Dans le cadre des conférences ECHO organisées par Cap Sciences, Marc-André Selosse vous présente son ouvrage "Nature et préjugés : convier l'humanité dans l'histoire naturelle" aux éditions Actes Sud. Entretien avec Raphaël Dupin
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N’hésitons pas à le dire : cette prise de conscience est dans la lignée des grandes révolutions scientifiques. Copernic nous a appris que la Terre n’est pas le centre de l’univers, Darwin et l’évolution nous ont appris que nous ne sommes pas le centre du monde vivant, Freud se plaçait lui-même dans cette lignée de révolution en découvrant que nous ne sommes pas les maîtres de nous-mêmes. Cette longue tendance qui nous prive de plus en plus d’une place privilégier dans le monde se poursuit avec l’émergence actuelle de notre contexture microbienne ; elle fait de nous (et des organismes que nous voyons) l’écume visible d’un monde microbien structurant et omniprésent. – p.38
Les champignons liés aux racines des pins appartiennent à des groupes très communs dans nos forêts, et bien visibles en surface à l’automne par des structures massives parfois comestibles : lactaires, russules, amanites, tricholomes, cèpes, girolles, pieds-de-mouton, trompettes des morts, etc. – p.30
Le généticien des populations britannique John Haldane (1892-1964), à qui on avait demandé ce que ses travaux lui avaient appris sur Dieu, répondait en boutade : « S’il existe, il a un penchant excessif pour les coléoptères. » - p.151
"...les propriétés des tannins, qu’on appelle aussi polyphénols dans d’autres domaines, les ont glissés en toutes choses : comme on le découvrira au cours des pages qui suivent, leurs manifestations et leurs influences sont multiples, quotidiennes et même banales. Ce livre parle du monde qui nous entoure et d’observations que nul n’ignore, où les tannins sont actifs sans que nous le réalisions. Dans les chapitres qui suivent, toutes ces manifestations seront expliquées par un tout petit nombre de propriétés chimiques des tannins"
Il m’a fallu du temps pour m’interroger sur ce qu’est le sol, car mes propres études universitaires ne furent guère disertes sur ce sujet : vague cadre de vie de la racine, milieu riche en microbes, site du recyclage de la matière organique… Mais en rien un objet digne d’étude à part entière. Les enseignements universitaires sur le sol étaient alors souvent stéréotypés, peu appliqués et… pas toujours très clairs : une collection de banalités convenues. C’est donc peu de mon cursus initial que provient ma prise de conscience. Alors que les forestiers et les agronomes donnaient plus d’importance au sol, car la production végétale lui doit tout, à l’université, comme à Normale sup où j’étudiais, cela paraissait assez technique et peu important. C’est mon cheminement ultérieur qui a été la source de ma découverte du sol.
Le chef-d'œuvre quotidien de la vie animale et de la vie végétale est cousu de microbes symbiotiques en chaque instant, en chaque organe, en chaque fonction. Ainsi, moi-même et tous ceux qui m'entourent sommes-nous construits comme des émanations de l'invisible qui est en nous, toujours et partout, en vertu de quoi nous ne sommes jamais seuls.
Nos vies sont un complot du minime, où le visible est l'écume des interactions microbiennes.
Les interdépendances et les interrelations avec les microbes qui nous peuplent offrent de nouveaux horizons à explorer pour la gestion des milieux et des ressources, de la santé et de l'alimentation.
Tous les grands organismes ,plantes et animaux ,cachent une forêt de microbes au pouvoir desquels ils ne sont que des marionnettes.
[...] le plus grand organisme vivant connu est un armillaire d'une forêt de l'Oregon. Il couvre une surface de 965 hectares (soit 1 350 terrains de foot) et son âge est estimé entre 1 900 et 8 700 ans. On évalue son poids entre 7 600 et 35 000 tonnes. [...] Quel paradoxe qu'un microbe (invisible dans ses parties) puisse être... si grand, n'est-ce pas ?