Interview auteur
À l'occasion de la réédition de L'homme semence dans les prochains jours, nous interrogeons Jean Darot sur ses ouvrages
Il nous parle de son nom d'emprunt, de son roman à succès, de son dernier texte et de ses projets
La réédition de L'homme semence sera disponible chez votre libraire dès la semaine prochaine
L'enfant don est disponible partout en France
Dans la vallée et au village, la communauté des habitants est comme une forêt dans laquelle chaque maison est une souche. Ici, lorsqu'on dit maison, casa ou ostau, il faut entendre la maisonnée avec les êtres et les biens qui la composent. Qu'ils soit soit issu de la maison-souche ou qu'il la rejoigne, chacun est une branche. Il en porte le nom et lui apporte sa force.
Je me suis dit alors que, nous les femmes, nous grandissons par étapes. Nous nous déplions, nous nous déroulons comme le font les fougères qui font leur croissance vers le soleil et la lumière. Nous nous élevons, saison de vie après saison de vie, depuis l'enfance jusqu'à devenir plusieurs femmes successives. Cet épanouissement irrésistible qui nous met debout avec autant de force est sans doute ce qui fait peur aux hommes. Cela peut expliquer pourquoi, partout où ils le peuvent, les hommes font tout pour garder les femmes pliées.
Pour moi, le thé n’est pas une religion. Comme l’univers, c’est un infini qui permet toutes les libertés et offre de la place pour le cheminement de chacun.
Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé regarder naître les sourires dans les yeux des autres. Cela commence d’abord par un changement dans la luminosité qui suinte du profond du regard. Cette luminosité vient ensuite éclairer la surface de l’œil, comme l’éclaircie la surface de la mer ou d’un lac. Puis il y a une brillance plus forte qui semble sortir de l’eau de l’œil. L’œil lui-même s’y met. Il change son ovale avant de plisser les coins de la peau. J’aime beaucoup sourire des yeux sans que la bouche s’en mêle. C’est le genre de sourire que l’on échange avec ceux qui savent lire le message. C’est un sourire subtil que l’on sent finement naître et croître en soi lorsqu’il met imperceptiblement en tension la peau du visage.
Je me suis endormie sur cette idée que je n'aurais jamais pu être fière de ma vie si elle était seulement remplie du quotidien que nous offrait notre monde.
Il me dit avoir utilisé toute une année un thé qui, comme le chiffon gomme la craie sur un tableau noir, effaçait sa mélancolie ou sa mauvaise humeur.
J’ai été comme ces gens qui voyagent en ayant totalement leur temps. Ils laissent venir à eux le pays qu’ils abordent tout en se laissant aller à lui. Ils découvrent tout par eux-mêmes, libérés des guides aveuglants. J’ai été comme un géographe qui à la fois découvrirait un pays en le regardant du ciel et en déplaçant ses doigts sur la totalité de son relief.
Mille chose vont rendre différente chaque préparation. Dans les ingrédients, on peut compter aussi bien l’eau que le goût que l’on a dans la bouche, les sentiments que l’on a dans le cœur, les pensées que l’on a dans la tête, et même, la couleur du ciel.
Chaque femme, c'est qu'un enfant grandit tout au long de son corps, le nez à ses genoux, puis à son ventre, puis à ses seins, puis à la lumière, par-dessus ses épaules. Mon cœur savait que la vraie mise au monde viendrait lorsque cet enfant devrait partir