Dans cet épisode de «L'Intention», nous recevons Julie Héraclès, autrice de «Vous ne connaissez rien de moi» (JC Lattès). Inspirée par la photographie de la Tondue de Chartres, immortalisée le 16 août 1944 par Robert Capa, elle interroge l'Histoire et ses replis en passant par le biais de la fiction.
Dans ce podcast, Julie Héraclès nous raconte les conditions dans lesquelles elle a écrit ce premier roman, et partage les interrogations et les ajustements auxquels elle a dû se confronter.
Concept éditorial: Hachette Digital en collaboration avec Lauren Malka
Voix et interview: Laetitia Joubert et Shannon Humbert
Écriture: Lauren Malka
Montage, musique originale: Maképrod
Conception graphique: Lola Taunay
Photo auteur: Patrice Normand
Extrait musical : «Parlez-moi d'amour» chanté par Lucienne Boyer. Chanson de Jean Lenoir, 10 Avril 1930.
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Ce qu’il a secoué, bouleversé, c’est l’acte photographique. En libérant ses amis de Magnum de la tyrannie des grands magazines ou des agences qui jusqu’alors disposaient à la fois du temps des reporters et de leurs trésors, négatifs, Capa a inventé une nouvelle pratique de la chasse aux images.
Au début de 1954, Robert Capa a confié à Marc Riboud qu’il voyait dans le développement de la télévision un risque pour le photojournalisme. Ce risque a été couru. Il a été surmonté. Mais il implique recherches et reconversions.
Si la suprématie de la télévision réoriente le métier des photographes, c’est dans le sens de la conquête de la durée. Comme leurs confrères de l’information écrite, peut-être tendront-ils à se dégager davantage de l’instant pour s’attacher davantage la permanence. À la séquence. À l’histoire, en ce qu’elle est déroulement, en ce qu’elle est réorganisations du monde en même temps que lutte contre l’oubli.
Capa et Magnum, ont, en ce domaine, comment beaucoup d’autres, montré la voie : vers la photo–histoire.
(fin de l’introduction de Jean Lacouture)
La guerre est une actrice vieillissante : toujours plus dangereuse, toujours moins photogénique.
Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près.
En décembre 1938, Capa avait vingt-cinq ans et il venait de passer deux ans en Chine et en Espagne comme reporter de guerre. Le magazine anglais Picture Post présentait alors sur onze pages un choix de ses dernières photos et le faisait précéder d’un portrait en pleine page de l’auteur lui-même, sous lequel courait en légende : « Le plus grand photographe de guerre du monde : Robert Capa ».
Une petite fille est couchée sur quelques sacs. C'est une jolie petite fille, mais elle doit être bien fatiguée pour ne pas jouer avec les autres enfants. Elle bouge à peine; seuls ses grands yeux noirs suivent tous mes mouvements.
Il n'est pas facile de rester à l'écart, incapable de faire quoi que ce soit si ce n'est enregistrer les souffrances qui vous entourent.
Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près.
Robert Capa
Robert Capa commença de se consacrer à la photographie au début des années 30 et, qu'il en ait ou non conscience, les conflits et les tensions en Europe au cours de cette décennie déterminèrent sa carrière de photographe et de journaliste. Son amour des hommes, sa vive compréhension et sa sympathie pour la souffrance de l'individu l'empêchèrent d'ignorer les événements politique qui affectaient l'existence de ceux qu'il côtoyait.
Il n'est pas facile de rester toujours à l'écart, incapable de faire quoi que ce soit si ce n'est enregistrer les souffrances qui vous entourent.
Ce n'est pas toujours facile de rester en marge, de ne rien pouvoir faire si ce n'est témoigner de la souffrance autour de soi.