Les librairies sont des endroits où je me suis toujours sentie à ma place.
Bon nombre de génies étaient insomniaques : Groucho Marx, Vincent Van Gogh, Thomas Edison... Je suis en bonne compagnie.
Mes parents ne remarquent même pas mon absence. Je suis une fille très occupée, après tout. J'ai toujours une collecte de fonds, du bénévolat ou une répétition en vue.
Ou une liaison interdite par- ci, par là.
Les apparences sont parfois trompeuses, lancé-je, avant de me maudire aussitôt.
Je me sens seule au milieu de tous ces visages inconnus, en décalage avec tout le monde, pas à ma place. Vu de l'extérieur, ces jeunes me ressemblent, mais il est clair que je ne suis pas des leurs. Ce soir, la vérité me saute au visage : rien ne cloche chez eux, c'est dans ma tête que quelque chose ne tourne pas rond.
" - C'est idiot, je le sais, parce que c'est ce que toute le monde dit, finit-il pare lâcher. Mais tout va s'arranger."
" Parfois, on passe sa vie entière à essayer de cerner qui l'on est."
Il doit tellement avoir l’habitude que les filles lui tombent dans les bras, je devrais me comporter différemment. Je ne suis pas comme les autres, après tout. Pourtant, au lieu d’aller au sport, j’ai couru à la maison pour retoucher mon maquillage, comme Kolbie me l’a appris (enfin, en version plus soft) et me suis apprêtée spécialement pour Alex Belrose.
— C’est adorable, dit-il, tu n’étais pas obligée.
— Je n’étais pas vraiment d’humeur.
Il remplit un second verre de vin, dont il boit une gorgée.
— Je suis content que tu sois là, Riley. J’avais envie de te voir.
Je lutte contre un sourire naissant et le besoin de baisser la tête pour soutenir son regard.
— Moi aussi, Alex.
— Mon Dieu, qu’est-ce que j’aime quand tu m’appelles par mon prénom.
Au son de sa voix, je suis parcourue de frissons dans tout le dos.
Griffonné à la hâte en haut de la feuille, ce n'est pas le 19 ou le 18, que j'ai tant l'habitude de découvrir sous la plume de Belrose. Ni même un 14 ou, Dieu m'en préserve, un 10.
Je n'ai pas la moyenne.
Sur un devoir que je sais absolument excellent.
De l'autre côté de la table, Neta me lance un clin d'oeil. Je résiste à la tentation de lever les yeux au ciel - comme si je ne savais pas flirter... ça n'a rien de difficile, pourtant. Il suffit de jouer sur les trois cordes sensibles des garçons ivres en soirée :
1) de la bière
2) du sport (quel qu'il soit)
3) une bonne dose de sensualité
Et voilà, c'est plié.
Ce n'est pas sorcier, ça ne s'apparente même pas à un défi. Et soyons honnête... ce n'est pas franchement palpitant.