Catherine Cooper

Il arrive que des familles très riches réservent un chalet relativement petit comme celui-ci pour toute une saison. Ces gens-là débarquent avec les enfants, la nounou, le prof particulier, etc., ils vont et viennent en avion privé ou en hélicoptère via l'altiport de la station. Parfois, ils ne passent au total que quatre semaines sur place alors qu'ils ont payé pour plusieurs mois, ce qui signifie une marge de dingue pour nous. Certains ne skient même pas !

La montagne peut être dangereuse, il faut la respecter.

Tu te prends pour un champion parce que tu es parti en classes de neige avec tes écoles pour gosses de riches, et maintenant tu as un boulot grassement payé à la City ou je ne sais où qui rapporte suffisamment pour que tu puisses te payer un ou deux séjours par an à la montagne. Eh bien, je vais te dire un truc : tu as tout faux. C'est pour ça que tu dois payer quelqu'un comme moi, un vrai pro, pour t'accompagner sur un secteur hors-piste. Tu as beau avoir un équipement qui en jette, essayer d'employer le bon jargon, tu ne sais rien de la montagne. Rien.

Je déteste les personnes arrogantes dans leur genre, qui viennent ici une fois par an pour les vacances et se la ramènent avec leurs skis Salomon ou K2 flamant neufs. Ce qu'ils sont pénibles, à se croire incollables sur tout. Alors qu'ils ne savent rien... Absolument rien !

Les petits plats de maman n'étaient pas aussi bons que ceux de Rhonda, mais elle m'a dit qu'elle avait suivi des cours de cuisine et de " parentalité". Ça , je ne comprenais pas trop - soit on était un parent, soit on n'en était pas un -, mais bon, je la croyais.

Cette manie qu’il a de suivre mon cycle me hérisse, j’ai l’impression d’être une vache de concours. Je n’aurais jamais dû le laisser télécharger cette appli.

Nous rattrapons le deuxième type qui a eu la bonne idée de nous attendre. Après un bref rappel sur l'importance de ne pas forcer, je m'élance de nouveau, un peu trop vite étant donné la visibilité, mais je veux m'assurer de rester en tête du groupe. Ce touriste ne me doublera pas deux fois : je suis non seulement le meilleur skieur du coin, mais aussi responsable d'eux. Les clients doivent respecter la consigne, à savoir rester dans mes traces. À quoi bon faire appel à moi, si c'est pour ne pas m'écouter ?
[...]
Quelques virages plus tard, dans lesquels je fonce afin de m'assurer que personne ne me dépasse, je me retourne pour voir où en sont les clients.
Et là, je constate qu'ils ont disparu tous les deux.

J'ai déjà décrété que le ski, ce n'est pas pour moi. C'est un sport de riche, qu'il faut avoir appris tout petit comme les enfants sur cette pente, sinon c'est trop tard.

En réalité, ce qu’on appelle « le Couloir noir » n’est pas un couloir à proprement parler, plutôt une pente raide et étroite – officiellement, c’est du hors-piste, d’accord, mais vraiment tranquille tant qu’on sait où on va, comme moi. On s’élance du sommet et on redescend jusqu’au point de départ du télésiège, rien de bien sorcier : pas de randonnée, pas de peaux de phoque à enfiler, donc pas de quoi s’inquiéter outre mesure.

_Je ne pense pas que ce soit la faute de qui que ce soit, à vrai dire. En tout cas, ce sont les conclusions de l'enquête : la responsabilité de personne n'a été engagée, c'était un accident pur et simple.