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3.81/5 (sur 13 notes)

Nationalité : Algérie
Né(e) à : El Harrach , le 29/06/1967
Biographie :

Ali Dilem, ou simplement Dilem, est un dessinateur de presse algérien, né le 29 juin 1967 à El Harrach, dans la wilaya d'Alger. Il publie ses caricatures dans le quotidien algérien Liberté, dans l'émission de télévision Kiosque de TV5 Monde sur la chaîne francophone TV5, et dans l'hebdomadaire français Charlie Hebdo.

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Comment inventer l'avenir si le passé nous échappe ? 
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À Belleville peu de gens utilisent encore la cybernétique – il reste évidemment des téléphones portables, mais ils ne sont utilisés que sur les barricades – et la plupart des communautés privilégient les téléphones fixes collectifs. Nous prenons plaisir à être injoignables.
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Et nous ne pouvons qu’être pris par la peur que reviennent les “années folles“ de l'illusion démocratique où l'on tente d'oublier les millions de morts et les luttes, les pulsions et les désirs. 
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Et puis ? nous n'allons pas pour autant entrer dans la logique de l’ennemi – qui trop combat le dragon devient dragon lui même –, s’il nous faut bien rendre la justice, prendre en charge les embrouilles, parfois en venir à la bagarre et se salir les mains, nous refusons catégoriquement de recréer une police, de nous fliquer entre nous, de rétablir la torture, la prison, l’asile, la délation. 
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On fait partie de la Team Foi : on y croit.
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Nous avons besoin d’un but, pas simplement de résister : l’imaginaire des cabanes ne suffit plus.
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On glisse sous les défenses et on entre chez l’ennemi – mais lequel ? L’occupation policière est palpable, ça doit être une zone sous loi d’urgence. On se faufile sans attirer l’attention, on a l’habitude. Ca grouille, des jeunes bien habillés profitent de la paix pour acheter des fromages hors de prix. On les a appelés bobos, mais on sait que ce mot ne veut plus dire grand-chose. La frange radicale de cette classe créative a d’ailleurs rejoint la Commune, laissant une partie du bas-Belleville aux profiteurs, ceux-là même qui lèchent les cops pour se donner bonne conscience. Car on sait ce qui se passe ici.
Place de l’Orgie, les cages publiques. Des clameurs, des regards entre les barreaux. Paris montre son vrai visage. Sous le soleil d’un printemps qui n’en finit pas, plusieurs de nos camarades sont enfermés dans de grandes structures métalliques, d’anciens terrains de sport devenus prison à ciel ouvert. On n’imagine pas le calvaire que ça doit être pour nos camarades à l’intérieur. Entassés, moqués par les passants. Sans savoir quand ils seront relâchés. Des cages comme ça, y en a plein la ville. Et nous les cages on veut les ouvrir toutes.
Retour dans nos murs, on en a assez vu. On remonte Belleville puis Rébeval et les escaliers. On croise une moto caméra de la ville – dégénérescence de bubons mobiles. Elle fait pas dix mètres et se fait caillasser. L’ennemi regorge d’imagination pour nous espionner, c’est terrible.
En descendant Bolivar, on pense à l’image, à la nécessité de peut-être devoir se battre sur ce plan-là, un jour : de ne plus leur nier le droit de nous regarder mais peut-être bien de les rendre jaloux. De notre liberté, même ghettoïsée. De notre style et de nos modes de vie.
On va manger un de ces délicieux kebabs végé sous l’arbre géant de la place Bolivar. Ici, les bubons-camrés, l’arbre lui-même se charge de les faire tomber comme châtaignes. On s’assoit sous ses branches. On se dit que c’était ça, la meilleure vengeance : nous sommes toujours en vie. Après tout ce temps, après les affrontements, les raids et l’injustice, on continue à leur faire des doigts dans nos survêts italiens.
À l’angle du parc, la barricade de l’ID coupe l’avenue Bolivar et fait face aux groupes de fachos qui tiennent le 11e arrondissement. Ce que l’on appelle souvent la « queer zone de défense » est souvent en tension à cause des réserves de pétrole dans le sous-sol de la station-service, de nombreuses guerrières tiennent ici leurs positions mais, selon la légende, les débats internes peuvent parfois être aussi éprouvants que les combats.
Manquant de temps, nous évitons stratégiquement l’affrontement et nous nous engageons dans le chemin de garde qui parcourt le haut du parc des Buttes-Chaumont. Nous sommes surprises du nombre de combattantes que nous y croisons. Le haut du parc semble n’être qu’un gigantesque camp d’entraînement. Tous les sports de combat du monde sont mis en partage et les militantes se forment en autogestion aux dernières pratiques de guérilla urbaine à la mode.
Notre regard s’arrête sur les régiments bien spécifiques de joggers. Jadis esclaves du capital, ils ne peuvent s’arrêter de courir et leur incorruptible mentalité néo-libérale demande toujours plus de performance. Véritables cyborgs mercenaires, leurs corps sont outillés par la Mesure. La plupart reviennent de loin, échappés des centres métropolitains ultra-connectés, ils sont maintenant au service de la Commune. Certains d’entre eux produisent une partie de l’électricité dans des sortes de goulags souterrains dont l’existence pose question aux plus convaincus des révolutionnaires. D’autres forment des troupes de démineurs qui percent les lignes ennemies dans un écran sacrificiel.
Nous observons un instant leur va-et-vient évoquant l’accélérationnisme de nos anciens maîtres. Il est troublant de voir que ces individus – ce banquier courant dans la posture voûtée et douloureuse du pénitent ou ce journaliste sérieux et dispo dans son imperméable Libération -, ne savent pas quoi faire de leurs mains.
Outre les corps des ex-capitalistes, l’ensemble des Buttes-Chaumont est le lieu de fights régulières, d’escarmouches avec les ennemis de la Commune. Le bas du parc est en fait un no man’s land déserté, vivant les allers et retours de forces armées. L’enjeu majeur de ces combats est le promontoire rocheux où s’accroche la tour du Romantisme.
Après avoir visité par courtoisie le comité de défense réuni au local Rosa Malheur, nous nous perdons dans les petites rues de l’arrière, fuyant ce front tumultueux de la Commune. Nous prenons la plus petite rue de Paris, ruelle oubliée du plateau qui mène à la cabane en bambou, refuge végétalisé au cœur de la ville. Nous y retrouvons – grâce au plaisir simple du hasard – des ami.e.s pour prendre le thé.
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Il y des immeubles interdits, des immeubles secrets et des dédales de parking criblés de canalisations où nagent les requins- keufs – c'est ce que disent les enfants d'ici, qui ramènent parfois de faux ailerons de leurs expéditions.
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Premier départ de nos maraudes, place Krasucki, sous le Micocoulier, increvable et déjà centenaire. Une fin d’après-midi, des oiseaux en embuscade, les enfants se bousculent à la boulangerie, une équipe de zone s’arrange autour du café Voltigeur. Après une rapide visite de la barricade des Cascades – un amas de trottinettes et de vélos Uber -, nous remontons la rue des Envierges.
Échange de banalités – la vie, ça va mal et toi – dans cette rue mille fois grimpée. Puis, première dérive dans la marche programmée : et si nous entrions dans la villa Faucheur ? Là où des anarchistes avaient jadis installé la fabrique de bombes artisanales. À peine passé les portes en fer forgé, la fiction infuse dans notre esprit. Le sensible – le fer des portes ouvertes – se mélange à l’histoire – les bombes – et au présent – la cité HLM. Nous apprenons que cette forteresse abrite un jardin où il fait bon vivre et où l’on cultive les arbres de la mémoire. À n’en pas douter, la cité HLM est notre château communal, une zone à défendre quand viendront à nouveau les fascistes.
Moment de grâce dans les merisiers en fleur où notre inspection militaire prend des airs de promenade champêtre. Ce flottement de la conscience qui parut durer des années – dans notre pensée les souvenirs se baladent d’une tête à l’autre : la cité universitaire de Madrid sous les balles en 36, des gens qui s’affrontent depuis les fenêtres dans une BD de SF – c’était Judge Dredd -, nous l’appelons la théorie des blocs.
À savoir : Lorsque disparaît l’Hégémonie, les bandes réapparaissent, des pans entiers d’immeubles qui se tapent dessus de fenêtre en fenêtre ; la reconstitution tribale des étages, la surveillance des cours plus bas et parfois, parfois, quand les fafs s’incrustent encordés pour grimper les pentes inversées des façades et planter leurs drapeaux en signe de conquête, on s’amuse à renouer avec l’huile chaude. Il y a des immeubles interdits, des immeubles secrets et des dédales de parkings criblés de canalisations où nagent les requins-keufs – c’est ce que disent les enfants d’ici, qui ramènent parfois de faux ailerons de leurs expéditions.
Au moment de sortir du labyrinthe, nous croisons la Faucheuse qui habite ces tours. Nous reconnaissant, elle nous invite à une réunion du comité de défense de la zone 5 – le parc de Belleville. Nous en profitons pour lui demander comment elle pense qu’il faudrait défendre sa cité. Surprise, elle préfère nous surprendre à son tour : la défense n’est-elle pas une fermeture ? Pour l’instant, dit-elle, les portes en fer ferment bien des portes. Mais certain.e.s habitant.e.s s’organisent pour les tenir ouvertes et, s’il le faut, s’organiseront bien pour les tenir fermées.
Rue Piat. Une tour de bois et de verres en mosaïque étincelle et domine les plus hauts arbres du parc. Une seule échelle mène au sommet en dôme, à l’observatoire psychogéographique. En haut, une secte dissidente issue d’une scission de la fédération syndicale des Chouffs de Belleville médite d’un œil et surveille de l’autre toutes les routes vers Paris au sud de la Commune.
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Comment inventer l’avenir si le passé nous échappe ?
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