Lydia Brasington

Si la princesse se tenait devant moi, je l'aurais giflée, lui aurais hurlé à la figure qu'elle n'avait pas le droit de me déserter de cette façon. Puis je l'aurais embrassée, je me serais mis à genoux et je lui aurais demandé sa main.

Je le promets. Si jamais nous sommes séparés, si d'aventure le destin nous éloigne, je traverserais les tréfonds pour te trouver.

Dans les autres juridictions de l'Est, même loin de Blackwood, peu de femmes obtiennent justice. La violence dont certaines sont victimes ne peut être caractérisée que par des coups ou des blessures physiques déclarées et avérées. Il est encore presque impossible d'obtenir réparation sur des actes passées ou de la maltraitante psychologique, faute de preuve tangible. Pourtant, notre âme n'en demeure pas moins meurtrie, éparpillée par les vents tel un morceau de cendre. Ici, c'est pire. La police n'est pas au service des petites gens et ne me défendra jamais, surtout depuis que je suis morte. Si je veux renaître, je dois le tuer moi-même, l'effacer de la surface de la Terre, le rayer de notre plan de l'existence. De nerf, j'enfonce mes doigts contre sa poitrine. Je le sens frémir : il doit surement ressentir la rage qui s'échappe de mon esprit et la haine incontrôlable qui envahit chacun de mes sens. Elle brouille ma vue, tout en laissant un gout amer sur ma langue. Mon ouïe, elle, est parasitée par un bourdonnement incessant et je sais qu'il ne s'arrêtera pas tant que je n'aurai pas obtenu justice.

Sa peur devient la mienne et l'idée de vivre dans un monde sans lui me terrifie.

- Tu ne peux pas comparer ce qui unissait Rex et moi à leur passion. Astra s'est sacrifiée pour le commandant et lui...

- ... a trahi les siens pour elle.

Il est un monstre, mais je le comprends.
Je suis devenu le même pour sauver mon étoile, celle pour qui je détruirais le monde.

Si ton corps brûlait pour quelqu'un, tu le saurais. Ton corps entier serait ta prison et ton esprit, le gardien.

Tuez moi, car la vie que vous me réservez n'est rien d'autre que la mort.

J'ai conscience des horribles conséquences de notre union; mon secret, sa responsabilité.
Mais je l'aime et mon corps ne peut cesser de la désirer.

"Je suis tout ce qui reste de la mémoire de mon père"