En immersion au sein du Red Star, le mythique club de football de Saint-Ouen, Basile de Bure a suivi pendant un an le parcours d'une jeunesse émouvante qui témoigne ici...
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« Pour les quelques génies que nous connaissons, combien de sacrifiés ? Qu’est-ce qui peut bien faire la différence ? Le talent ? Le travail ? La chance ? Probablement un peu des trois. » (p. 26)
Quoi qu’il en soit, si l’islam est arrivé relativement tard dans la vie de Baya, c’est son attachement à ses racines et à son pays d’origine qui réveille chez elle la flamme de l’indignation. Pour comprendre ce lien, il faut se plonger dans l’histoire de sa famille. Une histoire faite d’amour et de trahison, de complicité et d’incompréhension, d’espoir et de désillusion. Une histoire ambiguë, une passion douloureuse, à l’image de milliers de familles franco-algériennes.
Cette impression désagréable de m’être planté toute ma vie, la découverte que les choses étaient plus complexes que ce que je m’étais figuré. Je ne sais pas si nos ateliers servaient vraiment à ces jeunes, mais une chose était sûre : j’étais celui qui apprenait le plus.
« Grâce à la densité des populations, à la diversité de ses origines et à un tissu de clubs amateurs sans équivalents, l’Île-de-France a la réputation d’être le plus grand vivier de jeunes joueurs au monde, au même titre que la mégalopole Rio – Sao Paulo. » (p. 35)
P25
En France, le TIG existe depuis 1983, à l'initiative de Robert Badinter. Avec 36000 mesures par an, il représente 7 % des peines prononcées.
Ça a duré moyenne est de 105 heures (notre stage représente 50), et les condamnés ont 18 mois pour les exécuter dans l'un des 20 000 postes existants.
25 % des condamnés le sont pour rébellion et outrage, 25 % pour des délits routiers et 20 % pour des infractions et à l'usage et au trafic de stupéfiants.
Pour les peines inférieures à 2 ans de prison, le taux de récidive après un emprisonnement et de 59 %.
Il chute à 31 % après une peine de TIG.
« Je commence à comprendre l’exigence de Foued : à ses yeux, son équipe est la meilleure d’Île-de-France, et c’est avec les meilleurs qu’il faut être le plus dur. » (p. 127)
Jusqu’ici, l’organisation de mon monde avait toujours été régie par un principe fondateur : il y avait des méchants et des gentils. Comme dans un sketch des Inconnus. L’équation était claire dans ma tête : un délinquant, c’était un méchant. Et moi, j’étais un gentil. C’était ce que j’entendais de la bouche de mes profs, des politiques et dans les principaux médias depuis ma naissance. J’imaginais que les jeunes des classes populaires étaient dangereux.
Ce que je préfère au monde, c’est lire. Souvent, je prends le bus, je m’installe au fond, et je lis jusqu’au terminus. Puis je repars dans l’autre sens. J’ai toujours fait ça. Chez moi c’est trop petit, ce n’est jamais calme, il y a toujours du monde… En ce moment, je lis Le Tatoueur d’Auschwitz de Heather Morris. C’est une histoire d’amour entre un homme juif chargé de faire les tatouages à l’arrivée au camp et une femme déportée. C’est très beau.
Sa condamnation lui colle aux baskets comme un vieux chewing-gum, mais Baya n’est pas du genre à se laisser abattre. Elle contacte le collège de son adolescence et décroche un poste de surveillante pour la rentrée suivante. Problème : au moment de signer son contrat, le proviseur exige lui aussi un extrait de son casier B2, celui dans lequel figure sa condamnation. Impossible de travailler pour l’Éducation nationale avec ses antécédents.
Ce que montrent certaines études, c’est que les filles échappent aux contrôles. Les policiers ont en tête un certain nombre de catégories liées au genre, et un individu suspect est un individu de sexe masculin. De la même façon, au niveau judiciaire, le parquet poursuit moins souvent, ou proposera des mesures alternatives. » Des représentations de genre qui influent donc sur la façon dont la justice est rendue.