Marni Mann

Elle n’était pas celle qui avait le pouvoir ici ; c’était moi. Elle ne jouirait pas tant que je ne lui en aurai pas donné le droit. J’arrêtai de toucher son clitoris, mais gardai mon doigt en elle.
— Je m’arrêterai si tu ne te contrôles pas.
— Non, supplia-t-elle, posant sa main sur la mienne. S’il te plaît… ne t’arrête pas.
Elle me regarda, paniquée. Ses parois se détendirent autour de mon doigt. Elle réprimait son orgasme, forçant son corps à reprendre son calme.
— Ah… c’est bon, gémit-elle lorsque je repris mon travail.
J’introduisis un deuxième doigt, le poussant dans son trou étroit. Je ne pouvais qu’imaginer la sensation que ce serait que d’y introduire ma queue – les sucs dégoulinant, la chaleur, l’étroitesse. Ma hampe commençait à se raidir comme si elle pouvait déjà se vider dans les replis moites. J’étais plus dur que la table en chêne étroite qui nous séparait.
Frankie ne gémissait pas comme certaines des femmes avec qui j’avais été. Elle ne faisait pas semblant, ne se cambrait pas ou ne regardait pas fixement, avec nonchalance, comme si une caméra était braquée sur elles. Son désir était pur, brut. Ses pulsions érotiques lui venaient naturellement. C’était là l’une des nombreuses facettes qu’elle dissimulait dans ce corps ferme. Mais ce corps commençait enfin à se relâcher, ses couches se défaisaient. Elle n’aurait pas pu être plus belle qu’à cet instant.
Je sentis à nouveau à quel point elle était proche de la jouissance. Elle avait réprimé l’orgasme menaçant une première fois, le refaire serait bien trop difficile.

C’étaient plus que des rêves, c’étaient des fantasmes élaborés, complets, organisés des préliminaires au jeu d’exploration, jusqu’à la montée de l’orgasme et l’épanouissement le plus total. Tout cela allait se concrétiser. Finalement, ce que je voulais. Le peu de résistance que j’avais en moi avait disparu. Mon désir ardent était bien plus fort que le reste.
— Merde, dit Derek en même temps que moi lorsqu’il glissa sa main dans ma culotte.
Il ouvrit la bouche et sa langue vint se poser sur sa lèvre inférieure. Je me demandai s’il me donnerait ça après, si je pourrais contrôler l’intensité de sa langue sur mon intimité suffisamment longtemps.
— Je n’ai pas arrêté de penser à ça, dit-il, dirigeant ses doigts directement sur mon clitoris. Ce petit trou bien serré qui mouille et qui ne demande qu’à être dévoré.

Elle était éblouissante dans la lumière des bougies, bien plus belle que ce à quoi je m’attendais lorsque je me l’étais imaginée portant ces vêtements. Le soutien-gorge en dentelle épousait parfaitement la courbe de sa poitrine, laissant ses tétons pointer à travers le tissu. Son ventre était plat et ferme, sa peau légèrement hâlée, la courbe de ses hanches se dessinait juste là où le tissu de sa culotte tranchait. Elle montait assez haut, révélant un espace entre ses cuisses. — C’est moi, Derek, c’est tout ce que je suis. Est-ce suffisant pour que tu continues de m’appeler ton ivoire rose ? L’entendre dire ces mots avait fait naître en moi des sentiments auxquels je ne m’attendais pas et que je ne voulais pas ressentir.

Je n’aurais pas cru que ses doigts remontant jusqu’à mon pantalon auraient pu si facilement m’exciter, je pouvais sentir le suc de mes parois couler dans ma culotte. Cela allait laisser une trace sur le coussin sous mes fesses, et je ne pouvais rien y faire.
Il défit le bouton et la fermeture éclair de mon jean skinny tandis que je regardais autour de moi, m’assurant que personne ne nous regardait. L’idée que des regards curieux puissent nous surprendre me fit trembler de plaisir. Nous étions dans un coin de la salle, lumière tamisée. Seule la serveuse passait près de notre table et sa présence ne semblait pas gêner Derek. J’avais le sentiment que rien ne pourrait l’arrêter, pas même quelques curieux.

J’étais incapable de plus – mon cerveau et mon corps étaient bien trop enivrés par ce qui venait de se passer pour pouvoir se concentrer sur l’appartement que je présentais à mes autres clients. Il me faisait quelque chose… et je le laissais faire. Était-il en train de me changer ou m’aidait-il à libérer ce désir intérieur dont j’ignorais jusqu’ici l’existence ? Je pris brusquement conscience que ma vie sexuelle avant lui avait été terne et morose. Mais la chaleur qu’il m’avait fait ressentir hier continuait à se diffuser en moi aujourd’hui, et elle ne semblait pas vouloir me quitter de sitôt. En réalité, je voulais tout simplement retourner le voir, grimper sur son bureau et recommencer.

Je lui donnai enfin la permission, ce qu’elle semblait avoir attendu depuis le début. Ses parois se contractèrent autour de mon doigt, les muscles de son ventre tressaillant contre moi. Elle enfonça ses ongles dans mes épaules. Mes lèvres s’attardèrent contre sa gorge, son pouls se dérobant. Je voulais sentir lorsqu’elle prononcerait mon prénom. Je levai les yeux pour voir le plaisir s’étendre sur les traits de son visage, tandis que ses muscles se contractaient et se raidissaient avant que tout son corps s’alourdisse sous la libération.

Malgré notre séparation, lui et moi étions toujours partenaires… et Julia voulait Block Development – mon contrat. Enfin, c’était ainsi avant que j’abandonne Derek dans ce bureau. Désormais, je ne savais pas où les choses en étaient avec les deux hommes.
— J’ai changé d’avis, dis-je en me tournant vers le barman.
Il n’était pas allé très loin et aucun client ne l’avait accaparé.
— Je vais prendre ce troisième shot.
— Pas de souci.
Ma gorge s’était habituée à la sensation de brûlure et je le bus sans difficulté.

Derek était mon client et c’était interdit de sortir avec des clients. Remporter un contrat avec lui serait un bon moyen de montrer à mon père que j’avais ma place au sein de son entreprise, que je pourrais lui succéder à la tête de Jordan International. Mais si mon père suspectait une relation entre Derek et moi, tout s’écroulerait. Même si j’étais prête à courir le risque, je n’étais pas certaine de vouloir me replonger dans une relation sérieuse. Et je ne me faisais pas confiance si l’occasion se présentait.

Je pris possession de ses lèvres et posai mes mains sur la courbe parfaite de ses fesses, la soulevant pour la poser sur le bureau. J’écartai ses jambes et me plaçai entre elles. Je pouvais sentir la pointe de ses talons contre mes mollets, ce qui n’aidait pas mon érection à se calmer.
Je savais que si j’y touchais, je ne serais plus en mesure de m’empêcher de vouloir la prendre tout entière. Je n’avais pas le temps pour cela, alors il était préférable de la laisser comme elle était et d’endurer la douleur.

Aucun homme n’avait été aussi direct avec moi, me donnant tous les détails des choses qu’il voudrait me faire. D’ailleurs mon corps n’avait jamais autant été réceptif… excepté la nuit dernière lorsque ses mains étaient sur moi. Je songeai aux désirs qu’il venait de partager avec moi et je me demandai ce que cela serait de faire ce qu’il voulait. Il y avait assez de pulsions et d’étincelles en moi pour que je sois capable de me jeter sur lui et de l’embrasser avec plus de fougue que j’en eue de toute ma vie.