Témoignage de Fabrice Causapé
Derrière moi, un ballet de tarés à la démarche lymphatique. Parfois, ils crient, sinon ils parlent tout seuls. Deux comprimés le matin… deux à midi… quatre au coucher… Voici le carcan dans lequel est enfermé à perpétuité le restant de ma vie. Je ne lis plus, je ne peux plus. Je ne peux plus me concentrer sur les pages. Mon cerveau est devenu amorphe. Je suis idiot, ma régression est sans appel. Comment avoir la prétention de se différencier des animaux quand on doit se plier à des besoins aussi primaires… chaque heure qui passe nous blesse, la dernière nous tue… son éducation sera-t-elle principalement cathodique et ne pourra-t-elle plus se séparer de cet objet culturellement vil, lui inculquant l’ensemble de la bassesse humaine…
Tu seras un adulte équilibré ou frustré, voire désillusionné. Des milliers de questions et de contraintes t’accableront. Ce sera enfin le lent déclin jusqu’à la mort, le regret de ton insouciante jeunesse et le douloureux bilan, une seconde avant le dernier instant.
Quand les malheurs arrivent, ils ne viennent pas en éclaireurs solitaires, mais en bataillons.
Le monde devient froid, aride et vide après cette découverte. Il faut traverser une nuit polaire, une nuit morne et désespérante avant de découvrir l'axiome diaphane, la complétude livide.
L’illusion remplit la fonction de préserver le disciple du désespoir ou du vide de l’existence. Quant à l’émotion, elle procure une dégradation spontanée du rapport d’un individu au monde. Lorsque celui-ci éprouve de la peur, il nie l’objet dérangeant en le substituant par un procédé irréel. Donc, l’émotion n’est autre que la substitution de la perception d’une personne du monde extérieur à un monde immatériel. Enfin, la religion condamne la passion puisque celle-ci épuise l’âme dans de vains efforts
A présent, qu est ce que l Église ? Si ce n est un édifice abritant des frustrés sexuels qui engrossent les femmes les plus malléables de leur paroisse, voire des pédophiles notoires ?
— Tu sais, à force de bouffer comme trois moines et de picoler franchement, tes artères ne vont plus supporter ce rythme longtemps ! Ce que tu as fait ? Gros porc, tu uses et abuses de la vie. Tu n’es pas un être modéré. Tu vis dans le luxe et tu exagères constamment. Ta richesse va te tuer !
— Non, je vis simplement… je vis simplement !
— Que serais-tu prêt à faire pour me convaincre de l’importance de ton existence ?
Les putes sont de sortie ce soir. De vieux pervers frustrés par des femmes frigides, trop caractérielles ou devenues repoussantes avec l’âge, errent telle une horde de mâles en rut autour de ces femelles faussement en chaleur. Misérables que vous êtes ! Misérables ! Vous ne méritez pas de respirer ! Vous ne valez même pas la vie de n’importe quelle bactérie ! Crevez tous, tas d’inconsistance !
Seulement, tu appartiens à cette vile humanité polluante. Tu es un rouage permettant la fabrication de ces produits. Tu es un rouage du marché de consommation. Un rouage, entraîné par d’autres et aboutissant à ce crime communautaire. Un intense vertige distord ma vision parasitée de milliers d’images. Je ne peux progresser plus et fais volte-face afin de me ravir de cette déchéance.
Sachez pourtant que je considère qu’il ne faut pas détruire l’homme conforme. Le problème est à prendre à la source ! Il faut annihiler la vie des êtres qui seront inutiles au monde. L’espèce humaine doit être épurée au berceau ! Ainsi, il n’y aurait plus besoin de meurtriers, de catastrophes, de maladies pour diminuer la population et le calvaire, l’agonie de la nature !