L'histoire de la crédulité est peut-être la branche la plus étendue, et, à coup sûr, l'une des plus importantes de l'histoire morale de l'espèce humaine.
L'homme naît et meurt crédule; mais c'est d'un principe honorable que dérive cette disposition, dont les conséquences le précipitent dans tant d'erreurs et de maux. Naturellement véridique il est enclin à faire de ses paroles l'expression de ses sensations,de ses sentiments et de ses souvenirs,avec la même vérité que ses pleurs et ses cris de douleur et de joie et surtout ses regards et les mouvements de sa physionomie revèlent ses souffrances ses craintes ou ses plaisirs.
Dès les temps les plus anciens, les hommes supérieurs qui voulurent imposer à leurs semblables le frein de la religion, présentèrent les miracles et les prodiges comme des signes certains de leur mission, comme des oeuvres inimitables de la divinité dont ils étaient les interprètes. Saisie d'effroi, la multitude se courba sous le joug; et l'homme le plus superbe frappa les marches de l'autel de son front humilié.
Chapitre 1er
L'homme est crédule, parce qu'il est naturellement véririque. En agissant sur ses passions, par sa crédulité, des hommes supérieures l'ont ployé à une soumission religieuse. Les récits des merveilles qui les conduisaient à ce but se sont controuvés. Il est utile autant que curieux d'étudier les faits que ces récits enferment, et les causes dont les faits dérivent.
Distinction des prodiges et des miracles. Motifs qui rendent croyables les récits merveilleux 1° le nombre et la concordance des récits et la confiance que méritent les observateurs et les témoins; 2° la possibilité de faire disparaître le merveilleux en remontant à quelqu'une des causes principales qui ont pu donner à un fait naturel une couleur merveilleuse.
Née aussi dans les temples, et présentée elle-même comme une émanation de l'intelligence divine, la médecine respecta le domaine des autres sciences sacrées. Parler d'elle, ce n'est point sortir de l'empire des Thaumaturges : dans le monde entier, les guérisons furent long-temps des miracles ; et les médecins, des prêtres et des magiciens.
Magie - Antiquité et universalité de la croyance à la magie. Son oeuvre furent attribuer également au bon et au mauvais principe. On n'a point cru, dans l'antiquité, qu'elles fussent le renversement de l'ordre naturel. On n'en contestait point la réalité, lors même qu'ells étaient produites par les sectateurs d'une religion ennemie.