AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.36/5 (sur 159 notes)

Nationalité : Espagne
Né(e) à : Saragosse , 1979
Biographie :

Irene Vallejo Moreu est une philologue et écrivaine espagnole.

Elle obtient un doctorat en philologie classique à l'université de Saragosse puis à celle de Florence.

Elle se consacre ensuite principalement à la recherche et divulgation d'auteurs classiques. Elle collabore avec les journaux "Heraldo de Aragón" et "El País", où elle publie des articles mêlant des sujets d'actualité avec des apprentissages tirés du monde ancien.

En 2011, elle publie son premier roman, "La luz sepultada". Son deuxième roman, "El silbido del arquero" (2015), met en place une histoire d'aventures et d'amour ayant lieu dans un passé lointain, tout en se rapprochant des conflits contemporains.

Elle publie aussi des livres pour la jeunesse, tels que "El inventor de viajes" (2014), illustré par José Luis Cano, et "La leyenda de las mareas mansas" (2015), en collaboration avec la peintre Lina Vila.

Elle a reçu de nombreux prix, notamment le prix national de l'Essai 2020 pour son livre "L'infini dans un roseau" ("El infinito en un junco", 2019).

Twitter : https://twitter.com/irenevalmore

+ Voir plus
Source : Wikipedia
Ajouter des informations
Bibliographie de Irene Vallejo   (3)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Lors de son passage en France, nous avons eu le plaisir de rencontrer Irene Vallejo aux Éditions des Belles Lettres. L'autrice avait eu la gentillesse de préparer un petit mot à l'attention de ses futurs audio-lecteurs français. Pour en savoir plus sur ce livre audio lu par Katherine Erhardy, rendez-vous ici : https://www.audiolib.fr/livre/linfini-dans-un-roseau-suivi-du-manifeste-pour-la-lecture-9791035407506/


Citations et extraits (85) Voir plus Ajouter une citation
Depuis les premiers siècles de l'écriture jusqu'au Moyen Age, la norme était de lire à voix haute, pour soi-même ou pour les autres, et les écrivains prononçaient les phrases à mesure qu'ils les écrivaient, pour entendre de cette manière leur musicalité. Les livres n'étaient pas une chanson qui se chantait dans la tête, comme maintenant, mais une mélodie qui bondissait sur les lèvres et résonnait à voix haute. Le lecteur devenait l'interprète qui lui prêtait ses cordes vocales. [...] Il ne faut pas imaginer les portiques des bibliothèques anciennes silencieux, mais envahis par les voix et les échos des rouleaux [de papyrus]. Sauf exception, les lecteurs de ces époques n'avaient pas la liberté dont tu [toi, le lecteur d'aujourd'hui] jouis pour lire à ta guise les idées ou les récits écrits dans les textes, pour faire une pause afin de réfléchir ou de rêver les yeux ouverts quand tu le souhaites, choisir et cacher ce que tu choisis, interrompre ou abandonner, créer tes propres univers. Cette liberté individuelle, la tienne, est une conquête de la pensée indépendante face à la pensée sous tutelle, et elle a été gagnée pas à pas au fil du temps.
C'est pourquoi sans doute, les premiers à lire comme toi, en silence, en conversation muette avec l'écrivain, attirèrent puissamment l'attention. Au IVè siècle, saint Augustin fut tellement étonné de voir l'évêque Ambroise de Milan lire ainsi qu'il le mentionna dans ses Confessions. C'était la première fois que quelqu'un faisait cela devant lui ce qui, manifestement, lui parut hors du commun. Quand il lit - nous raconte-t-il avec stupéfaction -, ses yeux parcourent les pages et son cerveau comprend ce qu'elles disent, mais sa langue se tait. Saint Augustin se rend compte que ce lecteur n'est pas à côté de lui, malgré sa grande proximité physique, mais qu'il s'est échappé dans un autre monde, plus libre et fluide, choisi par lui, qu'il voyage sans bouger et sans révéler à personne où il est. Ce spectacle lui sembla déconcertant et fascinant.
Tu es un type très particulier de lecteur/lectrice, et tu descends d'une généalogie de pionniers. Ce dialogue silencieux entre toi et moi, libre et secret, est une invention incroyable.
Commenter  J’apprécie          200
De nos jours, la destruction des livres est méthodiquement organisée. [...] Les stocks des maisons d'édition sont devenus des funérariums qui accueillent les titres retournés par les libraires. Le solde négatif est énorme: en 2016, on a publié en Espagne 224 millions de livres, dont presque 90 millions ont fini au purgatoire. Tout à fait sciemment, on imprime beaucoup plus d'exemplaires de titres à vocation de best-sellers que ne peuvent en absorber leurs lecteurs, car on pense que ce sont les gigantesques piles de livres qui font vendre les livres.
Commenter  J’apprécie          180
Mais le défi est toujours d'actualité, comme le savent les professeurs de Louisville qui ont voulu effacer l'insultant "nigger" de l'oeuvre de Mark Twain. Les livres pour enfants et adolescents sont-ils des oeuvres littéraires complexes ou des manuels de bonne conduite? Un "Huckleberry Finn" assaini peut apprendre beaucoup aux jeunes lecteurs, mais il leur ôte un enseignement essentiel: il y eut une époque où presque tout le monde appelait ses esclaves "négros" et, à cause de cette histoire d'oppression, le mot est devenu tabou. Ce n'est pas en supprimant des livres tout ce qui nous paraît inapproprié qu'on éloignera les jeunes des mauvaises idées. En revanche, on les rendra incapables de les reconnaître. Contrairement à ce que croit Platon, les méchants sont un ingrédient crucial des contes traditionnels, pour que les enfants sachent que la méchanceté existe. Tôt ou tard, ils y seront confrontés (des brutes qui les harcèlent dans la cour de l'école aux tyrans génocidaires). [...]
Eprouver une certaine gêne fait partie de l'expérience de la lecture: il y a beaucoup plus de pédagogie dans l'inquiétude que dans le soulagement. On peut faire passer sur le billard et remodeler toute la littérature du passé, elle cessera alors de nous expliquer le monde. Si on s'aventure dans cette voie, il ne faudra pas s'étonner que les jeunes abandonnent la lecture et, comme le dit Santiago Roncagliolo, jouent à la PlayStation, où ils peuvent tuer un tas de gens sans que ça pose de problèmes à personne.
Commenter  J’apprécie          160
[A propos de l'apparition de l'écriture:]
A l'époque de Socrate, les textes écrits n'étaient pas encore un outil habituel et ils suscitaient de la méfiance. On les considérait comme un succédané de la parole orale - légère, aérienne, sacrée. [...] Pour Socrate, les livres étaient des adjuvants de la mémoire et de la connaissance, mais il pensait que les vrais savants feraient mieux de s'en méfier. [...] Socrate craignait qu'à cause de l'écriture les hommes abandonnent la réflexion personnelle. Il craignait que grâce au support des lettres, on confie le savoir aux textes qu'on se contenterait d'avoir à portée de main, sans faire l'effort de les comprendre à fond. Ainsi, il ne s'agirait plus de connaissance propre, intégrée et indélébile, partie du bagage de chacun, mais d'un appendice extérieur. L'argument est subtil, et toujours d'actualité. Aujourd'hui nous sommes immergés dans une transition aussi radicale que l'alphabétisation grecque. Internet transforme l'utilisation de la mémoire et la mécanique même du savoir. [...] Les scientifiques appellent "effet Google" ce phénomène de relaxation de la mémoire. On a tendance à se souvenir mieux de l'endroit où est conservée une information que de l'information elle-même. Il est évident que la connaissance disponible est plus importante que jamais, mais presque tout est stocké en dehors de notre cerveau. Des questions inquiétantes surgissent: sous ce déluge de données, que reste-t-il de la connaissance? Notre mémoire paresseuse est-elle en train de devenir un carnet d'adresses où chercher une information, sans trace de l'information elle-même? Sommes-nous au fond plus ignorants que nos ancêtres à forte mémoire des anciens temps de l'oralité?
La grande ironie de toute cette affaire, c'est que Platon a expliqué le mépris du maître pour les livres dans un livre, conservant ainsi ses critiques de l'écriture pour nous, ses futurs lecteurs.
Commenter  J’apprécie          150
Les scientifiques appellent "effet Google" ce phénomène de relaxation de la mémoire. On a tendance à se souvenir mieux de l'endroit où est conservée une information que de l'information elle-même. Il est évident que la connaissance disponible est plus importante que jamais, mais presque tout est stocké en dehors de notre cerveau. Des questions inquiétantes surgissent : sous ce déluge de données, que reste-t-il de la connaissance ? Notre mémoire paresseuse est-elle en train de devenir un carnet d'adresses où chercher une information, sans trace de l'information elle-même ?
Commenter  J’apprécie          150
Citation pour tous les lecteurs :

Parlons un instant de toi, qui lis ces lignes.
À présent, le livre ouvert entre les mains, tu te consacres à une activité mystérieuse et inquiétante, même si l'habitude t'interdit de t'étonner de ce que tu es en train de faire.
Réfléchis bien. Tu es silencieux/se, parcourant des yeux des rangées de lettres qui ont un sens pour toi et te communiquent des idées indépendantes du monde qui t'entoure en ce moment même.
Tu t'es retiré/e, pour ainsi dire, dans une pièce intérieure où on te parle de personnes absentes, c'est-à-dire de fantômes visibles seulement pour toi, et où le temps passe plus ou moins vite selon ton intérêt ou ton ennui.
Tu as créé une réalité parallèle semblable à l'illusion cinématographique, une réalité qui dépend juste de toi. Tu peux, à tout moment, détourner les yeux de ces paragraphes et retourner participer à l'action et au mouvement du monde extérieur.
Mals en attendant tu restes à la marge, où tu as choisi d’être,
Il y a une aura presque magique dans tout cela
Commenter  J’apprécie          140
L'irruption des conquérants romains entraîna une longue période de violence et de chaos en Méditerranée orientale, créant les conditions propices à la capture massive d'esclaves. [...] Au milieu du Ier siècle av. J.-C., il devait y avoir autour de deux millions d'esclaves en Italie, environ 20% de la population. Quand, sous le premier empire, quelqu'un eut la brillante idée de les obliger à porter un uniforme, le Sénat rejeta cette proposition avec effroi - personne ne désirait que la population esclave réalise à quel point elle était nombreuse.
Commenter  J’apprécie          140
Si le poète romain classique Martialis disposait d'une machine à voyager dans le temps pour me rendre visite cet après-midi il verrait peu de choses connues. Il serait étonné au sujet des ascenseurs, la sonnette près de la porte, le routeur pour le wifi, les vitres des fenêtres, le réfrigérateur, les lampes, le four à micro-ondes, les photos, les prises électriques, le ventilateur, la chasse-d'eau des toilettes, les fermetures Éclair, les fourchettes et l'ouvre-boîte. (...) Mais entre les livres il se serait senti chez lui, il les reconnaîtrait. Il saurait comment les tenir, les ouvrir, les feuilleter. Il suivrait les lignes du doigt. Il se serait senti soulagé, quelque chose de son monde étant resté.
Commenter  J’apprécie          110
Les livres nous aident à survivre lors des grandes catastrophes historiques et des petites tragédies de notre vie. Comme l'écrivait John Cheever, un autre explorateur du sous-sol obscur : "Notre seule conscience, c'est la littérature...La littérature a sauvé les condamnés, inspiré et guidé les amants, vaincu le désespoir et, pour cette raison, elle pourrait peut-être sauver le monde."(p.298).
Commenter  J’apprécie          110
Dans une bibliothèque, il n'y a ni frontières temporelles ni frontières géographiques. Et, pour finir, nous sommes tous invités à entrer: étrangers et locaux, personnes à lunettes, lentilles ou aux yeux chassieux, hommes à chignon et femmes à cravate. On dirait une utopie.
Commenter  J’apprécie          110

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Irene Vallejo (219)Voir plus

¤¤

{* *} .._..