CHANT QUATRIÈME
…
Dans le fond des forêts, émule de l'orfraie,
Ermite d'un vieux tronc, que le hibou m'effraie ;
Que la chouette choisisse un ton plus déchirant,
Et que le vieux coucou, d'arbre en arbre courant,
D'un cri que la coutume érige en noir présage,
Aux maris courroucés fasse un lugubre hommage.
Quand la nuit sur le globe étend son voile gris,
Je vous entends frémir, tristes chauve-souris :
Ah ! frôlez mon chapeau puisque c'est votre usage ;
Mais de ce pauvre au moins respectes le visage ;
Au déclin d'un beau jour, pour cesser de souffrir,
Il s'endort en plein champ sur la foi du zéphir.
Volez, volez plutôt par cette cheminée ;
Vous pourrez sans remords, ô filles de Minée !
De ce Midas qui ronfle ébranler les rideaux,
Raser sa longue oreille et flétrir ses pavots.
Que le dindon glouton glousse en faisant la roue ;
Que la canne criarde en barbotant s'enroue ;
Que l'oie au Capitole, oisive dans son coin,
En déployant sa voix avertisse au besoin ;
Que le merle et le geai jasent avec l'agasse ;
Seul dans un vers braillard que le corbeau croasse ;
Que la caille en trois temps siffle, et que la perdrix
Par des accens coupés convoque ses petits ;
Que le ramier plaintif, perché sur sa tourelle,
Du matin jusqu'au soir roucoule en sentinelle,
Et que la tourterelle en soupirs amoureux
S'exhale pour répondre à ses tons douloureux ; [...]