Personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble par l'intermédiaire du monde.
Le but de l’éducateur n’est plus seulement d’apprendre quelque chose à son interlocuteur, mais de rechercher avec lui, les moyens de transformer le monde dans lequel ils vivent.
Si l’éducateur est celui qui sait, si les élèves sont ceux qui ignorent, il incombe au premier de donner, de remettre, d’apporter, de transmettre comme en dépôt son savoir aux seconds. Il n’est donc pas étonnant que, dans cette vision “bancaire” de l’éducation, les élèves soient vus comme des êtres d’adaptation, d’ajustement. Et plus ils s’emploient à archiver les dépôts qui leur sont versés, moins ils développent en eux la conscience critique qui leur permettrait de s’insérer dans le monde, en transformateurs de celui-ci. En sujets. Dans la mesure où cette vision bancaire de l’éducation annule ou minimise le pouvoir créateur des élèves, qu’elle stimule leur naïveté et non leur esprit critique, elle satisfait les intérêts des oppresseurs : pour eux, il n’est pas fondamental de mettre à nu le monde, ni de le transformer.
J'aime être humain car, inachevé, je sais que je suis un être conditionné, mais, conscient de l'inachèvement, je sais que je peux aller plus loin. Telle est la différence profonde entre l'être conditionné et l'être déterminé, la différence entre l'inachevé, qui ne se sait pas comme tel, et celui qui, historiquement et socialement, s'est élevé jusqu'à la possibilité de se connaître incomplet.