LivresHebdo et Agnès Marot vous donnent trois bonnes raisons de lire les nouvelles aventures de Mila et Bulle !
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Je grimace devant le miroir, savourant quelques secondes la certitude que personne ne me regarde faire. Une interface s'y allume sans que j'aie rien demandé.
- Profil utilisateur inconnu, lance une voix désincarnée.
Des cercles et des traits apparaissent sur le reflet de mon visage, s'ajustent en quelques secondes, et la voix me demande si je souhaite zoomer sur mes défauts ou suivre des tutoriels pour les masquer. Je fronce les sourcils, m'attirant une réprimande du miroir qui m'explique que je creuse ainsi des rides disgracieuses.
- Je t'emmerde !
Je sais qu'une histoire qui s'éteint, ce sont des vies entières qui sombrent dans l'oubli et disparaissent une seconde fois. Je sais que ça vaut la peine de se battre pour elles.
_ Ce n'est pas aussi bon qu'avant, déplore-t-elle.
Il manque... quelque chose. Cette petite dose de magie qui, l'espace d'une bouchée, vous rend le plus heureux du monde, et tant pis si tout explose autour de vous. Elle s'y attendait bien sûr : depuis qu'il n'y a plus de Fleur-de-Sucre tout le monde ne parle que de ça.
Faire lire les autres, cela avait toujours été sa façon à elle de comprendre les gens. Leur associer des lectures, comme des souvenirs d'anciennes vies vécues, les partager et savoir ce qu'ils en avaient retiré. Cela en disait bien plus long sur qui ils étaient vraiment qu'une banale conversation devant la boîte aux lettres. Par jeu, elle se prit à rechercher dans sa bibliothèque un roman qui plairait à son voleur - hésita un moment, finit par opter pour Tant que nous sommes vivants d'Anne-Laure Bondoux, un récit de vies et de révélations intérieures qui l'avait profondément touchée.
Ma Plume des îles, rappelle-toi toujours que c’est fourbe, une licorne, disait-elle. Tu pourrais bien te retrouver avec les cheveux pleins de paillettes arc-en-ciel avant d’avoir dit « ouf ».
Flippant !
Ma Plume des îles, rappelle-toi toujours que c'est fourbe, une licorne, disait-elle. Tu pourrais bien te retrouver avec les cheveux pleins de paillettes arc-en-ciel avant d'avoir dit «ouf ».
Flippant !
Ce n'est pas que je n'aime pas les gens : c'est juste qu'ils m'épuisent. Toutes ces normes sociales à respecter... ça m'ennuie profondément. Voilà peut-être ce que j'apprécie dans nos échanges : nous pouvons aller directement au coeur des choses, sans avoir à nous coltiner ces « bonjour, ça va ? » dont personne n'écoute jamais la réponse, ces sourires qui ne montent pas jusqu'aux yeux, ces tenues trop courtes ou trop longues ou pas assez élégantes, ces mille détails auxquels je ne prête jamais attention, mais qu'il est de bon ton de remarquer - quelques kilos perdus, de nouvelles boucles d'oreilles, une coupe de cheveux, un anniversaire ou une autre date importante à retenir.
Ce qui m'importe, à moi, c'est de connaître les rêves profonds, les convictions politiques, les élans amoureux, toutes les sources d'émotion pure qui les traversent, pour les comprendre vraiment.
Le reste... ça me passe au-dessus.
Notre truc à nous, c’est les ombres. Oui, vous savez, le machin qui vous colle aux basques là, toujours accroché à vous, parfois devant, parfois derrière, parfois tout petit ou immensément long, qui a l’agaçante habitude d’imiter exactement tout ce que vous faites… Vous vous entêtez à l’oublier et pourtant elle est là, infatigable, à vous suivre comme un chien fidèle. À moins que je sois dans les parages. Ce n’est pas tout à fait comme si je vous la volais. Disons que, dans les faits, ça y ressemble beaucoup : vous l’aviez, je passe dans le coin, et vous ne l’avez plus.
- The show must go on, murmuré-je entre mes lèvres pincées.
C’était un message, une image d’eux peut-être, ou en tout cas la confirmation qu’elle n’avais pas tout imaginé : une relation était bien en train de naître dans sa boîte aux lettres.