Martin Scorsese

Je regrette que la spiritualité n'ait plus la même valeur, dans cette société engloutie par l'idée de la consommation.

Interview datant de 2005 menée par Thomas Sotinel, source à la fin de l’extrait :

Question : On dit souvent que votre génération a brièvement pris le pouvoir à Hollywood, et l'a rendu aux financiers. Cela correspond-il à la réalité ?
Réponse : Dans une certaine mesure. Mais, à cette époque, les financiers s'intéressaient à ce que les réalisateurs avaient à dire. Ils voulaient savoir ce qu'il y aurait dans le prochain Terrence Mallick, le prochain Paul Schrader. Et, finalement, United Artists a produit trois films à gros budget : Raging Bull (de Scorsese), Apocalypse Now (de Coppola) et La Porte du paradis (de Michael Cimino).
[En fait la lutte de pouvoir entre le producteur et le réalisateur] remonte au combat entre Irving Thalberg et Erich Von Stroheim dans les années 1920. Elle s'est rejouée à la fin des années 1970. C'est toujours la même question : qui sera le maître du jeu — le producteur ou le réalisateur ? Dans le système d'Hollywood, ce sera toujours le producteur.

Question : L'atmosphère politique du moment pénètre souvent dans vos films. "Taxi Driver" reflète très bien les années 1970.
Réponse : C'est le mot, l'atmosphère. Je n'arrive pas à voir plus loin. Quand je parle du film que je termine en ce moment, Les Infiltrés, je suis en colère. [ en 2005] Quand j'en parle, mes amis me disent : "Mais, Marty, c'est l'atmosphère qui est comme ça." En d'autres temps, j'aurais refusé de faire ce film, mais quelque chose [ ] m'a entraîné vers cette histoire, qui est en apparence un thriller, dont le thème est la trahison.

Question : Et qu'est-ce qui est trahi aujourd'hui en Amérique ?
Réponse : Nous sommes en danger de trahir l'idée même sur laquelle ce pays s'est construit. Les Etats-Unis sont un pays inachevé, et je crois que la nature de la guerre telle qu'on la livre aujourd'hui est une épreuve pour le concept même qui a donné naissance à l'Amérique. [ ]

Question : Pour vous, quelle est l'idée sur laquelle a été fondée l'Amérique ?
Réponse : Je suis très naïf politiquement. C'est une idée de liberté, même si la liberté n'existait pas, si la société agrarienne de Jefferson n'était qu'un paravent pour l'esclavage. Mais, je le répète, ce pays s'est toujours redéfini, réinventé, et je ne crois pas à ce que fait cette administration, à son comportement. C'est l'une des raisons pour lesquelles je fais Les Infiltrés.

Source https://www.lemonde.fr/cinema/article/2005/11/27/martin-scorsese-le-cinema-de-distraction-me-fait-penser-aux-jeux-du-cirque_714574_3476.html

La force de l'art est qu'il ne peut ni entrer dans un moule ni être mécanisé .Il doit passer de main en main ,faute de quoi ,ce n'est plus de l'art.