Mathieu Bussy

Le pauvre détective semblait complètement perdu. Cette
affaire qui n’était déjà pas si évidente à résoudre venait de
prendre une tournure pour le moins étrange. Il se retrouvait face à un double homicide qui défiait toute logique puisque l’homme censé s’être enfui la veille au soir de chez lui avait visiblement été retrouvé mort deux jours plus tôt à plus de trois cents kilomètres de là. Il y avait de toute évidence quelque chose qui lui échappait ou alors c’était les Forster qui lui mentaient. C’était bien la seule explication possible qui s’imposait à lui, comment pouvait-il en
être autrement ?

J’ai toujours pensé que le gouvernement nous cachait
des choses. J’avais déjà de gros doutes sur la zone 51. Il y a aussi
eu les tours jumelles, les Illuminati, les premiers pas sur la lune et j’en passe, mais alors cette fois ça dépasse tout ce que j’avais imaginé. S’il existe réellement un passage vers un monde parallèle et que la maison blanche étouffe l’affaire… Cette affaire arrive directement en tête de liste des complots que je veux découvrir !
Il se resservit un verre de Vodka et en proposa également un à
Trinity qui tendit immédiatement son verre.

La salle à manger était immense. Quelques meubles au design contemporain pour les initiés ou tout simplement étranges selon les goûts, venaient amplifier l’ambiance froide et austère de la pièce. Au centre de celle-ci, trônait une table faite d’un tronc d’arbre scié vulgairement et laqué en blanc. Les couverts étaient dressés pour trois personnes. Le père était assis à un bout de cette table, il lisait son journal. A l’autre extrémité, siégeait celle que les domestiques de la maison aimaient à appeler la Reine Mère, ou la sorcière ou même encore la mante religieuse. Ce dernier surnom était assurément exagéré puisque son mari était toujours vivant. C’est bien la preuve qu’elle ne réservait pas le même sort aux hommes que son homologue animal. L’affubler de surnoms tous plus dégradants les uns que les autres était en tout cas devenu le jeu préféré des domestiques qui choisissaient la comparaison du jour en fonction de l’humeur de cette dernière.

Mais, comme lors d’une séparation de couple, rien n’est jamais tout blanc ni tout noir. Il suffit d’avoir connu un couple en cours de séparation pour savoir qu’il est quasi systématique d’entendre le premier des deux conjoints raconter à qui veut bien l’entendre que c’est de la faute de l’autre. Et il suffit de parler avec l’autre en question pour qu’il charge à son tour le premier de tous les tords.