"C'étaient les années 1990 et on faisait les affaires à la russe, les pots-de-vin et la coercition faisaient partie du paysage."
"A notre époque, le plus important n'est pas ce qu'on dit, mais qui le dit."
Bien des années ont passé, oui bien des années avant que je ne comprenne une vérité toute simple. Ils ne savent rien sur nous. Rien du tout. A part ce que nous leur racontons. Sur nous-mêmes et sur les autres. Et toutes ces légendes sur leurs yeux qui sont partout et leur omniscience diabolique ne sont que du bluff, un mythe, un appeau à moutons. La seule chose qui nous permet de nous contrôler, c'est notre peur.
"Certaines choses ont tendance à vous mettre les nerfs à vif, par exemple se promener seul dans la partie la plus dangereuse du Bronx à trois heures du matin ou traverser le Niagara à gué, mais celui qui n'a pas projeté d'informer sa mère de son intention de convoler en justes noces ne sait pas ce qu'est le stress."
"Cette partie du plan m'inquiétait énormément. Il me semblait qu'on ne pouvait pas connaître le résultat d'avance. Mais je me suis trompé. Tout s'est déroulé comme prévu. Les habitudes ont la vie dure."
"Je n'aurais jamais dû prononcer cette phrase. Mais qui aurait pu en prévoir les conséquences ?
Les mines antipersonnel, c'est bien connu, n'explosent pas immédiatement. Après avoir marché dessus, si tu ne bouges pas, il ne se passe rien. Mais dès que tu as levé le pied, c'est fini."
La gare de Biélorussie, que je n’avais jamais vue, me plaît bien. Une architecture légère, et même frivole, très différente du Grand Central de New York, une gare où tu ne te sens pas déprimé, mais au contraire d’humeur insouciante.
Même cette dame énorme qui surgit près de moi dès que j’émerge sur la place où la pluie vient de tomber ne gâche pas cette première impression. Elle marmonne je ne sais quoi d’une voix à peine audible. Elle s’adresse à moi, c’est évident, mais sans que je comprenne un traître mot.
— Pardon ?
Elle hausse légèrement le ton, et je distingue certains fragments de son discours : « filles... sauna... conditions idéales... prix abordable... se reposer confortablement... ».
Ah, c’est plus clair. Non merci, je ne suis pas fatigué.
— Vraiment ? réplique-t-elle avec irritation, de façon cette fois parfaitement normale. Pourtant, vous avez mauvaise mine.
J’éclate de rire. Les Russes ont une façon bien à eux de proposer leurs services.
1984
Je les ai tous détestés. Comme tout le monde.
Ou du moins je croyais que tout le monde était dans le même cas. Quand en troisième année dans mon groupe la moitié des gars ont choisi le K.G.B, j'en suis resté bouche bée : comment ça ? Des types tout ce qu'il y a de normal, certains étaient même des amis. Et eux en réponse à mon étonnement : et pourquoi pas ? C'est un boulot comme un autre, ça paye bien, dans deux ans on te garantit un voyage à l'étranger, et tu es en bonne place sur la liste d'attente pour recevoir un logement, et puis c'est bien beau de vouloir faire le difficile quand on est moscovite comme toi, mais nous autres, après le diplôme, qu'est-ce que tu proposes qu'on fasse ? Qu'on retourne vivre à Tambov ?
"Une envie d'oublier au plus vite. In éprouve quelque chose d'approchant après un cauchemar, quand on comprend enfin que ce n'était qu'un rêve, sans arriver à croire jusqu'au bout que ce n'était pas réel."
"Entre étudiants, on se comprend toujours, et on se soutient, la fraternité étudiante, c'est important."