À l'occasion de la 39ème édition du festival de Montreuil, Gwenael David vous présente sa collection "Sur les traces" aux éditions Hélium.
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Note de musique : © mollat
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Elles se hissent piteusement puis se blottissent sous les serviettes. Leurs premiers regards sont encore absents, démunis et lointains, comme si elles avaient perdu quelque chose sous la surface. Mais c'est tout le contraire, elles ont gagné quelque chose, et ce quelque chose pousse sous la chaleur des serviettes. Et ce quelque chose trouve bientôt les mots pour se dire, ou tout au moins essayer de s'exprimer. La lumière regonfle les yeux, les sourires, les mains se tapent et les mots coulent enfin, libérés comme après la rupture d'un barrage.
Ils sont sur une crête, et la falaise ouvre l'espace. Les humains qui jusque-là n'avaient circulé qu'à l'intérieur de la forêt, dans ses galeries et dans ses veines, la surplombent à présent. Et c'est un spectacle merveilleux que d'être ainsi au-dessus des cimes... La gigantesque créature végétale se livre, depuis cet incroyable point de vue, uniforme et diverse à la fois. La canopée n'est que feuilles mais chaque essence possède une forme, une couleur, une densité qui lui sont propres. C'est un patchwork aux mille nuances. C'est aussi le règne du son : des cris résonnent, trahissant l'agitation au sommet des arbres. Les oiseaux s'envolent puis se reposent en nuées bruyantes. Un rapace fend le ciel, sans un battement d'ailes. Des calaos filent à ras de frondaisons. Cercopithèques et colobes, parmi tant d'autres, hurlent et se chicanent. Invisibles, ils sont audibles !
Son annonce secoue l'équipe : ils entrent dans un secteur où l'on a vu le chimpanzé. Il y a eu la rencontre avec le pays, puis la forêt, et maintenant cet endroit foulé il y a peu par le primate. Tous sont sur leurs gardes, concentrés comme jamais sur les bruits, sur les formes. Il n'est assurément plus là mais peu importe, huit pupilles scannent les troncs, les recoins sombres et les branches bizarres à sa recherche. Huit oreilles écoutent la mélodie forestière, essaient d'en démêler les différents sons. Huit pieds avancent silencieusement sur le sentier. Quatre corps se sont ouverts à la forêt. Quatre humains recherchent un chimpanzé ; quatre hominidés en recherchent un cinquième.
Nosy hèle Rima et modifie la trajectoire. Dix minutes plus tard, une trentaine de dauphins escortent le bateau. Leur compagnonnage joyeux et tumultueux fait décoller les quatre humains et les emporte loin de la pirogue, du canal, des vacances et de la crainte du courant, des parents, de l'îlet, de l'heure du repas qui approche et du temps qui passe... Il les emporte au cœur du monde, et, l'espace de quelques minutes, les aventuriers aussi sont des dauphins. Un cétacé bondit hors de l'eau et retombe à trois mètres d'eux dans un fracas d'écume. D'autres l'imitent et les navigateurs applaudissent. La joie de ce moment est si intense que leurs bouches s'entrouvrent pour laisser sortir ce que le corps ne peut encaisser, sous peine d'exploser. Puis le groupe de cétacés s'éloigne d'un coup et vire au large. Disparus aussi soudainement qu'apparus, les dauphins laissent les marins hébétés.
Sur cette carte-ci, on voit bien que juste derrière l’îlet, il n’y a pas de barrière de corail. Comme si l’îlet était la barrière. Et il y a un dessin de marlin, un peu plus bas. Genre gros poisson pélagique.
Depuis quelques jours, Rafael le chat des pampas est inquiet. C'est un discret félin, si discret que certains se demandent s'il existe vraiment. Ceux qui l'ont rencontré en sont encore troublés. C'est en pleine nuit que Rafael surgit, au détour d'un amas de roches. Juché sur des coussinets silencieux, il se signale généralement par un petit bruit involontaire, crac d'un bâton ou bruissement du feuillage. Il apparaît tel un spectre, lorsque la lune blanche et ronde allume les inflorescences des herbes de la pampa. Seul le voyageur solitaire peut espérer le rencontrer, le chat est poli, bienveillant et toujours attentionné. Il fait partie des mystères de la grande plaine et ceux qui lui ont parlé un soir de pleine lune en gardent un souvenir ému et profond. Ceux qui ne l'ont pas rencontré le craignent comme l'on craint un fantôme.
Nous savions tous qu’il y avait grand péril et profonde injustice envers les autres êtres vivants de cette planète, nous en étions presque tous conscients, inquiets, tristes ou abattus, tandis que les puissants achevaient tranquillement de détruire ce qu’il restait, plus que jamais à leurs profits. Kid en parlerait mieux, elle qui n’a eu de cesse de rappeler à tous que chaque être vivant a sa place ici, et que c’est le droit fondamental des occupants de la Terre.
Pour la première fois, des espèces animales du monde entier seront réunies pour envisager un partage de la planète. Pour envisager l'idée d'un partage serait plus juste, mais c'est déjà un grand pas.
Tu persistes ? Soit. Sache que personne ne veut de toi, qu'aucune espèce n'a besoin de ta colère, ni de ta pitié, ni de tes drôles de pensées. Tu es fâchée des actes de ton espèce, O.K., vois ça avec elle, contente-toi de faire de ton mieux pour nous laisser de la place, en surface, agis ou défends-nous lorsque tu peux, à ton niveau, ça sera déjà très bien, et dis à ton gros patapouf de cerveau d'arrêter de tourner à vide, humaine !
Le capitaine, stupéfait, ouvrit de grands yeux devant l'incroyable forme qui se rapprochait du navire... "Mille méduses !" hoqueta-t-il.