p.80.
Finalement, la vie n’est qu’un vaste orphelinat où les pensionnaires cherchent en pure perte à s’adopter entre eux…
p.167.
Que signifie le commandement « Tu ne tueras point », sinon que nous appartenons à une très longue lignée de meurtriers qui nous ont transmis le goût du sang ? …
Qui, en voyant les comics sentimentaux des années 1950-1960, ne serait pas tenté de jouer un mauvais tour à ces jeunes gens lisses et bien coiffés ? Gabriela Manzoni est passée maître dans l’art du doublage malveillant : chaque case de bande dessinée est un plan qu’elle s’amuse, tel un réalisateur lucide et désenchanté, à « re-tourner » en remplaçant les textes mièvres et bien-pensants par des reparties cinglantes. Au programme : humour noir, cruauté, et cynisme haut de gamme. Gabriela recycle également les aphorismes de certains auteurs moralistes ou des plus célèbres pessimistes, qu’elle connaît sur le bout de ses doigts. Ce livre rassemble près de 200 cases de comics « retournées » qui raviront tous les lecteurs – amateurs de Dada, Cioran et Guy Debord compris. Alors n’hésitez plus : faites du mauvais esprit... et du bon !
p.180.
Ne vous inquiétez pas, Fred… Je n’ai plus envie de vivre mais malheureusement ce n’est pas suffisant pour que j’aie envie de mourir…
p146.
Les asiles de fous existent pour faire croire à ceux qui n’y sont pas enfermés qu’ils ont toute leur raison…
p.32.
Mes frères, il est faux de dire que Dieu peut tout, car même s’il le voulait, il ne pourrait se donner la mort… En revanche, le choix du suicide, de quitter le monde qu’il a créé s’il ne nous convient pas, est le don le plus précieux qu’il nous a fait !...
p.181.
Pourquoi l’enfant qui naît braille au lieu de rire ? C’est un prophète. Il devine qu’il vivra la douleur et la peur et que, même s’il est paisible, il sera exposé à l’amour-propre violent des hommes…
À cet âge juvénile du collège et du lycée, je ne me suis jamais posé la question de savoir si mes parents m’aimaient. Il me semblait que c’était le cas et cela me suffisait pour que je leur témoigne un sentiment similaire. Ils furent cependant assez surpris d’apprendre qu’après mon baccalauréat S – que j’obtiendrais avec la mention très bien –, je m’orienterais vers une hypokhâgne. « Tu as conscience que cette filière n’a aucun débouché ? » Ils me serinèrent cette métaphore plombière quelque temps sans parvenir à me faire changer d’avis.
p.140.
Eh oui, ma belle, les relations humaines ne sont qu’une tromperie. Personne ne parle de toi en ta présence comme il en parle en ton absence. Tu n’aurais plus d’amies si tu savais ce qu’elles disent de toi une fois que tu as quitté la pièce où tu goûtais tellement leur compagnie…
Souvent, à l’abri du regard de Jo et Christine, nous nous adonnions au « montre-montre ». Il s’agissait, comme à cache-cache, de se trouver une cachette, mais, quand on était découvert, il fallait, en manière de gage, baisser sa culotte. Je sentais Enzo et Luca perplexes devant ce que je leur exposais. Quant à moi, je trouvais que leur petit sexe avait une forme rigolote. Ces distractions cessèrent avec l’âge des pudeurs, mais furent remplacées par le visionnage de vidéos pornographiques sur l’ordinateur d’Enzo.