Molly Black

Même après sa mort, Jeremiah essayait de plaire à sa mère..

Il aimait être connu sous le nom de M, même si cela n’avait aucun rapport avec son vrai nom.
Il appréciait cette treizième lettre de l’alphabet parce qu’elle était équilibrée, il avait l’impression
de joindre deux côtés. C’était le juste milieu. Un no man’s land entre la pauvreté et la richesse, les nantis et les démunis.
Il aimait sentir qu’il comblait cet écart à chaque fois qu’il tuait.
M comme meurtre,ou comme motivation.

Elle ne pouvait pas supporter l’idée qu’un tueur en série puisse s’échapper à nouveau de cette
prison. Ils devaient retrouver Dolan dès que possible, ou de nombreuses autres vies seraient détruites.

Elle était connue pour son sang-froid au travail et pour sa
capacité à affronter n’importe quel danger l’esprit serein et les mains fermes.
Mais le traumatisme de son passé familial la réduisait à un état de misère et de détresse.
Qu’allait-il se passer maintenant ? Personne n’avait répondu à ses
coups à la porte. Ses parents étaient-ils à l’intérieur ? Sans doute, puisqu’elle entendait la télévision. Alors que se passait-il ?

C’était une dangereuse machine à tuer. Elle devait pouvoir anticiper ses faits et gestes, mais la nuit lui permettrait de progresser davantage. Elle l’imaginait en mouvement, une ombre furtive dans l’obscurité. Où allait-il ? Quel était son objectif ? Il était trop tôt pour le savoir. Elle ferma les yeux, mais son esprit continuait de s’agiter. Elle décida qu’elle ne pouvait rien faire pour le moment et qu’elle devait se reposer. Mais dès qu’elle cessa de penser à Dolan, son esprit revint sur les paroles d’Everton et ce court moment passé avec lui dans le froid et l’agitation du quartier de haute sécurité maximale. « C’est elle qui m’a supplié de la sauver. C’est celle que je n’ai jamais tuée. » Qu’est-ce que cela signifiait ? L’avait-il épargnée ? Qu’était-il arrivé à Josie ? Si elle avait été en vie, elle aurait sûrement trouvé un moyen de rentrer chez elle ? À moins qu’Everton ne l’ait emmenée quelque part ?

Les gens étaient bien trop insouciants dans cette partie du monde. Il avait même une carte routière pliée dans sa poche, au cas où le GPS de la motoneige cesserait de fonctionner. Ce brave homme n’était pas chez lui, et Dolan n’avait pas eu l’opportunité de le remercier pour les vêtements de rechange, la nourriture et les fournitures qu’il avait dans son sac à dos, sans compter la motoneige. Il était donc toujours en vie. Ça valait la peine, pensa Dolan, arborant un sourire perfide. Il repensa avec fureur à cette rencontre rapprochée dans la ferme abandonnée. Le policier aux cheveux noirs avait été rapide, beaucoup trop rapide. Dolan avait été surpris de la vitesse avec laquelle l’agent l’avait suivi. Il espérait pouvoir se cacher et se reposer plus longtemps là-bas, mais il avait été contraint de partir.

Elle savait que son passé était à l’origine de sa détermination inébranlable à attraper le monstre responsable de ces crimes en série. Elle repoussa une mèche égarée de ses cheveux bruns et l’attacha au
chignon qu’elle aimait porter au travail.

Dolan était un homme patient. Et sa patience allait enfin être récompensée. Il ne pouvait pas attendre. Il allait savourer l’événement, profiter de chaque instant. La vengeance était rarement aussi parfaite, et il allait y parvenir. Il vérifia ses coordonnées à l’aide du GPS de la motoneige. Il était sur la route et sur la piste. Alors qu’il fredonnait sur la neige, Dolan examina le trajet pour la dernière fois. Il y était presque. Juste une heure ou deux de route, avant d’affronter le bourreau qui avait détruit sa vie.

Généralement, la personnalité des tueurs changeait complètement une fois derrière les barreaux, car ils perdaient tout espoir de prouver leur innocence. Par conséquent, ils
pouvaient être à l’aise dans leur peau et ne montrer aucune empathie, amusés par l’idée de faire du mal aux autres. Taylor jurait que certains d’entre eux
étaient même soulagés d’être enfin attrapés, comme si on leur avait enlevé un fardeau et qu’ils n’avaient plus besoin de faire semblant.

C’est terrible ce qui arrive. Nous sommes tous bouleversé par ce meurtre, mais c’est comme si tout le monde nous tenait pour responsables, comme si nous aurions dû, en quelque sorte, empêcher cela. Ils nous accusent,
c’est affreux. Et ils partent en menaçant de ne jamais revenir. Nous avons déjà trois groupes qui ont écourté leur séjour, et un autre groupe a déjà annulé leur réservation. Chaque jour qui passe sera encore plus désastreux pour nous.