Mon corps a beaucoup trop conscience de la proximité du sien. Il joue avec le feu si sa main ne quitte pas ma taille dans les prochaines secondes. L’espace d’une inspiration, le temps se suspend, comme si un frisson le parcourait. La profonde conviction que jamais il ne me lâchera naît en moi, que ce contact est scellé, immuable. Un lien tissé entre nous, léger et doux comme la soie, aussi violent et impalpable qu’un arc électrique. Et puis ses muscles jouent, ses doigts se desserrent, ne laissant que des empreintes résiduelles, froides sur ma peau. Je cille, j’ai l’impression de me réveiller d’un rêve, de revenir à moi après un moment d’absence. Tellement bizarre.
Une force inattendue me propulsa en un fabuleux bond en avant. Je me retrouvai, les bras tendus devant moi pour compenser la perte d'équilibre, à deux mêtres de la porte, ouverte en grand sur mon Don Juan n°2 du jour.
— Alors, pourquoi suis-je ici ?
— Pour tes viols. Vois-tu, je rends la justice, et, même si l’une de tes victimes a un cœur d’or, ce n’est pas le cas des six autres. La question que tu dois te poser maintenant est : laquelle me paie. Un pistolet entre lui et moi, le canon pile entre ses yeux bleus.
Moi, je ne laisse pas de seconde chance. Je vois un méchant, je le bute.
Bien, alors on fait quoi ? On continue à menacer tout le monde d’une balle dans le crâne, ou on se pose et on discute ?
Je n'aurai jamais cru penser ça un jour, mais selon toute vraisemblance, nous avions trop tardé à me sacrifier.
[Elin]
Je ne m'attendais pas à mourir tout de suite, mais s'y attend-on vraiment un jour ?
[Kjell]
Je suis à moi. Mais je ferai une exception pour toi.