi grave qu'aujourd'hui. Vois-tu, l'isolement est plus intense, les voisins plus rares, moins serviables, le monde plus agressif.
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"Elle s'était tellement repliée surelle-même depuis le décès de Kathleen qu'elle n'avait plus vraiment d'amis. Lui non plus d'ailleurs, ce drame leur avait montré combien l'amitié était précaire, impossible réellement d'en parler, les gens, même les mieux intentionnés, les fuyaient comme la poisse. Il avait bien compris que, si on voulait rester dans la course,le seul moyen était de continuer comme avant, de faire comme si rien ne s'était vraiment passé. "
Comme dit justement Agatha Christie dans L'Homme au complet marron : " La vie est bien difficile. Les hommes ne sont pas gentils avec vous si vous n'êtes pas jolie et les femmes ne sont pas gentilles avec vous si vous l'êtes."
Le Cantal détenait le secret des ciels étoilés ,
lumineux et profonds ,
des coulées de lune sensuelles ,
des nuits claires et transparentes comme le cristal .
[...]
elle avait vu des crépitements d'étoiles ,
des reflets de lune argentés sur les montagnes ,
accompagnés du gémissement des sauvagines ,
du brame des cerfs ,
des hululements de la chouette
et ,
toujours au loin ,
immuable ,
infatigable ,
la plainte sourde du torrent .
En apprendre sur les autres, c'est aussi les comprendre.
..., le petit garçon buvait avec solennité les paroles du bûcheron.
- Aimer les arbres, c'est devenir arbre. Chaque arbre est différent. Il y a les grands qui s'y croient, les petits fragiles , les orgueilleux, les costauds, les magnifiques. C'est important de les connaître pour pouvoir leur parler. Regarde, tu as ramassé une feuille de charme. C'est le cousin du hêtre. Sa feuille est ronde et duveteuse, alors que celle du charme est dentelée, toute lisse. Il ne faut pas les confondre. C'est facile. Tu t'en souviendras, grâce à cette formule magique : «Le charme d'Adam est d'être à poil!» - 112
- Écoute la chanson des arbres. C'est toi qui m'as appris qu'ils parlaient. Les Yeux fermés, maintenant, je reconnais leur langage. Tu te rappelles? Les hêtres murmurent, les châtaigniers fredonnent, les chênes commandent, les épicéas argumentent en finesse, les douglas pérorent d'un air hautain, les mélèzes ironisent et les sapins rêvent. Je voulais toujours être un sapin. - 195
« Savoir que l'humain contemple le même cosmos depuis son avènement nous donne la mesure de notre précarité et de notre grandeur. »
«Ces outils qui devaient être nos serviteurs sont devenus nos maîtres, eux qui devaient nous libérer nous asservissent complètement. »
(Pierre Rabhi) - 182
Même Victor Hugo l'a dit : «Le boeuf d'Aubrac a le torse rond et trapu,les jambes courtes, le pelage fauve.» Il l'a écrit dans 'Les Travailleurs de la mer", tu peux vérifier. C'est une race magnifique. Qu'est-ce que les marchands de bestiaux viennent nous embêter à essayer de nous fourguer des limousines ou des blancs bleus qui viennent de Belgique? Pour le profit, il n'y a plus que ça qui compte aujourd'hui, le profit. Situ veux mon avis, la planète est malade du profit? - 176
- Garder les services publics, c’est garder les gens. Comment veux-tu sinon endiguer la baisse des populations ? On en crève. C’est un combat crucial, fermer cette gare, c’est fermer demain l’école ou l’hôpital. Il faut bien se dire que tout ça marche ensemble.
…
Sauf qu’ici, l’indifférence n’était pas de mise. Ils devenaient tous solidaires parce que ça touchait leur pays, leur ville, leurs racines, leur quotidien, leur avenir aussi. Au fond de lui, l’humaniste restait impressionné de découvrir ces gens apparentés par le même destin qui dépassaient brusquement leur individualisme naturel en unissant leurs forces. Une espèce de fraternité spontanée parce qu’un des leurs était touché. C’était beau. 80