Quand ses beaux iris croisent les miens, je sais que tout ira bien. Parce que nous sommes ensemble et que quoi qu'il arrive maintenant, nous pourrons tout affronter.
Je l'ai à peine vue depuis une semaine, mais je savais qu'elle ne me laisserait pas affronter la suite toute seule.
Parce que même si nous ne partageons aucun lien de sang, nous sommes une famille.
Comme Hazel, comme Lévi. Comme Silvan.
Et une famille reste soudée dans le calme comme dans la tempête.
Pour le meilleur.
Parce que le pire est déjà passé.
Rappelez-vous, Maeve, n'oubliez jamais ce qui vous tient à cœur, me dit-il. N'oubliez jamais le plus important.Ce qui représente votre cœur.
S'ils te trouvent, que diras tu ? "Oh il s'est senti mal, sa tête a désiré quitter son corps, je cherche de l'aide, quelle histoire !"
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Connor détenait un secret. Le genre de secret à vous donner des fourmis dans le ventre. Le jeune homme appréciait la sensation qui parcourait son corps et le rendait plus alerte que jamais.
Le sommeil tarderait à l’emporter quand il gagnerait son lit. Tout à sa joie de posséder une information qu’il ne partagerait pas avec les autres disciples, il laissa tomber sa main vers la prise suivante et tendit la jambe pour trouver le prochain appui.
Redescendant de son poste d’observation, il savoura ce moment unique. Et pourtant, la soirée avait débuté comme d’ordinaire… Le silence enveloppant chaque nuit la Faculté et ses jardins appelait les grimpeurs les plus chevronnés à tenter leur chance sur les façades des édifices alentour. Les maîtres magiciens qui officiaient en ce haut lieu d’Almérante ne comptaient d’ailleurs plus le nombre de disciples s’étant essayés à ces ascensions nocturnes. Ils fermaient les yeux dessus depuis de longues années.
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Connor n’était jamais venu à Istrin. De leur point de vue légèrement en hauteur, le disciple voyait la cité s’étendre autour d’un axe principal très animé. Les maisons en bois et en pierre étaient bien entretenues et une rumeur dynamique portée par les voix des habitants montait du centre-ville.
— Istrin est une ville de dix mille âmes, précisa Drarian sans attendre les questions. La première fois que je suis venu ici, ce n’était qu’un petit village qui vivotait. C’est ici que j’ai rencontré le capitaine Jenrell Mador, l’ancêtre de Jay. Il nous a même emprisonnés sur place pendant de longues semaines !
— Le village a changé depuis la réunification grâce à la présence de Janet la Guérisseuse, compléta le capitaine. Il y a même une tombe célèbre dans le cimetière ; celle de Féon l’Altruiste, celui qui raconta dans un livre l’histoire de Drarian.
— Et celle d’Elwën, ajouta Arell. Celle de tous les héros d’autrefois.
— Féon était un héros, martela l’archer, même si l’Histoire a tendance à l’oublier. Son sacrifice ne fut pas vain. Les trois hommes se plongèrent à nouveau dans un silence que ni Connor ni Lia ne souhaitèrent briser. Les papillons de la jeune femme, harassés par leurs jeux, se posèrent sur sa chemise pour dormir.
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Lui qui pouvait manipuler tout ce qui l’entourait pour le transformer comme il l’entendait, doutait. Il doutait de son habileté à ne pas s’oublier lui-même. Cette perspective le hantait depuis sa première leçon d’illusion. À chaque nouveau sort, quand il poussait un peu plus son pouvoir, il devenait fébrile. Il devait se concentrer pour revenir complètement à lui. Son professeur, le Maître Liarion, l’aidait à travailler là-dessus, pour qu’il reste capable de distinguer le réel de l’irréel. Malgré ses efforts, Connor sentait une infime partie de lui-même s’en aller à chaque exercice supplémentaire. Un jour, il ne serait plus apte à revenir et il avait peur.
En contrebas devant la blanchisserie, son double s’inspecta des pieds à la tête, balaya une poussière sur son col et se dirigea vers le dortoir. Le disciple garda le contact visuel, vérifia que sa réplique était bien seule et ferma les yeux pour l’emmener mentalement jusqu’à sa couche. L’illusion s’allongea, rabattit le drap sur le sommet de son crâne et s’immobilisa. Connor devrait la maintenir ainsi pendant toute la durée de son absence.
— Je connais le genre de sortilège utilisé dans cette zone. Lors de notre premier passage, je n’y avais pas fait attention, mais nous sommes passés à travers une sorte de bouclier, créé par les Elfes pour nous protéger du monde extérieur. J’ai ressenti la puissance du sort en le traversant. Tu ne devrais pas avoir plus de difficulté qu’à l’aller. Tu es un Elfe, donc immunisé. Le sort ne tue pas les siens.
— Je l’espère ! À moins que nos ancêtres pervers aient eu la bonne idée d’en changer quelques petits éléments pour s’amuser... Les deux Elfes se prirent dans les bras.
— Prends soin de toi aussi, Drarian, dit sa sœur, je te parie que j’arriverai avant toi auprès de l’armée de l’Union !
— Tu veux parier ? marmonna Drarian. Après un dernier clin d’œil, Elwën s’éloigna de son frère. Il était temps de partir. Rester plus longtemps ne ferait qu’exacerber leurs doutes. L’Elfe avait une pleine conscience de l’importance de sa mission et se devait d’être à la hauteur des attentes des autres peuples.
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Elwën prit congé pour se ressourcer. Elle devait faire vite et restaurer ses forces diminuées. Ils devaient être aussi puissants que possible pour pouvoir inquiéter leur ennemi. Elle savait aussi qu’ils ne trouveraient les failles d’Hazarg qu’en étant confrontés à lui et qu’il leur était impossible d’anticiper leur rencontre... Elle puisa dans ses souvenirs pour retrouver le sort qui allait les aider. Elle se connecta avec une rapidité qu’elle avait oubliée à la magie qui l’entourait. Elle retrouvait son élément, son quotidien. Les yeux fermés, elle récita les quelques mots qui lui revenaient en mémoire.
Une forte chaleur la gagna. Elle sentit ses muscles se gonfler, son esprit se muscler. Ses facultés lui revenaient. Les mêmes effets se faisaient sentir chez son frère. Le visage rouge, il se sentait au meilleur de sa forme. Elle retira l’écharpe qui entravait son bras et le secoua. Tout allait bien.