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3.27/5 (sur 101 notes)

Nationalité : Japon
Né(e) à : Tōkyō , le 23/03/1960
Biographie :

Yōko Tawada est une romancière japonaise.

Elle a étudié la littérature russe à l’université de Tōkyō et conservé d'un père communiste une attirance pour la patrie de Lénine. Enfin diplômée de littérature russe, rien de plus naturel que de s'embarquer à bord du transsibérien à 19 ans ... Elle ne s'est pourtant pas arrêtée longtemps à Moscou, mais a continué son voyage jusqu'en Allemagne, où elle s'est installée à Hambourg en 1982.

Une fois en Allemagne et après un stage en librairie elle est arrivée à l'université pour reprendre ses études, en littérature allemande, cette fois, publiant une thèse de doctorat intitulée Spielzeug und Sprachmagie in der europäischen Literatur. Eine ethnologische Poetologie (Jouet et magie verbale dans la littérature européenne, Une poétologie ethnologique, 2000).

En parallèle, elle a rapidement commencé à publier ses textes, d'abord traduits du japonais, ensuite des œuvres entièrement écrites en allemand.

Depuis 2006 elle vit à Berlin quand elle n'est pas écrivaine en résidence dans une université ou en tournée de lectures.

Elle mène de front ses deux carrières littéraires, allemande et japonaise, très variées : roman, proses brèves, théâtre, poésie, théorie littéraire. Elle a été souvent récompensée dans les deux langues.

Au Japon, elle a reçu le prix des jeunes auteurs décerné par la revue Gunzô pour son roman Sans talon, en 1991, puis le prestigieux Prix Akutagawa en 93 pour Le Mari était un chien.

En Allemagne, elle a été distinguée par le prix d’encouragement aux jeunes auteurs de la ville de Hambourg en 1990 et, en 1996, par le Prix Adalbert-von-Chamisso, réservé à des écrivains d'origine étrangère écrivant en allemand. Plus récemment, elle a reçu la médaille Goethe en 2005.
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (128) Voir plus Ajouter une citation
Yoko Tawada
Tawada s’amuse des lacunes de chaque idiome (« les langues sont faites de trous »), comme des circonlocutions prudentes de sa langue natale. « En japonais, “je t’aime” se dit “watashi wa anata ga suki desu”. » Ce qui, retraduit mot à mot, donne : « En ce qui me concerne, tu es désirable.
( Elle vit en Allemagne, publie en allemand et en japonais ).
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Yoko Tawada
Je ne décide rien, c'est le livre qui décide. Je suis juste une partie de cette littérature qui vient de partout.
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La gare avait un air quelque peu anormal. Il y avait étrangement peu de monde sur le quai et le personnel semblait nerveux, comme s'il cachait quelque chose. Mais ça ne se fait pas d'attraper un employé pour lui demander ce qui se passe. Il ne vous restait plus qu'à les observer sans rien dire. La gare entière semblait jouer à cache-cache, et pas moyen d'y voir clair.
(Incipit)
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Dans les pays industriels, seuls les enfants ont droit à des vêtements très colorés. Les adultes, eux, doivent s'orienter vers des coleurs ternes. Même le temps de Hambourg est parfois plus coloré que les passants de la ville.
Renoncer aux couleurs fait partie intégrante de la fierté du Nord réformé. L'absence de couleurs lors des cultes à l'église Saint-Michel m'impressionnait toujours. L'esthétique des incolores a non seulement décoloré leurs propres cérémonies et rituels, elle a aussi lavé les statues antiques grecques pour les placer dans les musées, ou encore elle a découvert au Japon l'esthétisme sévère des maisons de thé. Sans Bruno Taut, l'architecture sans couleur du palais de Katsura ne se serait pas imposée comme la norme de la beauté japonaise. Aujourd'hui, quand on voyage avec les hôtes d'Europe du Nord, il faut taire son amour pour le temple coloré de Tôshôgû à Nikkô.
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Quand j'apprends une catastrophe, mon coeur se met automatiquement à battre plus lentement et je deviens calme comme sous l'effet d'un tranquillisant. Pour survivre à une catastrophe naturelle, il faut éviter d'être^pris de panique et d'imaginer un tableau dramatique. C'est au Japon, semble-t-il, que j'ai appris inconsciemment à adopter cette attitude comme technique de survie. Et en effet, au Japon, après un séisme, les gens se font calmes, patients, affables et serviables, excepté ceux qui ont à déplorer une perte.
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Le 5 mai 1951, interrogé sur la différence existant entre les Allemands et les Japonais, le commandant en chef des forces alliées Douglas MacArthur répondit que si l'on comparait la culture anglo-saxonne à un homme de quarante-cinq ans, alors que la culture allemande avait à peu près le même âge tandis que la culture japonaise avait douze ans. Selon lui, les Allemands avaient sciemment commis une erreur pendant la guerre et ils devraient la corriger d'eux-même à l'avenir, tandis que le Japon avait commis la même erreur, mais par ignorance. Une argumentation qui non seulement rendit MacArthur impopulaire au Japon, mais servit aussi à légitimer l'ingérence dans la politique japonaise.
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Le train en provenance de Vienne arrivait dans cette ville à dix heures et demie passées. Vous deviez tuer le temps; quelle expression répugnante ! Comme si le temps était une mouche . 'Time flies like an arrow'. Le temps vole comme une flèche. La lumière et l'ombre sont comme des flèches. Vous avez lu la veille un article qui commentait la traduction de cette expression par un logiciel de traduction :"temps-mouches aiment une flèche". Il y avait donc une espèce de mouche qui s'appelait temps-mouche. Mais en attendant le train de nuit, le temps ne passait pas plus comme une flèche qu'il ne s'envolait comme une mouche. C'était exactement le contraire, il était comme un escargot. Il laissait derrière lui une trace luisante. Etait-il visqueux au toucher ? Sa trace était comme des rails. L'escargot était -il une sorte de train ? Avec ses deux antennes sur la tête, on aurait dit qu'il communiquait à distance avec quelqu'un.

(Voiture 10, Destination Hambourg, p101)
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Yoko Tawada
Je me pose toujours la question à propos de la soeur. Je ne sais pas comment il faut comprendre ça quand quelqu'un dit avoir une soeur. Ce mot n'est pas clair. -Comment ça, pas clair? -Supposons qu'il n'y ait pas de mot correspondant au mot soeur mais deux mots différents : ané pour soeur aînée et imooto pour soeur cadette. On aurait soit une imooto, soit ané. La sensation d'avoir une soeur n'existerait plus. En revanche, on connaîtrait soit la sensation d'avoir une ané, soit celle d'avoir une imooto. Ce sont deux sensations différentes. -Parles-tu d'une d'une langue imaginaire ou du japonais? -Cela fait-il une différence pour toi? Supposons qu'on emploie aussi ces deux mots, ané et imooto, pour désigner des belles-soeurs. La Femme d'un frère aîné est aussi une ané. Une seconde! Je n'arrive pas à digérer aussi vite. Plus lentement! -Et on peut dire la même chose pour des parents de sexe masculin. Un frère aîné s'appelle ani, un frère cadet otooto. -Oto et encore une fois oto? Alors deux fois oto?
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À Hambourg, ou jamais elle ne prenait le train urbain sans avoir un auteur français avec elle, jamais Yuna ne serait posé la question de savoir pourquoi elle ne voulait pas apprendre le français. Cette vieille interrogation dont Yuna ne s'était jamais souciée se présenta à elle en gare de Bruxelles. Bruxelles, ce n'était pas le but de son trajet, ce n'était qu'un point d'interrogation sur le trajet. Elle avait une correspondance à y prendre et cette question à se poser : pourquoi n'ai-je pas voulu apprendre cette langue et pourquoi ne me suis-je jamais demandé à quoi cela tenait? Yuna regarda sa montre-bracelet comme si les chiffres du cadran pouvaient lui livrer réponse. Il restait encore du temps avant que n'arrive le train par lequel elle poursuivait son voyage jusqu'à Bordeaux. Elle alla dans un café à tables hautes de la gare et commanda un express. Elle s'y trouva environnée de voix parlant un français dont la mélodie lui sembla plus violemment que étrangère jamais. Fais attention! Quelque chose d'inconnu, peut-être même de dangereux, t'y attend. Cette mise en garde la secoua, son coeur battit plus nettement qu'auparavant, son sang circula plus vite, elle se mit à avoir chaud. Elle respira plus profondément, plus vite, se mit sans arrêt à changer de posture. Sa nervosité ressemblait à une sensation de bonheur. Peu Après, un couple d'un certain âge se plaça près de Yuna, il parlait en néerlandais. Elle dit apaisée par la sonorité de cette langue qui lui donnait la sensation de ne pas être encore bien loin de chez elle. Bruxelles, est-ce loin ou près? Qui donc sait répondre à cette question embrouillée? Tour coeur est pris dans au moins un -sinon plusieurs- conflit de langues. Chaque tête contient une carte déformée de l'Europe. Sur la carte de Yuna, Bruxelles était partout sauf là où elle aurait dû se trouver. Il n'y avait qu'un trou. Un nom depuis longtemps oublié lui revînt à l'esprit : Viviane. Au même instant, Yuna déchire si maladroitement le bâtonnet de sucre que de la poudre blanche se répandit sur le sol noir en ardoise. Elle essaya de balayer discrètement avec ses chaussures mais n'osa pas aller ensuite reprendre un sachet de sucre à la caisse. Le goût amer de l'express fit revenir Viviane, elle se tenait devant Yuna.
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Une mélodie ondoie sur l’écran, mon champ de vision est recouvert par la surface trouble de l’eau. Des hommes et des femmes, apparemment vietnamiens, manœuvrent les rames et gouvernails de bateaux ailés comme des dragons. Quelques secondes seulement passent et déjà votre nom apparaît, en caractères roses. C’est comme toujours le sommet du film, à couper le souffle. Avant que le titre ne soit dévoilé, avant que ne commence l’histoire, votre nom doit surgir du fond des mers. Sans ce nom, pas d’actrice, sans actrice, pas d’Éliane Devries censée avoir vécu en Indochine, sans Éliane, pas d’histoire à raconter. Sauf à Paris, sur l’écran, jamais je n’ai vu de pays qui se nomme Indochine.
La voix off était la vôtre. Je ne comprenais pas ce qu’elle racontait, mais je la reconnaissais. Et comme je ne comprenais pas le contenu, la voix était là pour elle-même, pleine d’assurance, souple dans ses accents et ses graves. J’y entendais respirations et frictions, soupirs, parfois aussi une brûlante chaleur faite voix. C’était la première fois que vous parliez dans un film avant même de vous montrer. Votre voix venait des vagues, des voiles, du vent, des hévéas.
Avant le début de l’histoire, quelqu’un est mort. Votre voix parle, semble-t-il, de cette personne défunte. Éliane, vêtue de deuil, est debout devant un autel, le visage encadré d’un voile noir. À son côté se tient une fillette qui n’a pas plus qu’un tiers de sa taille. La fillette, sans lever les yeux, saisit la main d’Éliane comme si ce droit allait de soi. Le visage de la fillette, si jeune qu’on croirait pouvoir discerner sur sa peau les marques des langes, a pourtant déjà une dignité.
Éliane et la fillette ne peuvent être du même sang. La fillette ressemble beaucoup à quelqu’un. Je n’en crois pas mes yeux, mais c’est bien à moi qu’elle ressemble, telle que je suis sur une ancienne photo datant de mon enfance. Les parents de la fillette sont morts, je suppose, et Éliane l’a adoptée. Les vêtements et l’atmosphère de la cérémonie révèlent la position sociale élevée des défunts.
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