Agathe Portail vous présente son ouvrage "
Les âmes torrentielles" aux éditions
Actes Sud.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2730651/agathe-portail-
les-ames-torrentielles
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/
Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux :
Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/
Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts
Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat
Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/
Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat
Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/
Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
En attrapant machinalement une framboise trop mûre qui s'écrasa entre ses doigts, elle arriva à la conclusion que, peut-être, la détresse était une expérience solitaire qui faisait barrage à l'empathie.
Lorsque Bernard Mazet eut tourné la clé qui bloquait l'ouverture de la porte en tôle ondulée du hangar, il chercha la sensation de la journée terminée. Il ne trouva que la mauvaise conscience de n'avoir pas terminé le travail et d'avoir laissé Alexane accueillir seule les sept touristes envoyés par Airbnb.
Alexane avait fini par accepter le catastrophisme presque obsessionnel de son époux. Elle se disait qu'il tenait là une manière de vider ses peurs de leur substance à force d'en explorer chaque recoin, comme s'il essorait un vieux torchon souillé qu'il voulait laver jusqu'à la dernière fibre.
Il connaissait chaque parcelle intimement. Ses spécificités, ses caprices, sa vulnérabilité aux attaques de mildiou. Il savait tout, sur chacune d'elles. Il sentait les rameaux ployer sous la brûlure injuste du gel. Il sentait la sève ralentir sa circulation dans les jeunes pousses, puis se retirer lorsqu'elle le pouvait encore, engourdie, au plus près du cœur battant d'un pied de vigne qu'elle ne parvenait plus à parcourir.
Colette Mazet posa devant elle une part généreuse et se retourna vers la maison avec un soupir lorsque la sonnerie du téléphone fixe retentit. C'était un bruit qu'Élise avait pris en affection. Il lui semblait qu'une bonne vieille sonnerie, celle qui vrillait les tympans comme il se devait, portait en elle la joie d'imaginer un interlocuteur assis dans son salon, tenu au bout du fil et forcé à l'immobilité pendant toute la durée de la conversation. C'était la signature d'un échange concentré, pour lequel les deux parties devaient se rendre pleinement disponibles et n'étaient pas en mesure d'arpenter les rues en discutant, un sandwich à la main et l'écouteur soudé dans l'oreille.
[ Les abeilles ] savent quand quelqu'un qui ne les aime pas est dans les parages. Il était habillé en sombre, il sentait un peu l'alcool du déjeuner... Il suffit parfois de pas grand-chose, (...).
Alors que les ombres commencaient à s'allonger, Pierre et Vincent avaient battu le rappel des uns et des autres tout autour du château et dans les couloirs : l'apéritif se profilait. Alexane Mazet était sorti opportunément de son atelier, un pinceau à la main, et Vincent l'avait invitée à se joindre à eux. Juliette avait dévalé le lourd escalier etcouru jusqu'à la cuisine où elle avait tiré sur un plateau de la pile posé sur le frigidaire ronflant.
Les ouvriers agricoles gris de poussière s'écartèrent et laissèrent passer une fille en débardeur et jean effrangé à mi-mollet, qui poussait dans une brouette trois bidons d'eau tirés de la rivière. L'eau était si fraiche que le plastique était couvert de gouttelettes de condensation. Quand elle lâcha les montants de la brouette, essuya la sueur qui lui coulait le long des tempes, leva les yeux sur les hommes et arrêta son regard sur Danilo, il comprit que sa vie allait infiniment se compliquer.
Il y a des gens qui ne sont pas épargnés, tandis que d'autres le sont. C'est comme ça, (...).
Elle a beau avoir tanné son cuir en travaillant à l’estancia, les trois heures ininterrompues de chevauchée lui chauffent sérieusement le derrière. Sous la bombacha, son legging fait des plis qui lui brûlent la peau derrière les genoux. Elle a besoin de s’arrêter, de se rincer la bouche, de se décroûter le visage.