On touche enfin le seuil du gigantesque édifice (...) on n'en croit pas ses yeux; on cherche autour de soi un appui, des comparaisons : tout s'y refuse à la fois.(...)
Quel repos dans cette vaste enceinte où les siècles passent d'un pied plus léger qu'ici-bas les années !
Cette montagne est non seulement la plus haute des Pyrénées, elle est encore le point le plus haut de notre hémisphère, où on ait trouvé des débris organiques ; elle est, en un mot, de tous les monuments connus des derniers travaux de la mer, le plus considérable par son volume, et le plus extraordinaire par sa structure. Un pareil terrain est classique pour l'étude des montagnes secondaires, et pour l'histoire des dernières révolutions du globe : il exercera plus d'une fois désormais la sagacité des interprètes de la nature, et quelque chose que j'en aie dite, on voit que je suis bien loin d'avoir dit à son sujet le dernier mot de la géologie.
La terre et l’homme ne furent-ils pas faits l’un pour l’autre ?Tout ne dut-il pas être violent et démesuré dans le premier âge de tous les deux ? Et comment la nature, qui ne cesse de tendre à l’harmonie, oublierait-elle de préparer, avec les beaux jours de la terre, des hommes dignes de respirer un air plus pur, de cultiver des champs plus fertiles et d’associer le spectacle de la sagesse et du bonheur à celui de l’universelle paix ?
De part et d'autre, s'élèvent à perte de vue les parois de cette vaste fissure, disposées en étages d'une hauteur prodigieuse, et dont l'aplomb; , la matière, les couleurs et les joints, rappellent à tel point les structures humaines, qu'on croirait voir un immense édifice en ruines.
Qui ne fût pas content? Ce fût Lapeyrouse. Aussi ses élèves envoyèrent-ils à Ramond "une belle lettre anonyme" sur son voyage au Mont-Perdu, "bête à faire plaisir".