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4.86/5 (sur 14 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Flore Vernier est ingénieur en biotechnologies et auteure.

Diplômée d'un Master 2 Biotechnologies pharmaceutiques de l'Université de Montpellier (2008-2009), elle a d'abord travaillé en tant qu'ingénieur et directeur d'étude dans le monde des médicaments.

Elle s'est décidée à accomplir son rêve d'enfant en nous livrant son premier roman, "La Méduse" (2023).

Elle nous plonge dans le voyage introspectif de son héroïne hypersensible sur le chemin du développement personnel mêlant humour, légèreté et biologie.

Source : www.decitre.fr
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Bibliographie de Flore Vernier   (1)Voir plus

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
C’était donc les pensées qui traversaient l’esprit d’Emma alors qu’elle se dirigeait vers le pôle emploi de son quartier, la première fois où elle eut à y aller.
Oui, elle devait tout de même s’y inscrire et aller à un rendez-vous qui n’était qu’une formalité, se disait-elle.
Elle passa la porte vitrée et se retrouva dans une grande pièce éclairée froidement par des néons. Dans le fond, les bureaux des conseillers encerclaient l’accueil central. Les parois de verre de ces pièces, comme des cages transparentes, mettaient en spectacle les entretiens des demandeurs d’emplois.
Emma s’avança pour prendre un ticket dans le distributeur. « Comme celui de la boucherie » pensa-t-elle. Elle eût alors l’étrange impression que ces cages de verre n’étaient en fait que des chambres froides laissant entrevoir la chair humaine en train d’être découpée par un maître boucher en costume cravate. Les parcours de ses gens en face de leurs conseillers étaient décortiqués, désossés et dénervés.
Les demandeurs d’emploi ou chômeurs, vidés de leur système nerveux, n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes et paraissaient même s’affaisser, se recroqueviller sur leurs chaises en face du conseiller droit comme un i.
Emma en eût un frisson dans le dos. Il lui sembla même que la température de la pièce baissait lui glaçant les os.
« Demandeur d’emploi, répéta Emma dans sa tête. C’est tellement dévalorisant comme formule. Comme si nous faisions l’aumône demandant les grâces à genoux de quelques bons samaritains nous donnant un emploi. Chômeur, ce n’est pas vraiment mieux », pensa-t-elle. Encore. Comme si par choix ou par fainéantise, les gens se traînaient en haillon à l’ombre d’un arbre pour y trouver du repos et ne pas retravailler aux champs. Non ! Nous devrions trouver une autre dénomination. Je ne sais pas moi, offreur de compétences ou employable, voilà c’est bien plus positif », conclut Emma.
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La partie de Monopoly n'était pas finie. Elle relança les dés, se remit à la recherche d'autres opportunités. C'était comme cela qu'elle se retrouva à enchaîner trois autres Contrats à Durée Déterminée CDD ou Cure De Démoralisation.
Elle utilisait beaucoup d'énergie pour ses recherches, s'adapter, être flexible, malléable. Elle n'était qu'un vulgaire chewing-gum bien mastiqué que l'on jetait ensuite.
Non, elle ne voulait pas de cela. Elle voulait un projet plus stable, à plus long terme, le fameux Contrat à Durée Indéterminée – saint Graal du demandeur d'emploi. Mais existait-il vraiment ? Emma commençait à en douter. Tout ceci n'était-il pas une légende ou un Complot Dantesque Inadmissible ?
Pendant ce temps son père lui envoyait des mails toutes les semaines pour lui raconter ses aventures autour du monde. Il finissait toujours ses messages par un je t’aime, prends soin de toi.
(...)
Elle tenta donc de postuler à quelques offres, armée de son courage. Mais elle se frotta à plusieurs refus : Malgré l'intérêt de votre candidature, nous sommes dans le regret de vous annoncer ne pas pouvoir y donner suite...blablabla.
L'échec était difficile à admettre. Marie Curie s'était prise une porte ou deux en plein visage. Finalement, malgré ses compétences, il était difficile pour elle de se vendre comme un bien, de croire en sa personne. Elle avait été habituée à un autre système de pensées.
Pour elle, on prouvait sa valeur en démontrant ses capacités au mérite, sur des résultats concrets et non sur la base d'un jeu de langage théâtral le jour d'un entretien. Dans ce cas, n'importe quel imposteur pourrait prétendre à un plus haut poste.
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Ses longs cheveux châtains ondulés et épais sont détachés aujourd’hui et forment autour de son visage une sorte de rideau souple et vaporeux. Ses yeux bleus brillants la regardent avec insistance pour parcourir les contours fins de son visage aux traits encore juvéniles. Elle approche de la trentaine mais le temps n’a pas vraiment laissé de traces trop marquées sur son visage.
« J’ai un air de méduse, se dit-elle en souriant. Je suis transparente comme elle, pense-t-elle, sans le côté urticant et envahissant qu’on lui reproche. »
Emma baisse les yeux puis se regarde à nouveau sans sourire, cette fois-ci et continue de se parler à elle-même :
« Emma Durand, comment faire un nom plus passe-partout. Emma est l’un des prénoms féminins le plus donné en France et Durand, n’en parlons pas, soupire-t-elle.
Mais finalement peut-être que ce ne sont pas ceux que l’on voit le plus qui ont le plus de choses à dire. »
(…)
Mais si elle s’intéresse particulièrement aux méduses, c’est à cause ou plutôt grâce à ses sens. Voilà un atout qu’Emma partage avec ses gluantes amies marines. Elle a toujours eu l’impression d’avoir des antennes qui lui faisaient voir, plutôt percevoir, le monde autour d’elle en stéréo.
Un jour quelqu’un lui a dit qu’elle était hypersensible, comme si cela pouvait être une sorte de faculté extraordinaire à la manière d’un super héros.
Elle avait souri un instant s’imaginant telle Wonder Woman agitant son lasso de la vérité mais avait vite oublié ce compliment enterré par les moqueries et railleries de ses amies de l’époque.
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Il y a certains milieux où être strict est important. L’image de quelqu’un de compétent et responsable passe par un costume triste. Quelqu’un qui voudrait rayonner au travers d’un costar de couleur vive serait pris pour un hurluberlu ! Tiens ce mot, il viendrait peut-être de l’anglais hurly-burly qui se traduirait par tumultueux en français. », avait-elle lu il y a peu.
Elle marqua un petit temps de repos dans sa réflexion en progressant sur le trottoir.
« Le tumulte est-il forcément étrange ? Les vagues, qui viennent quelque peu ébouriffer les algues au fond des mers, ne sont pas toujours mal venues. Tiens nos méduses sont bien contentes de pouvoir voyager grâce au tumulte des océans. 
Et notre hurluberlu alors… Il ne fait pas parti du groupe. Il ne colle pas à l’image que l’on se fait d’un emploi, d’une fonction, du monde sérieux. C’est en ça qu’il est farfelu, extravagant, déraisonnable. », finit-elle par se dire.
Heureusement, Emma était habillée en noir aujourd’hui : un chemisier noir, un jean noir, un trench coat noir. Seules ses chaussures argentées et son écharpe bleu canard étaient un peu plus tape à l’œil. Elle pourrait se noyer dans le groupe, bien cachée et peut-être même s’y perdre.
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Emma rentre chez elle à pas lents et retourne dans sa tête à maintes reprises les mots du médecin : dépression, magnésium, alimentation, repos, des choses qui vous font du bien …
Cette dernière phrase glissée par le médecin taraude Emma parce qu’à vrai dire, elle ne sait pas y répondre.
« Qu’est ce qui me fait du bien ? Quels sont mes passe-temps dans la vie ? » se demande-t-elle.
Emma a l’impression qu’on lui a posé une colle comme on dit. Pourtant, cela ne semble pas être une question si difficile que cela. A part ses études, rien ne l’a vraiment jamais passionnée dans la vie en fait. Elle aime les petits bonheurs de la vie : un bon livre sous un plaid douillet au creux de son canapé, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée qui envahit l’atmosphère au printemps ou de la route mouillée après un orage durant une chaude journée d’été. « Ce n’est pas cela être heureuse ? » pense Emma.
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Elle est célibataire mais ne cherche pas vraiment à tout prix la vie de couple. Elle préfère observer le monde de son point de vue à elle et essaye de ne pas plier sous les injonctions de la société.
« Tu n’as pas de vrai boulot, pas de mari, pas d’enfant mais c’est quoi la vie pour toi ? lui a-t-on dit une fois.
- Pas la tienne visiblement », avait-elle rétorqué.

« Pourquoi ne pourrions-nous pas nager à contre-courant, se demande Emma. Pas facile pour une méduse soit dit en passant. Et tout ça en se regardant quelques minutes dans le miroir… Il vaut mieux ne pas y passer trop de temps finalement, comme dirait ce bon vieux Narcisse. » conclut-elle.
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Emma rentre à pied dans un Paris survitaminé. Elle marche au ralenti dans le flot de véhicules et de personnes qui s’activent autour d’elle. Elle se sent comme une méduse portée par le courant. Une méduse, cet animal mou et gélatineux, dépourvu de squelette, de cerveau et de poumon.
« Comme la vie d’une méduse doit être douce, se dit-elle. C’est un animal fascinant par sa beauté tout de même. Il fleurit océans et mers de ses ombrelles, tentacules et bras décoratifs. »
Emma se laisse porter par le courant et ses pérégrinations mentales.
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Au travers de son métier de chercheuse, elle a aussi réalisé à quel point l’infiniment petit est un univers aussi vaste qu’un système solaire. Elle peut chercher à l’infini, elle n’en verra jamais la fin.
La vie, quant à elle, a une fin. Aussi stressant que cela puisse paraître, cela la rassure car il y a un début et une fin à tout. Le tout est de profiter le plus possible entre le point A et le point B.
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Nous choisissons nos compagnons de route sans avoir pleinement conscience de la raison.
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