Guillaume Auda vous présente son ouvrage "
Jeunes à crever : attentats du 13-novembre : un procès, une génération" aux éditions
Cherche Midi.
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jeunes-a-crever-attentats-du-13-novembre-un-proces-une-generation
Note de musique : © mollat
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Ces mots, ‘Surtout ne regardez pas’, les policiers d'élite les avaient répétés machinalement aux survivants qu'ils évacuaient du Bataclan. Ils savaient d'expérience ce que produit ce genre d'images une fois imprimées sur les rétines. Une déflagration lente, sourde, abyssale. Ce sont des images qui demeurent en vous comme des racines en terre. Mais beaucoup ignorèrent la consigne. Et bien d'autres n'eurent pas vraiment le choix.
Car si vous étiez sous un corps pour vous abriter des balles, roulé en boule pour être invisible, frémissant ou respirant à peine, chuchotant ou claquant des dents, ou au contraire serrant la mâchoire pour taire vos blessures, la peur au ventre, la peur d'être trahi par le moindre de vos mouvements, ou si par chance vous parveniez à fuir entre deux chargeurs vidés puis rechargés, blessé ou valide, enjambant les corps et trébuchant parfois, sur une main, un visage, un pied, vous laissiez immanquablement traîner vos yeux sur le massacre qui avait lieu.
Nécessaire car juger c'est rétablir le droit et la norme. C'est enrayer la logique de la violence. Nécessaire, parce que la justice, c'est le retour à la normale. Et son arme la plus efficace reste le procès pénal.
Dans un procès, quand tu as 100 personnes qui pensent A, ton boulot d'avocat c'est de leur faire penser B, de démontrer qu'il peut y avoir une autre lecture possible de certains éléments du dossier. Plus largement, je dirais enfin, c'est dans les temps de crise qu'on vérifie si nos institutions se tiennent ou ne se tiennent pas. C'est justement autour d'un procès comme celui du 13-Novembre qu'on va voir si oui ou non la justice sert à
quelque chose.
Hélas, nous enseigne l'Histoire, on ne peut jamais entièrement éradiquer le mal. Il réapparaît toujours. Sous une forme ou sous une autre. Au pas de votre porte, ou à mille lieues de là où vous vous trouvez. Parce que le mal est une contradiction logée au cœur du monde. Il est en nous, il sommeille dans les plis intérieurs de l'âme, nuit et jour, prêt à surgir, à vomir. Alors à défaut de l'anéantir, on doit pouvoir le circonscrire, le soumettre, l'enfermer. C'est la corvée des hommes libres.
Certains témoins aussi, on le voyait bien, s’étaient accrochés à leurs écrits comme on s’accroche à une rampe. Quand on arrive démoli à la barre, un texte sur lequel s’appuyer, c’est parfois le dernier moyen de ne pas s’écrouler tout à fait.