Corinna Gepner - "
Vers l'abîme" de
Erich Kästner .
Corinna Gepner vous présente l'ouvrage "
Vers l'abîme" écrit par
Erich Kästner, paru aux éditions
Anne Carrière. Rentrée littéraire janvier 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/kastner-erich-vers-abime-9782843377600.html Notes de Musique : Night on the Dock - Sax. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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Et en l'an 1933 mes livres furent brûlés en grande pompe funèbre sur la place de Berlin près de l'opéra, par un certain monsieur Goebbels . Le nom de 24 écrivains allemands , qui devaient être à jamais symboliquement effacés , furent par lui triomphalement proclamés . J'étais le seul des 24 qui me fus personnellement déplacé pour assister à cette mise en scène éhontée . Je me trouvais près de l'université , coincé entre des étudiants en uniforme de SA , la fleur de la nation , et là , je vis nos ouvrages s'envoler vers les flammes étincelantes et j'entendis des tirades prétentieuses du nabot hypocrite et menteur . Un temps d'enterrement régnait sur la ville .
La tête brisée d'un buste de Magnus Hirschfeld avait été fichée sur une longue perche qui se balançait de droite et de gauche dans les airs , au-dessus de la foule muette . C'était écœurant . Soudain , une voix de femme retentit : " Mais c'est kästner ! , il est là ! " c'était une jeune artiste de cabaret qui en se faufilant dans la foule avec un collègue et en m'apercevant là , n'avait pu retenir cette expression de surprise . Je me sentis extrêmement mal à l'aise ; mais il ne se passa rien ( et pourtant à cette époque , il s'en passait des choses ) . Les livres continuaient à voler vers les flammes . Les tirades du nabot hypocrite et menteur résonnaient toujours . Et les visages de la garde brune des étudiants , avec leur jugulaire sous le menton , ne s'étaient pas détournés . Ils regardaient toujours en direction des flammes et du petit démon gesticulant et psalmodiant . Au cours des années suivantes , je ne vis plus mes livres en public , que les rares fois où je me trouvais à l'étranger . A Copenhague , à Zurich , à Londres . C'est un sentiment extraordinaire que d'être un auteur interdit et de ne plus voir ses livres sur les étagères des bibliothèques où dans les vitrines des librairies . dans aucunes villes de mon pays natal . Pas même dans la ville où j'étais né . Pas même à Noël , lorsque les allemands courent les rues enneigées à la recherche de cadeaux .
Il sait combien le chagrin peut peser sur un cœur d'enfant. Il a lui-même été enfant autrefois, et il n'a pas fait comme la plupart des gens, qui oublient.
"La soif de pouvoir et la cupidité sont sœurs, mais elles et moi ne sommes pas apparentés ";
Au fait, connaissez-vous Bühl-au-Lac? La petite station montagnarde de Bühl-au-Lac? Non? Sûr que non? Formidable! Demandez à droite, demandez à gauche : tout le monde ignore Bühl-au-Lac. A croire que Bühl-au-Lac (sur le lac de Bühl) est un de ces patelins que connaissent exclusivement ceux à qui l'on ne demande rien.
Ils n'aperçurent pas de cotre, mais ils découvrirent quelque chose de bien plus remarquable : une jetée d'acier, large de deux mètres, s'avançait dans la mer et semblait aussi interminable que l'océan lui-même. Elle ressemblait à une ruelle qui aurait traversé la mer, ou à un faisceau de rayons de lune qui se serait reflété, la nuit, dans l'eau.
Une femme seule se trouvait sur cette jetée, non loin de la rive, et elle frottait l'acier avec un balai-brosse.
- Que faites-vous là ? questionna l'oncle.
- Je récure l'équateur, répondit la femme.
- Quoi ? C'est ça, l'équateur ? s'écria Konrad d'un air incrédule en désignant la ligne d'acier.
- Et pourquoi récurez-vous ce machin-là ? demanda le cheval.
- Nous venons d'avoir trois jours de mousson, expliqua la femme qui nettoyait. Les vagues étaient hautes, comme des maisons, et ce matin, l'équateur était tout rouillé. Il faut donc que je le nettoie, maintenant. Il pourrait éclater si la rouille le rongeait, et la Terre se briserait.
- Le mieux serait de le passer au minium votre équateur pourri, conseilla le cheval. Et il ne pourra plus jamais rouiller.
- Il faut bien qu'il rouille un petit peu, répliqua la femme, ou je vais perdre mon emploi.
- Alors veuillez m'excuser, reprit le quadrupède. Je ne voulais pas vous faire de peine.
- Oh ! ce n'est pas grave, dit humblement la femme. Et elle continua à récurer le chemin d'acier.
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Je comprends d'ailleurs qu'on fasse un peu de course pour se maintenir en forme, mais je trouve parfaitement idiot qu'on se mette à courir comme un dératé à travers la campagne en espérant finir la course avec un centième de seconde de moins qu'un autre. Cela ne sert qu'à vous rendre malade au lieu de vous conserver en bonne santé.
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Quand Shirley Temple n’était qu’une petite fille de sept à huit ans, c’était déjà une star de réputation mondiale, et les producteurs cinématographiques gagnaient avec elle des millions de dollars. Mais quand Shirley voulait aller au cinéma avec sa mère pour voir un de ses propres films, on ne la laissait pas entrer. Elle était trop jeune. C’était défendu. Elle n’avait que le droit de tourner. Ça, c’était permis. Pour ça, elle avait l’âge.
C'était dans la logique de cette soirée. La première méprise ne devait pas être la dernière. (Les véritables méprisent se reproduisent par scissiparité. Le noyau de l'erreur se fend, et de nouvelles méprises naissent.)
Il y avait sur le tronc de l'arbre un distributeur automatique muni de poignées et d’inscriptions. On pouvait y lire :
- Tirer une fois la poignée gauche : 1 pomme pelée et coupée en quartiers.
- Tirer deux fois la poignée gauche : 1 portion de compote.
- Tirer une fois la poignée droite : 1 tarte aux prunes à la crème chantilly.
"Dis-moi, Rési? Maintenant que papa et maman sont tous les deux avec nous, est-ce que Louise et moi on pourra avoir encore des petits frères?
- Parbleu! assure Rési. Vous voudriez donc en avoir?
- Bien sûr! répond énergiquement Louise.
- Des petits frères ou des petites sœurs", dit Lotte.
Dans un grand cri du cœur, Louise s'exclame :
"Mais rien que des jumeaux! Rien que des jumelles!"