À l'occasion de la 33ème édition du festival "Étonnants Voyageurs" à Saint-Malo, Nathaniel Ian Miller vous présente son ouvrage "L'odyssée de Sven" aux éditions Buchet Chastel.
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Note de musique : © mollat
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Mais si j'en crois mon expérience, les adieux sont rarement mémorables, sauf dans le cas d'une mort. Ce sont toujours des moments bousculés, gauches. On n'a jamais le temps de dire ce qu'on aurait aimé dire. On est réduit à gager que l'autre connaît ses sentiments et qu'on restera dans sa mémoire tel qu'on était.
J’avais appris depuis longtemps que, si l’on compte survivre dans l’Arctique, il faut choisir l’une de ces deux voies : imiter l’ours, qui, à l’instar du titan Cronos, n’a pas l’esprit de famille, et s’accrocher fermement à soi-même comme au dernier morceau de glace fiable dans une banquise qui se brise sous la houle. Ou, au contraire, imiter le renard qui évite les présuppositions, mais apprend vite, creuser un trou et se cramponner solidement à ceux qui vous supportent.
Ils paraissaient paisibles dans leur sommeil, le visage bouffi, rose et détendu, les cheveux en bataille, les bras grands ouverts en une démonstration exagérée de leur épuisement, comme si chaque journée était un combat, couronné par le triomphe final du sommeil.
En plus, qui ne voudrait pas être une norne ? Il n'y a quasiment pas une femme, j'en suis convaincue, qui n'espère pas qu'un jour elle sera très vieille, puissante et intouchable. Crainte et révérée. Maîtresse non seulement de son propre destin, mais de celui de tout le monde.
NB. Les Nornes (terme du vieux norrois, pluriel nornir) de la mythologie nordique sont comparables aux Dises qui règlent le destin de l'ensemble des habitants des neuf mondes de la cosmogonie nordique.
Pour ceux qui comme moi ne connaissent pas ce terme.
L'Arctique avait sa façon propre de vous rappeler que votre vie était quantité négligeable, sans importance et facilement soufflée. Même les Britanniques qui partaient dans les régions polaires en quête du sublime mouraient invariablement, ou alors ils s'empressaient de rentrer en Angleterre, trouvant qu'ils avaient été sublimés par une force bien plus terrifiante que Dieu. Si effectivement Dieu avait créé l'Arctique, il aurait contemplé ses œuvres avec effroi et stupeur, puis baissant la garde, serait tombé dans une crevasse.
Languir, c'est périr, aimait-il à dire. La torpeur, c'est la mort.
Les biens matériels. Nous ne devons pas nous y accrocher.
C'est un grand plaisir, Ormson, quand on admire quelqu'un, de découvrir qu'il est tout ce qu'on espérait.
Pour calmer véritablement l'esprit, il faut de l'isolement et du silence. Du temps et du vide.
J'avais toujours été aveugle aux gestes délicats.