Céline Holynski

Depuis notre arrivée, Yaya et moi avons eu droit à la visite de Susanne, la boulangère qui, en échange de délicieux croissants certes, nous a assommées de deux heures de parlote et de rires stridents – ça fait cher le croissant –, de Pierrot et son petit-fils Eliott prétendument surexcité à l’idée de nous offrir un dessin en guise de bienvenue – vu la mine renfrognée du petit garçon, je me demande bien comment il exprime son mécontentement – et évidemment le retour de Claude et Myriam qui, tour à tour, sont venus déposer des pots de marmelade et une marmite de bouillon de poule.

- Oui mais je l'aime...
- Et moi, j'aime le camembert, mais comme je le digère mal, eh bha je m'en passe !

Quand vous allez au marché, vous faites attention aux légumes que vous voulez, n'est ce pas? S'ils sont trop mûrs ou pas assez, vous ne les prenez pas... Eh bien c'est pareil... Il faut savoir sélectionner son produit. Autant en cuisine qu'en amour...

L'échec, ça ne se situe pas dans la difficulté ponctuelle, mais dans le fait d'abandonner !

- Tu as le droit de te laisser aller. Tu as le droit de montrer des signes d'affection et tu as même le droit de ressembler à une guimauve posée sur une glace onctueuse.

𝑬𝒕 𝒕𝒂 𝒅𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏𝒂𝒕𝒊𝒐𝒏 𝒇𝒊𝒏𝒂𝒍𝒆, 𝒕𝒖 𝒇𝒊𝒏𝒊𝒓𝒂𝒔 𝒑𝒂𝒓 𝒍𝒂 𝒕𝒓𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓, 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 𝒔𝒊 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒚 𝒂𝒓𝒓𝒊𝒗𝒆𝒓, 𝒊𝒍 𝒇𝒂𝒖𝒕 𝒑𝒂𝒓𝒇𝒐𝒊𝒔 𝒒𝒖𝒆 𝒕𝒖 𝒕’𝒂𝒔𝒔𝒐𝒊𝒆𝒔 𝒔𝒖𝒓 𝒍𝒆 𝒒𝒖𝒂𝒊 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒈𝒂𝒓𝒆…

Un emménagement est un [...] marqueur concret qu'on change de vie. Une réflexion sur le temps qui passe. Ce constat n'est pas de moi mais d'un article issu d'un magazine psycho trouvé sur le Net hier soir, au moment où une petite vague de panique a considéré que j'étais la plage idéale sur laquelle venir s'échouer.

Mieux vaut une amère vérité qu'un doux mensonge, pas vrai ? Les non-dits sont comme des mauvaises bactéries qui prolifèrent dans l'organisme durant longtemps. On peut les laisser tout ravager ou un jour décider d'assainir le tout. Et je crois qu'il n'est jamais trop tard pour essayer.

— Mais c’est ça ! Exactement ! Je suis un exhausteur de goût… Je donne de la saveur…
Je ne sais plus vraiment s’il apporte de la saveur au talent des autres, mais une chose est sûre, ses propos, eux, sont nauséabonds. Au propre comme au figuré. À mesure qu’il continue de parler, l’odeur de son haleine m’assomme et va finir par avoir raison de mon estomac. C’est épouvantable. Prenez un vieil animal décédé depuis plusieurs jours, planquez-le dans une poubelle, laissez-le macérer encore une semaine, puis soulevez le couvercle et respirez à pleins poumons ! Vous obtiendrez l’équivalent probable du fumet buccal de Madiran. Je fais mon possible pour retenir ma respiration, mais la difficulté est grande ! Je contiens déjà ma vessie…

Oh, mon Dieu! Je viens d'enfiler les vêtements prêtés par Yvon. En plus de flotter dedans, je ressemble à une perruche! Une perruche en fin de vie, déplumée et maladroite. Impossible de miser sur la discrétion, je suis inratable. Le peu de dignité qu'il me restait vient de disparaître. Et je ne peux évidemment pas faire l'affront à Carole de lui demande d'autres vêtements. Le temps presse et je me suis déjà assez fait remarquer. (p86)