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3.32/5 (sur 108 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1962
Biographie :

"Anne Garréta est née en 1962 à Paris. Normalienne, elle a publié en 1986 un premier roman, "Sphinx" salué par la critique: il narrait une histoire d'amour entre deux personnages dont on ne pouvait connaître l'identité sexuelle.
Après ce brillant travail sur la "grammaire du genre" et un pamphlet sous forme de dialogue,"Pour en finir avec le genre humain" , Anne Garréta entame une carrière universitaire aux Etats-Unis, passe un PhD en littérature française sur les "fins de roman" aux XVIIème et XVIIIème siècles, enseigne quelques années à Princeton.
Elle publie en 1990 "Ciels liquides", roman qui s'attache cette fois à décrire la descente aux enfers d'un personnage qui perd l'usage de la langue.Entre 1991 et 1992 elle séjourne à Rome à la Villa Médicis. Depuis juin 2000, Anne Garréta est membre de l'Oulipo.
Son troisième roman, "La Décomposition", publié en 1999, met en scène un serial-killer utilisant comme modus operandi les personnages d'"A la Recherche du temps perdu" de Marcel Proust.

En septembre 2002 est sorti "Pas un jour" (éditions Grasset), "roman" de douze chapitres rédigés en deuxième personne, digression sur et tentative d'épuisement du désir, traversé par d'autres thèmes connexes tels que la remémoration, l'analyse des situations, l'impossible reconstruction du monde. Quant aux buts affichés, citons au moins ces deux phrases en guise d'introduction imparfaite: "Digresser ou différer tes désirs"; "se déprendre de soi-même".

Anne Garréta est aujourd'hui maître de conférences à l'université de Rennes II, enseigne en alternance aux Etats-Unis.

Tous ses romans sont publiés chez Grasset (à l'exception de "Pour en finir...", chez François Bourin. Autres publications: La nouvelle "La Pyramide" publiée en 1991,"Vol", nouvelle publiée dans le n°7 du Serpent à Plumes (1990), "Nuits" publié dans le numéro 24 (1994) de cette revue.

Le 7 novembre 2002, Anne Garréta a obtenu le prix Médicis pour son roman, "Pas un jour"."

En 2009, elle écrit "Eros Mélancolique", avec un autre membre de l'Oulipo, Jacques Roubaud.

Source : http://cosmogonie.free.fr/garreta.html

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Chapitre 1

Me souvenir m'attriste encore à des années de distance. Combien au juste, je ne sais plus. Dix ou treize peut-être. Et pourquoi me faudra-t-il toujours ne vivre qu'en souvenir, en mémoire ? Ame en quête d'incarnation, mais lourde déjà de trop de savoir ou corps fatigué de s'éprouver pensant et impuissant à la fois, tant l'a traversé cette obsession d'un ennui dont rien ou presque ne le divertit plus. A l'époque, si je me souviens bien, je décrivais le monde comme un théâtre où auraient dansé, au bal macabre des pulsions, des théories de cadavres. Contemption et vocifération ne m'empêchaient pourtant pas de traquer la décomposition de valse en valse amoureuse. Nuits alanguies à dériver au gré de scansions syncopées, pulsations brèves; la voie de l'enfer s'étoilait de sourdes lanternes; un fond d'abîme se rapprochait indéfiniment; aux parois lisses du tourbillon dans lequel je me mouvais, je discernais les images déformées de corps extatiques, dans le râle lent et rauque des tortures de la chair à vif. Mais je glissais et ne pouvais m'éprendre, m'interrompre et faillir à mon destin de fuite fascinée. Était-ce vraiment une imposture que d'aller nier la grâce là où je ne pouvais pas croire qu'elle ne résidât pas? Était-ce une hérésie de soutenir que la lucide traversée de l'enfer est voie directe de rédemption ? « Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais pas trouvé; tu ne me désirerais pas si tu ne m'avais pas un jour tenu dans tes bras. » Ses bras, douceur intense, série de scènes qui encore à ma mémoire font l'effet d'une illumination charnelle. A*** dansait: j'ai passé des soirées à guetter son apparition sur la scène de l’Éden, cabaret bon ton de la rive gauche. Et qui ne se fût épris de cette charpente élancée, de cette musculature comme modelée par Michel-Ange, de ce satiné de peau dont rien de ce que j'avais connu jusqu'alors n'approchait ? J'officiais à l'époque cinq soirs par semaine comme disquaire à l'Apocryphe, boîte de nuit à la mode en ces années-là.
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ANTE SCRIPTUM

Que faire de ses penchants?

Il s’agirait d’écrire autre chose, autrement que tu ne fais d’habitude. Une fois encore, mais par un autre tour, te déprendre de toi-même. Te déprendre des formes que revêt cette déprise et tenter de différer un peu plus encore de ce que tu crois être. Si tu ne conçois plus écrire autrement que par longues et méditées constructions, n’est-il pas temps d’aller à l’encontre?

Le roman prochain que tu entrevois et dont tu rumines les calculs, te prendra des années à rechercher, composer, écrire. Tu as pitié de tes quelques lecteurs et te soucies de ne pas outrepasser toujours leur patience et bonne volonté. Tu leur voudrais offrir entre temps ce que tu les soupçonnes désirer: un divertissement, l’illusion d’un dévoilement de ce qu’ils s’imaginent un sujet. Car ils te supposent — faiblesse commune et jusqu’à encore peut-être quelque temps de l’avenir, inéluctable — un moi.

Comme tu n’as pas le coeur de leur dire (d’ailleurs, ils refuseraient de te croire, car cela est une effrayante nouvelle tant que nous n’aurons pas fini de cuver l’ivre-mort de notre petit moi) que nul sujet ne s’exprime jamais dans nulle narration, tu as résolu de feindre au moins d’emprunter la pente que l’on croit de nos jours naturelle, et te contraindre délibérément au genre de l’écriture qu’on disait autrefois intime. Raconter sa vie, on ne fait plus que cela semble-t-il aujourd’hui, et encore, sous l’angle censé depuis plus d’un siècle lui donner sens, en être la clef universelle. Bref, le passe-partout de la subjectivité: le désir.

Et tu pourras dire comme — et contre — Rousseau, celui-là même qui a inauguré ou achevé notre corruption: “Il faut des spectacles dans les métropoles de l’ère post-moderne, et des confessions aux peuples idolâtres. J’ai vu les moeurs de mon temps et j’ai publié ces récits. Que n’ai-je vécu dans un siècle où je dusse les jeter au feu.”

Cette ironie te réjouit avant même d’avoir écrit une ligne. Tu joueras à ce très vieux jeu devenu la marotte de la modernité qui renâcle à se désenchanter pour de bon: la confession, ou comment racler les fonds de miroirs.

Un jour de septembre 1835, dans une allée près du lac Albano, Stendhal ou Henri Beyle ou Henri Brulard — on ne sait lequel… peut-être tous à la fois — trace dans le sable les initiales des femmes qu’il a aimées: V, An, Ad, M, Mi, Al, Aine, Apg, Mde, C, G, Aur et enfin Mme Azur. De cette dernière, le prénom lui échappe. Liste de Don Juan malheureux: “Dans le fait, je n’ai eu que six de ces femmes que j’ai aimées.”

H.B. te présente là l’esquisse d’un projet, mélancolique et d’une ironie cruelle, qui conviendrait bien à ta convalescence: l’alphabet bégayant du désir.

Quitte à contrarier tes habitudes et tes penchants, autant systématiquement le faire. Voici l’ascèse que tu as pour toi réglée (on ne peut plus radicalement différer ni dissembler de soi-même que tu entreprends ici de le faire). Elle tient en une maxime: pas un jour sans une femme.

Ce qui veut dire simplement que tu t’assigneras cinq heures (le temps qu’il faut à un sujet moyennement entraîné pour composer une dissertation scolaire) chaque jour, un mois durant, à ton ordinateur, te donnant pour objet de raconter le souvenir que tu as d’une femme ou autre que tu as désirée ou qui t’a désirée. Le récit ne sera que cela, le dévidage de la mémoire dans le cadre strict d’un moment déterminé.

Tu écriras comme on va au bureau; tu seras fonctionnaire de la mémoire de tes désirs, trente-cinq heures par semaine. Ni plus ni moins que cinq heures par initiale.

Tu les prendras dans l’ordre où elles te reviendront à l’esprit. Tu les coucheras ensuite dans l’ordre impersonnel de l’alphabet. Au diable la chronologie.

Tu t’interdis d’utiliser tes instruments habituels: pas de stylo, rien que le clavier (ne s’agit-il pas de recorder?). Pas de brouillon, pas de notes recueillies dans un cahier, pas d’architecture réfléchie et composée, nulle autre règle que celles, purement matérielles et logistiques, que tu donnes à l’acte.

Nul autre principe que d’écrire de mémoire. Ne visant pas à dire les choses telles qu’elles eurent lieu, non plus qu’à les reconstruire telles qu’elles auraient pu être, ou telles qu’il te paraîtrait beau qu’elles eussent été, mais telles qu’au moment où tu les rappelles elles t’apparaissent.

Au fil du clavier, tu décimeras purement tes souvenirs. Et qu’importe si, au terme de tes cinq heures de remémoration, rien n’aura été consommé. S’agit-il de savoir si on a eu les femmes qu’on a désirées …? L’écriture au risque de la mémoire est méandre et incertitude comme le désir, jamais assuré de sa fin ni de son objet.

Ni rature, ni reprise, ni biffure. Les phrases comme elles viendront, sans les comploter. Et interrompues sitôt que suspendues. La syntaxe à l’avenant de la composition...

Enfin peut-être parviendras-tu, dans la faible mesure de tes moyens, à émuler tes contemporains, racontant leur vie, pissant de la copie de vécu — et s’y croyant.

Tu aurais pu faire mieux et tenir un journal. Mais tu n’as pas le talent de tes contemporains. Au jour le jour, tu n’aurais rien eu à rapporter: il ne t’arrive jamais rien qu’en mémoire. Tu ne saisis l’instant que dans le souvenir lointain, qu’après que l’oubli a donné aux choses, aux êtres, aux événements la densité qu’au jour, évanescents, ils n’ont jamais. Tes jours sont de vapeur, de buée imperceptible. Le monde (et toi de même) est fantôme que seul le temps, la nuit du temps rend visible et dans le même instant efface. En plein jour, ils ne portent pas même d’ombre. Sensibilité de plaque photographique, qui ne se révèle que lentement. Et qui, il te semble, ne connaît pas de fixateur: ramenée à la lumière de l’écran, de la page et tenue trop longtemps sous le regard, la mémoire se dissout sans rémission. Il n’en reste que l’image de l’image, le cliché pris à l’occasion de la remémoration. De copie en copie du souvenir, il pâlit, bouge. N’en demeure bientôt que la caricature — et les détails seuls que le regard, s’appesantissant, a grossis.

Tu te concentreras et te dissiperas ainsi d’un même mouvement. Tu te dissiperas en pensée, tu t’adonneras à un libertinage mental à heures fixes, et purement discursif, toi qui depuis une éternité as renoncé au libertinage, et devenue d’une simplicité de moeurs que tes contemporains ne sauraient croire. Et que tu n’eusses certes jamais pu imaginer lorsque tu te croyais contemporaine de toi-même.

Tu te dissiperas en pensée, et pour te divertir des désirs que tu pourrais encore éprouver, que tu risques toujours d’éprouver quand bien même tu as appris à en déjouer les ruses les plus triviales.

Disons que c’est un beau soir d’été, qu’après trois mois passés allongée sur ton divan à attendre que se consolide la grosse fracture qui t’a laissé dans la jambe droite deux plaques de métal, treize vis et le loisir d’analyser les nuances subtiles de la douleur physique, le goût de la morphine grenadine, de t’émerveiller de la chance que tu as eue, tout bien considéré, de te sortir à si bon compte d’un accident absurde, car lorsque tu en as développé le souvenir, tu as enfin vu qu’il aurait pu te coûter ta vie ou ton corps, le divisant au gré d’une paralysie plus ou moins grave, qu’après donc trois mois et un renouvellement de bail avec la vie, avec le mouvement, c’est un bien beau soir d’été, un soir où le corps enfin libre de trop de douleur, retrouve dans le désordre tous ses appétits, celui de la danse, celui des autres corps, celui des femmes. Il suffirait d’aller s’asseoir à la terrasse d’un café, regarder les passantes. Le désir sûrement dévalerait sa pente, naturellement assez abrupte, et avant même de le savoir sans doute te serais-tu créé des souvenirs de plus.

Il en est du désir comme de la douleur — tu l’as appris de ton accident. C’est la surprise qui les rend incontrôlables. Se réveiller de leur absence brutalement, ils emportent tout. Les tenir en lisse demande sang-froid, attention et régularité.

Dissiper, esquiver ou digresser tes désirs, telle est la finalité de cette petite expérience que tu tentes et dont tu espères qu’elle suffira à te mener jusqu’au moment de monter dans l’avion qui te transportera outre-Atlantique sur l’autre bord du désir. Ou pour le dire autrement, toi qui fus longtemps frivole, d’une frivolité que sans doute les récits que tu entends dévider chaque jour de ce mois de juillet 2000 risquent d’illustrer assez, toi donc qui fus longtemps frivole, et dont la pente naturelle (c’est-à-dire certainement humaine, et aggravée de toute la surestimation française de cet art d’être volage qui confond la grâce et la légèreté, les plaisirs de chair et ceux de vanité) est loin d’être aplanie, t’es délibérée depuis certain temps déjà de ne plus vivre dans la sujétion de désirs désordonnés.

Car la vie est trop courte pour se résigner à lire des livres mal écrits et coucher avec des femmes qu’on n’aime pas.
© Editions Grasset & Fasquelle, 2002
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Préface

Il était peut-être quatre heure et demie. Quatre heure et demie du matin. Je lisais. Mon ordinateur s’est réveillé de son sommeil; il a émis un klang; la routine de consultation du courrier venait de rapatrier un message. Ce message, expédié à 4:10 a.m., provenait de Jacques Roubaud.



Il y a longtemps que Jacques Roubaud se lève de bonne heure. Nombre d’indices l’attestent (dont ses courriers électroniques). Il l’avoue.

On sait aussi qu’il se couche tôt.

Je me lève tard. Je me couche tard. Au point que cette heure tardive déborde la bonne heure roubaldienne. Il se lève bien avant que je ne me couche. (Mais il se couche bien après que je suis levée.)

Je sais donc, tandis que je lis la nuit, carrée dans mon fauteuil, les pieds posés sur mon bureau ou sur une étagère de ma bibliothèque, je sais qu’il est probable, tandis que je lis, racing against l’aube, qu’à l’autre bout de la ville au moins un autre est réveillé, écrivant, lisant dans le silence et la solitude de ces heures nocturnes qui espacent les sons et distancient les vies.



Il était peut-être quatre heure trente du matin ce jour-là, et le message électronique de Jacques Roubaud me demandait, au cas où je ne dormirais pas (ce qu’il estimait probable) et n’étais occupée à rien d’important ou d’intéressant, de l’appeler au plus tôt. Surprenante urgence. Ceci n’arrive jamais.

Je l’ai donc appelé immédiatement.

Aussitôt décroché, Allo etc., il m’a dicté une adresse web. Une page assez sobre est apparue sur mon écran. Page que je reproduis ci-après.


http://adcl.wordpress.com/2008/07/18/em/

Je n’ai pas de nom.
Je ne suis pas l’auteur de ce que je veux transmettre.
Je ne me résouds pas à le détruire.
Je ne sais personne à qui le donner.

Vous êtes arrivé à cette page en quête d’un nom propre.
D’un des noms propres du récit dont je suis, sans l’avoir cherché, dépositaire.
D’un des noms propres que j’ai offerts à l’indexation des moteurs de recherche

Je m’en remets à qui passera ici en quête d’un nom.
Je prie celui ou celle qui le premier lira cette page de télécharger, en cliquant le lien ci-dessous, ce récit.
Une fois téléchargé et devenu vôtre, il disparaîtra de cette page.



Eros mélancolique (fichier pdf – 9 MB)
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Nuit soudaine.

Mon coeur un instant s'est tu.

Une gerbe de brandons catapultés contre ma rétine, tourbillon de formes incandescentes, en pâles rémanences vont s’affaiblissant.
Ainsi, condamné à la nuit.

Narines saturées de l'odeur de moisissure, l’oreille obsédée du murmure de l'eau qui suinte et infuse goutte à goutte dans mon crâne sa rumeur d’océan.

J'imagine au-dehors la puanteur des charognes, ruines et silence, un monde dévasté et, si dans le feu, la flamme et la lueur aveuglante ils n'ont pas tous été vaporisés au ciel, des hommes, des animaux, défigurés, une morgue empoisonnée d'effluves corrosifs.
Demeurer dans la nuit pour toujours. Manger encore, tracer à tâtons peut-être des signes dont seule ma main connaîtra, un bref instant, le chiffre. Perdre le souvenir de la lumière; n'avoir plus d'imagination que de la nuit où pâlissent les spectres.
Il me faudra m'inventer des souvenirs, des amours, des crimes, des deuils de nouveau, desquels enfin pouvoir peut-être souffrir, jouir et dans ma nuit éternelle me divertir.
Que de temps encore!

Je confesserai à voix basse dans l'immense et sourde oreille du silence un chagrin d'amour, les tourments de la jalousie...

Dans l'imagination de nuits, fuir ma nuit et dans mon lit glacé conjurer la froideur d'une amante intangible...

Mais quel crime, quel deuil, quel amour, même idéal, vaut un tel entombement? Il y a devant moi une nuit immense et sans faille: quel amour, quel deuil, quel crime pourra la remplir toute?

Peut-être n'ai-je fait que rêver le fracas des avions volant si bas sur l’horizon et la nuée sombre à l’occident. Dehors, le jour m'aura attendu; dans le verger les poiriers seront en fleur, et renaîtront pour la centième fois les pivoines de mon arrière-grand-mère. Chaque année parmi les ronces je me souviens m'être mis en quête de leur berceau, et à contempler leurs têtes rondes et lourdes déjà avant que d'éclore, avoir éprouvé effroi et haine.
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L'archive fantôme la mémoire digitale

'ai dû m'endormir. Quelque chose m'a tiré brutalement de mon sommeil. J'ai ouvert les yeux. J'étais assis de biais dans mon fauteuil, jambes étendues, pieds posés sur le rebord de la fenêtre.
Mon ordinateur que j'avais installé sur la tablette devant moi pour pouvoir travailler, je m'en souviens très exactement, avait disparu.
J'ai dû m'endormir. Je dors mal la nuit. Rien n'y fait. Sauf à m'abrutir de n'importe quoi. Je n'arrive plus à dormir la nuit, et au matin il faut que je me lève, que je m'habille, que j'aille au bureau, prendre des trains, des avions.
Là, je dormais. Mieux que dans mon lit. Contorsionné dans ce siège, les pieds posés sur un rebord, un appui de fenêtre.
Quelque chose m'a réveillé. Peut-être le freinage, peut-être la voix d'un contrôleur annonçant dans les haut-parleurs l'arrêt en gare.
Mon ordinateur avait disparu. Je me souviens l'avoir posé, ouvert et allumé sur la tablette devant moi, aussitôt installé à ma place. La voiture était presque vide : un TGV, un jour de semaine, un matin très tôt d'un jour de semaine. Je comptais travailler, réviser ma présentation avant cette réunion. Il fallait que je révise. Je me suis endormi entre Paris et Montbard. Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi.
Le train était encore à quai. Je me suis levé, j'ai saisi mon cartable, j'ai couru vers la porte de la voiture. Ce n'est pas là que je devais descendre, mais à la gare prochaine.
Mon ordinateur avait disparu. On me l'a dérobé pendant que je dormais. Je ne me suis aperçu de rien.
J'ai scruté le quai. Je n'ai vu que quelques voyageurs. Tous de dos. Ils marchaient vers la sortie. Ils portaient des sacs. Ils tiraient des valises à roulettes.
J'étais à moitié dedans, à moitié dehors, un pied sur la marche rétractable. La porte, maintenant que le signal du départ avait retenti, allait me cueillir au plexus. Je n'arrivais pas à savoir si je devais sauter hors, courir après ces gens, les arrêter, crier, exiger qu'ils déballent leurs affaires, là, qu'on les fouille sur le quai. Ou bien laisser le train m'emporter à destination.
Il aurait fallu crier au voleur.
On m'a volé mon ordinateur tandis que je dormais, assommé par la platitude d'un powerpoint, vidé par l'insomnie qui bousille mes nuits.
Le TGV démarrait. Le quai était vide déjà. J'ai cherché le contrôleur, en remontant la rame jusqu'à la voiture-bar. Il m'a dit qu'il n'y pouvait rien, qu'il me faudrait aller porter plainte une fois arrivé à destination. Que la SNCF n'était pas responsable des objets laissés sans surveillance.
Je suis retourné à mon wagon. J'ai pensé interroger les quatre passagers qui s'y trouvaient. Je n'arrivais pas à me souvenir combien ils étaient lorsque le train avait quitté Paris. Je ne me souviens pas. Je n'arrive pas à compter dans mon souvenir.
J'aurais dû les interroger, leur demander s'ils n'avaient vu personne s'emparer de mon ordinateur pendant que je dormais. Ou alors passer. Des allées et venues, des mouvements suspects... J'aurais dû. J'avais honte. Ils n'avaient rien vu. Ils ne regardaient pas. Ils ne me regardaient même pas alors que je remontais l'allée centrale, oscillant bousculé centrifugé par l'accélération du train dans une courbe. Assoupis, absorbés par la fenêtre, un écran, une page ou enfermés dans le cocon d'un ipod.
Je m'étais endormi. Mon ordinateur a disparu. Ça ne les regardait pas. Ils n'auraient rien vu.
Je suis retourné m'asseoir à ma place. Dans 50 minutes, je serais à Chalon. Un stagiaire lambda m'attendrait à la sortie pour me conduire à la boîte. Il faudrait que j'explique. Pas d'ordinateur. Pas de powerpoint. Il faudrait que j'improvise. Il faudrait que j'invente une raison, une excuse.
L'ordinateur appartient à la société qui m'emploie. Les informations enregistrées sur le disque dur lui appartiennent aussi : plans, budgets, secrets industriels.
J'ai improvisé. Les nouveaux process. L'implémentation stratégique. La conjoncture difficile. Le recentrage sur le cœur de métier.
J'ai menti. L'ordinateur m'avait claqué dans les pattes alors que je mettais la dernière main à mon powerpoint. Erreurs système à répétition. Pas de sauvegarde. Pas le temps de diagnostiquer et réparer avant de foncer prendre le TGV.
Absence de slides. Je faisais des gestes. Je tirais des flèches dans l'espace. Je hachais l'air en blocs successifs devant moi.
Conjoncture difficile. Depuis 2 ans les charrettes se succèdent. Je me suis endormi. L'évidement des heures de bureau, la pétrification des réunions, le défilé des powerpoints, des TGV, des avions, des charrettes. On m'a volé. L'éreintement des dossiers, des pdf, des tableurs, des docs attachés, l'avalanche des forwards, la mitraille des cc et des blind cc. Je n'arrive plus à dormir depuis que ma femme est partie. Je suis un prolétaire de luxe. La corde raide. Je suis cadre dans une boîte d'un secteur de pointe et exposée à la concurrence. L'emprunt immobilier à rembourser. Le loyer à payer. La pension.

Je suis rentré à Paris par le TGV du soir. Je m'étais endormi. On ne pouvait plus rien me voler. J'étais assis sur mon portefeuille. Mon cartable était vide, à l'exception d'un cordon d'alimentation orphelin. Je n'ai même pas vu passer Montbard.
De retour chez moi, sans ordinateur, frigo vide, etc.
Le lendemain au bureau, j'ai attendu midi. Sans machine je n'avais plus rien à foutre. Rien pour calculer, rien pour nourrir l'avalanche, le glacier des données et écluser le torrent de bits. J'ai joué avec mon mobile, trié l'archive de mes sms, texté tout ce que j'ai pu, évité de décrocher, consulté ma boîte vocale à tout coup.
Tu as reçu le mail que je t'ai envoyé ?
J'attends tes inputs pour le contrôle de gestion.
Besoin des projections à 3 mois et à 6 mois.
Faut sortir le brief dans les délais.

A midi trente je suis allé squatter le cubicule où l'on parque la dernière secrétaire. Un écran et un clavier. J'ai écrémé les offres sur E-bay pour trouver une machine de même modèle que celle qu'on m'avait attribuée et qu'on m'a dérobée. Un vendeur promettait une livraison express. Transaction paypal et expédition chronopost.
C'était un vendredi. Je l'aurais lundi.

Je n'avais rien à faire. J'ai quitté le bureau, il était peut-être trois heures. J'ai marché de la périphérie où siège la boîte vers le centre. Je n'avais rien à faire. Je suis allé au cinéma, un multiplex. Moyennant 10 euros et deux passages tactiques par les toilettes, j'ai pu voir trois films.
Quand je suis sorti, il faisait nuit. J'avais faim. Au seuil d'un restaurant j'ai dû faire demi-tour. Pas envie de manger des souvenirs. J'ai cherché un endroit que je n'aurais pas déjà connu avec elle. Le temps semblait stagner. Les mêmes rues, les mêmes cafés, les mêmes commerces. La ville ne change pas assez vite.
Je suis rentré chez moi. Au coin de la rue j'ai acheté 2 sandwichs au Monop' ouvert jusqu'à une heure du mat. J'ai avalé la mie molle et la mayonnaise industrielle debout dans la cuisine. Rincé le tout avec un fond de bière tiède et plate. Je me suis couché. Je vais avoir 48 ans dans pas longtemps. Mon job tient à un fil, le fil des dépêches de Reuters et de Bloomberg. A l'appétit de marges opérationelles et de R.O.I. des chefs, des zinzins, des fonds de pension, des private equity partnerships.
Elle est partie il y a un an. Non. C'est moi qui ai déménagé. J'ai loué ce deux pièces parce qu'elle m'a demandé de partir. Le temps passait sans passer plus. Même les vacances finissaient sans avoir passé. Comme les nuits.
J'ai dormi.

Tout est rentré dans l'ordre quand la machine est arrivée lundi matin. Elle avait l'air quasi neuve. Je l'ai soumise à deux logiciels antivirus. Rien à signaler. J'ai mis à jour le système. Je l'ai reparamétré scrupuleusement. J'ai installé tous mes programmes habituels. Enfin, j'ai copié sur le disque dur la dernière sauvegarde de mes fichiers de travail.
Au bureau j'ai mouliné toute la journée sans souci. Et puis j'ai dû partir le lendemain. J'ai pris un avion pour aller présenter les nouveaux axes stratégiques aux gens de l'usine de Brême.
C'est en revoyant dans l'avion l'enchaînement des slides que j'avais préparées que j'ai rencontré la première anomalie.
Je n'ai pas perçu alors qu'il s'agissait d'une anomalie.
Dans l'un des cadres qui devait loger le récapitulé des outputs comparés, à la place du tableau que j'avais généré sous excel et exporté, il y avait quelque chose de bizarre. Des striures noires et blanches verticales.
J'ai pensé à une erreur de manipulation. J'ai juste recollé mon tableau dans le cadre. Et puis je n'y ai plus pensé.

Le week-end, chez moi, je rentrais des blocs de texte aux emplacements prévus dans un doc collaboratif. Un paragraphe par-ci dans la section Positionnement Stratégique, des graphes par-là dans l'Implémentation Logistique, des tableaux plus loin dans Ressources Allocation. Il fallait que je trouve les endroits où me greffer. Je faisais défiler les pages à l'écran, attrapant au vol une phrase, un mot, pour me repérer au milieu des axes, des priorités, des leviers.
Un moment, d'un coup, j'ai cru que ma souris avait dérapé et m'avait zappé ailleurs, dans un autre doc, dans un autre espace. Je lisais :
Son visage me fuit sans fin. Quand je la regarde, je cherche ses yeux, son visage, je crois les voir. Mais quand je veux, la nuit, les yeux fermés, recomposer ces yeux, ce corps, ils se dérobent, ma mémoire comme frappée d'aveuglement.
Qu'est-ce que ça foutait là ?
Et puis plus loin encore :

Il pensait qu'il ne la reverrait pas. Il regarda quand même, à tout hasard, deux ou trois fois, pendant une insomnie (une fois revenu dans l'appartement), la chambre noire où elle lui était apparue, il y avait si longtemps. Elle ne s'y manifesta pas. Il n'en fut pas étonné. Il n'y eut pas non plus de bruits mystérieux dans la pièce voisine.
Ça n'avait rien à foutre là.
Le type qui avait la charge de rédiger cette section s'était moqué du monde. Il n'en pouvait pl
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— A ce jour, cinq milliards de futurs cadavres hantent la planète. A chaque seconde des bordées de petits cadavres tous frais, fripés et vagissants sont projetés dans l’espace. Grotesque tableau! Quel sens, quelle raison, quelle utilité, quelle nécessité autre que vagues et solennelles y a-t-il à ces contorsions d'enragé, à ces fourmillements de vermine ? Et s'il n'est question de sens ou de nécessité, quel plaisir ? Grappiller de-ci de-là un maigre trognon de jouissance ? Faire les poubelles de la volupté ? Nourrir en spectacles comiques ou obscènes une insatiable curiosité ?

— Cessez de vous inquiéter des fins de la misérable entreprise humaine, elle n'en a peut-être pas ! Que réclamez-vous ?

— Mais tout simplement l'extinction du genre humain...

— Fichtre, mon ange !

— Qu'y a-t-il de si scandaleux à envisager, désirer et réclamer cela ? Je mourrai, vous mourrez, ils, elles mourront, nous mourrons, tous, aujourd'hui, demain, dans trois mois, dans trente ans... D'ici là, nous ne tenons à la vie que par habitude, lassitude ou encore politesse... Si nous nous y raccrochons parfois avec frénésie, ce n'est que par un fil: l'imagination... Imaginez: vous mourez et l'humanité continue... La révoltante injustice ! Je crève et vais me putréfier entre quatre planches et mes semblables, ces porcs, me survivent !... Délicatesse d'âme ou jalousie, qu'importe le motif de nos réticences à nous saborder, c'est l'imagination pure, vous dis-je...

— De là à entraîner l'humanité avec vous dans la tombe, il y a un pas... Vous voulez le génocide absolu !

— Eh ! N'êtes-vous pas d'accord que ce qui est insoutenable et ignoble dans les massacres et les horreurs dont notre siècle est prolixe, ce n'est ni l'horreur ni le massacre en eux-mêmes, mais bien d'avoir vu l'iniquité se faire loi ! Lorsqu'un peuple ou une caste s'arroge le droit de choisir et d'identifier un objet à sa haine... Voyez ces deux extrêmes de férocité: le terrorisme qui cueille ses victimes au hasard, et puis le racisme qui cible et sélectionne avec une précision maniaque ses proies... Les deux tares de ce siècle: l'aléatoire pur et le systématique à outrance.

— Comment comptez-vous parvenir à vos fins ou plutôt à notre Fin ?

— Ne vous ai-je pas démontré que le grand chantage nucléaire n'était que foutaise sinistre: l'atome est tout juste bon à empoisonner nos salades, nos océans, l'air que nous respirons... Il nous incommode, certes, mais pas assez encore.

— On parle d'ailleurs de se débarrasser de tout cet arsenal.

— Facile: je mets mes missiles au rancart, vous fourguez les vôtres et on fait place nette... Je m'en tords de rire... Avalez ça comme pain bénit, croyant qu'on vous débarrasse enfin du cauchemar. Nous serions sauvés ! Pourrions nous étriper de nouveau en gens civilisés, à la bonne franquette, à la baïonnette, à la mitraillette; on pourrait refourbir les obus de grand-papa, les canons de 70... Qui vous dit qu'au moment crucial on ne ressortirait pas du placard les bombes maudites: nucléaires, thermonucléaires, fission-fusion-fission, à neutrons ? C'est qu'il est trop tard pour reculer ! On n'oublie pas ce que l'on sait. On se priverait d'un instrument si puissant ? Allons donc...

— Cela serait très déraisonnable, en effet.

— Et puis, considérez, mon amour, que le peuple paie depuis quarante ans des impôts pour permettre d'accumuler des missiles dans des silos, nicher des bombes sous les ailes des avions et lester de masse critique les soutes des vaisseaux de guerre. On en a même installé sur les chars d'assaut, c'est vous dire l'abondance ! Croyez-vous que le contribuable acceptera sans broncher qu'on mette tout ça à la cave ? Croyez-vous qu'il admettra d'avoir investi tant de sous sans avoir la possibilité de profiter enfin des intérêts de ce capital ? Tant de poudre et pas l'ombre d'un tir, tant de contributions et pas même la promesse d'un feu d'artifice ?

— Vous disiez vous-même que cela risquait d'être insuffisant à nettoyer le globe, et qu'il fallait craindre que nos gouvernants ne se montrent pingres, un peu avares d'entropie...

— On les comprend: s'ils y allaient tout carrément, ils ne pourraient même pas se délecter trois minutes du spectacle... Les armes chimiques et bactériologiques m'ont donné un moment de grands espoirs. Les progrès époustouflants de la biologie, du génie génétique nous ouvrent des horizons magnifiques... Mais là encore, si l'on peut être certain que les populations vont déguster, il est douteux que le mal soit définitif et radical.

— La condition de votre projet est en effet draconienne: il faut que personne, pas un, ne survive. C'est difficile.

— L'idée de ces centaines de spécimens rescapés, planqués dans un abri, protégés des miasmes par de bons filtres, aux mollets rebondis à force de pédaler comme des dératés pour produire leur électricité quotidienne et prêts à attendre dix ans, un siècle et plus peut-être me ronge le foie. Ce serait une injustice criante.

— Voyez l'ironie, mon ange: il n'est pas de jour qui passe sans que le monde s'épouvante de sa fin prochaine et pendant ce temps vous vous minez la santé à la recherche d'une négation équitable.

— N'en avez-vous pas ras la noix du demi-deuil qu'on nous impose depuis près d'un demi-siècle ? Partout, en politique comme en philosophie ? De ces demi-victoires sur la vie, de ces demi-défaites sur la mort ?... Seul un cataclysme cosmique pourrait y faire, je crois. Il n'y a que cela qui nous tirerait de ces hésitations, de ces incertitudes et de ces angoisses et de ces fausses joies toujours répétées. La recette est bien ancienne, mais on n'a pas trouvé mieux. L'approximation nucléaire était certes séduisante, mais comment compter sur ceux qui en détiennent les commandes. Une révolution, un référendum massif ne les convaincraient pas de cracher tout leur chapelet. L'apocalypse ferait une fausse couche !

— Déprimant, mon ange, déprimant. Je vous vois dans une telle peine... Vous m'affligez.

— Il ne nous reste plus qu'à prier... En être réduits à cette extrémité !

— Je discerne pourtant dans votre projet une faille. Vous visez, mon ange, à quelque chose de grandiose. Vous voulez une fin flamboyante comme un coucher de soleil. Vous péchez, je crois, par excès de bonne volonté, d'intrépidité. L'impatience juvénile, qui vous caractérise si bien, vous aveugle.

— Ah ! Comment voulez-vous qu'on soit patient lorsqu'on traîne déjà derrière soit des millénaires de dégoût !

— Rome ne se fit pas en un jour et ne fut pas détruite non plus en un jour. La preuve, elle est encore là... Puis-je vous suggérer un expédient, et apporter ma pierre à l'édification des lendemains silencieux dont vous rêvez...

— Ô grande âme ! Ô charitable amour !

— Vous voulez tout et tout de suite. Vous exigez, vous tempêtez. Il faut ruser, mon ange. La brutalité est de peu de ressources en des entreprises aussi démesurées. L'extinction du genre humain ne se produira pas de la manière glorieuse et romantique que vous fantasmez. Elle sera minable comme le genre humain lui-même, ce sera une fin de boutiquier avare. I1 n'y aura ni feu d'artifice ni convulsion épouvantable. Vous rêvez à une cause unique et claironnante, c'est une illusion métaphysique insigne.

— Vous m'humiliez terriblement.

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N'est-ce pas naturellement que les gens que l'on fréquente, au café, en ville, au lit, en viennent à influer sur nos vues, nos opinions ? Les jugements ne sont pas choses réfléchies mais sortes d'accommodation à ceux du cercle où nous tenons nos connaissances. Nos habitudes les dictent, plus que nos goûts. Peut-on s'en défaire sans briser le cercle familier ? Et sait-on assurément distinguer un goût d'une habitude, un penchant d'une sujétion ?
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Fable

Vers 1240, le Roi d’Aragon apprend, par des pélerins revenus de Terre Sainte que des jongleurs français racontent des histoires merveilleuses sur le Roi Arthur et la Table Ronde. Il charge ses Troubadours de lui en procurer copie.

Ceux-ci découvrent l’existence de manuscrits du Conte du Graal de Chrétien de Troyes. Le ‘roman’ de Chrétien est resté inachevé et il y a eu des ‘continuations’ poursuivant les aventures, soit de Gauvain, soit de Perceval. Certains des manuscrits dont ils obtiennent copie sont lacunaires. Ils rassemblent tout ce dont ils disposent et en font un récit présentable, en catalan (le roi ne connait pas la langue française).

Quelques siècles plus tard les érudits se penchent sur ce texte et s’efforcent d’en reconstituer la genèse. Ils rencontrent quelques difficultés : certains des manuscrits sont anonymes ; d’autres portent des noms d’auteurs inexistants ; d’autres encore sont des plagiats caractérisés, etc. . Finalement, ils publient en un livre le résultat de leurs recherches

Note : sur les terres du Roi d’Aragon se trouve Saragosse.
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Jamais vu une conductrice aussi terrorisée de la route qu'elle a prise. N'a-t-elle jamais roulé que sur autoroute dégagée, en terrain plat, et encore, avec boîte automatique et régulateur de vitesse? ... Embrayons.
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Je fais du béton dans ma tête, ou de l'électricité, ou des histoires, ou des théories. Et je fignole. Et je m'évertue. Je fais tout nickel, tout propre, tout solide et dans l'ordre, toujours en commençant par le commencement. Des dalles bien planes. Des théories sur des intuitions. Des talochages impecs. De la science expérimentale mentale. Des raccords de plomberie qui fuient pas. Zéro dommage collatéral. Et quand ça merdre, je recommence. En mieux. En tout d'aplomb. Visé au niveau à bulle. Et bien d'équerre.
Je fignole, je fignole.
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