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Critiques de Anonyme (672)
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Le coran

Je vais vous faire une petite confidence : j'ai grandi, j'ai forgé petit à petit mes convictions auprès d'une mère, dont je peux affirmer, sans trop me vanter, qu'elle se situait au-delà de l'autoritarisme. Nous ne nous supportions pas : elle essayait constamment de m'imposer ce qui me répugnait le plus, elle menaçait, elle ordonnait, elle punissait, elle baffait, elle sanctionnait, elle était impitoyable, elle ne laissait jamais rien passer. Pas besoin d'entrer dans les détails, mais elle a fait ça tant et si bien qu'à un moment de mon existence, je la détestais purement et simplement. Non, à la réflexion, détester c'est beaucoup trop faible : je l'abhorrais.



Eh bien, avec les années, quand je repense à mon enfance, je crois que, par ce comportement, elle a construit en moi, elle a édifié brique à brique le socle en titane de mon athéisme. Outre les incohérences logiques et pragmatiques qui émaillent, qui constellent les livres fondateurs des trois principaux cultes monothéistes (ici, dans le Coran, on pourrait citer par exemple la Sourate XXXV, intitulée Le Créateur, qui énonce au verset 1 : « Louange à Dieu, créateur des cieux et de la terre, qui prend pour messagers les Anges pourvus de deux, de trois ou de quatre ailes ! » Rien qu'en exercice de pensée, essayez d'imaginer voler un ange à 3 ailes, c'est assez cocasse, mais bon, passons), ce qui me frappe le plus, à chaque fois, dès que, par curiosité culturelle et intellectuelle, je m'aventure à lire l'un de ces livres, c'est le ton, c'est la résurrection quasi instantanée des affres et traumatismes causés par mon inflexible mère : les mêmes menaces, les mêmes injonctions, les mêmes enfermements, les mêmes absences de liberté, les mêmes suffocations, les mêmes aplatissements réglementaires, les mêmes négations de l'idiosyncrasie, les mêmes « ferme ta gueule et obéis ! ».



Je revendique mon incroyance, mon dégoût absolu de toute forme de domination (la domination pour les uns signifie nécessairement la soumission pour les autres), qu'elle soit étatique ou religieuse (on conçoit d'ailleurs fort bien pourquoi les états cherchent toujours à s'appuyer plus ou moins ouvertement sur une religion, car c'est tellement plus pratique d'avoir une institution spéciale qui dit au peuple « ferme ta gueule et obéis » à la place d'avoir à le faire dire à ses propres forces de police — je rappelle au passage que « ferme ta gueule et obéis » est la devise universelle, mais inavouée, de toutes les forces de police de tous les états du monde). Au reste, le Coran assume sans complexe, à la Sourate III, verset 19 : « La Religion, aux yeux de Dieu, est vraiment la Soumission. » ou à la Sourate IX, verset 4 : « Dieu aime ceux qui le craignent. » puis verset 112 : « Ceux qui reviennent à Dieu, […] ceux qui s'inclinent, ceux qui se prosternent. »



La Sourate XXXIV (Les Saba) définit au verset 31 ce que le Coran nomme « les incrédules ». On y lit ceci : « Les incrédules disent : " Jamais nous ne croiront en ce Coran, ni à ce qui lui est antérieur ". » Pas d'erreur possible, je suis donc bien, selon les rédacteurs du Coran, une incrédule. Lesquels rédacteurs précisent, à la Sourate III (La famille de ‘Imran), versets 3-4 : « Il avait fait descendre la Tora et l'Évangile — direction, auparavant, pour les hommes — et il avait fait descendre le discernement. Un terrible châtiment est destiné à ceux qui ne croient pas aux Signes de Dieu » et à la Sourate XXXIII (Les Factions), verset 8, qu'ils pourraient encore arriver à s'entendre avec des juifs ou des chrétiens, mais que le pire du pire, selon eux, ce sont bien les incrédules, et que, donc, pour les incrédules, pas de pitié : « Lorsque nous avons conclu l'alliance avec les Prophètes, — et avec toi — avec Noé, Abraham, Moïse et Jésus, fils de Marie ; nous avons conclu avec eux une alliance solennelle, afin que Dieu demande compte aux véridiques de leur sincérité ; mais il a préparé, pour les incrédules, un châtiment douloureux. »



Et mieux encore, la Sourate IX (L'Immunité) déclare, aux versets 1 à 4, qu' « une immunité est accordée par Dieu et son Prophète aux polythéistes avec lesquels vous avez conclu un pacte. […] Annonce un châtiment douloureux aux incrédules, à l'exception des polythéistes. » Pas d'erreur possible, je suis donc bien le coeur de cible des rédacteurs du Coran, même si, cette adorable neuvième sourate s'empresse d'ajouter à peine plus loin, au verset 5 : « Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes, partout où vous les trouverez ; capturez-lez, assiégez-les, dressez-leur des embuscades. » Admirez au passage la délicatesse du message et des moyens prescrits...



Et, en effet, lorsque je rouvre le Coran, que j'ai refermé il y a déjà un moment, il n'y a pas besoin d'aller très loin pour voir renaître le fantôme de ma chère maman, dès la Sourate II, nommée La Vache (ça correspond d'ailleurs assez bien à ma mère, encore que moi, j'aurais plutôt écrit « peau de vache »), versets 6 et 7 : « Quant aux incrédules […] un terrible châtiment les attend. » Bim ! Les menaces, ça commence, et je ne suis arrivée qu'au verso de la première page !



Pourtant, si je réfléchis un instant, je trouve cette menace totalement gratuite et dénuée de fondement, pourquoi ? Je suppose, par honnêteté intellectuelle, que le Coran a été écrit par des personnes croyantes, qui ne sont donc, par définition, pas celles dont elles parlent quand elles désignent les incrédules, n'est-ce pas ? Elles sont donc les porte-paroles (ou supposées telles) de ce qui se passe sur une berge de l'au-delà, les incrédules se situant obligatoirement sur l'autre, à l'exact opposé des précédentes. La Sourate VII (Al 'Araf), verset 46 précise d'ailleurs : « Un voile épais est placé entre le Paradis et la Géhenne. » Je postule, a fortiori, que le Coran a été écrit par des personnes vivantes et non des mortes. Alors qu'est-ce qu'en savent ces personnes, de ce qui attend les incrédules après leur mort, puisqu'elles ne se situent même pas sur la même rive et qu'elles n'étaient, par définition, pas encore mortes ? Ce faisant, pourquoi se permettent-elles d'affirmer — pas de supposer, la nuance est grande, quoi qu'affirme la Sourate X (Jonas), verset 36 : « La plupart des incrédules se contentent d'une supposition. La supposition ne prévaut pas contre la Vérité. » — ce qu'en tout état de cause elles ne pouvaient qu'ignorer d'expérience, n'en ayant jamais été les témoins directs ? Et après, on vient nous faire des grands sermons à longueur de pages sur les mensonges et les menteurs, les faux-ceci, les faux cela, et tutti quanti ?



Partant, je pose la question sans malice : qui sont les menteurs dont le Coran ne cesse de nous rebattre les oreilles (voir par exemple la Sourate IX, verset 42 : « Ils se perdent eux-mêmes. Dieu sait parfaitement qu'ils sont menteurs. ») ? ceux qui parlent de ce que, manifestement, ils ne connaissent pas précisément ou ceux qui, jusqu'à preuve du contraire, n'ont aucune raison de croire aveuglément ce qui ne leur a jamais été prouvé d'aucune façon depuis que l'humanité se pose ce genre de question ? Ce n'est qu'un très modeste exemple, toutefois, je constate que les croyants se permettent partout de parler allègrement des incroyants — à chaque fois pour les dénigrer —, par contre, les incroyants doivent toujours se taire — se bâillonner symboliquement — à propos des croyances des autres, sous peine d'être aussitôt qualifiés d'irrévérencieux, d'irrespectueux, de blasphémateurs, de haineux, de méprisants ou que sais-je encore.



Car, en effet, il n'y a pas de Torah d'incroyance, de Nouveau Testament d'incroyance, de Coran d'incroyance qui permettraient aux incroyants de pouvoir, ne serait-ce que défendre leur point de vue, qui est pourtant tout aussi légitime et défendable, me semble-t-il, que les points de vues alternatifs. Si l'un de ces trois livres me crache ouvertement dessus en ma qualité d'athée (et aucun ne se prive de le faire), les juifs, les chrétiens et les musulmans n'y trouvent rien à redire, par contre, si j'ai le malheur de répondre, même pas de cracher, juste de postillonner, là, je suis, bien évidemment une odieuse et tous les qualificatifs auto-victimaires appelant à la sanction qui viennent ensuite.



J'ai beau tourner et retourner le problème, ça n'est tout simplement pas juste. On a bien fait modifier le titre du roman d'Agatha Christie « Les Dix petits nègres » parce que des personnes se sentaient insultées par cette désignation — et je crois qu'à titre moral, elles avaient raison d'exiger ce retrait. Qu'est-ce que c'est, la morale, au sens le plus élémentaire du terme ? Tout simplement le respect mutuel des intérêts des autres. Ainsi, d'un point de vue moral, je n'ai ni le droit ni l'envie de m'en prendre aux croyances des autres, par contre, j'exige que, réciproquement, on respecte tant mon droit à l'incrédulité que ma personne incrédule. Pourquoi ne pourrait-on, pareillement, et dans un soucis d'équité, faire retirer du Coran, du Nouveau Testament ou de la Torah tout ce qui offense les incroyants ? Pourquoi est-ce qu'on a le droit de me cracher dessus alors que je n'ai rien demandé à personne ? Qui me défend quand ces livres m'insultent ? Réponse : rien, ni personne.



Alors, vous vous dites peut-être que j'ai choisi le seul passage susceptible de me dénigrer ? Jugez plutôt : si je me penche par exemple sur la seule Sourate VIII, intitulée le Butin (et c'est loin d'être la seule à enfreindre mes élémentaires droits moraux, dans son style égorgeur et belliqueux, la Sourate IX, intitulée L'Immunité, n'est pas mal non plus…), on y trouve notamment au verset 7 « Dieu voulait manifester la Vérité par ses paroles et exterminer les incrédules jusqu'au dernier », verset 12 « Je vais jeter l'effroi dans le coeur des incrédules : frappez sur leurs cous ; frappez-les tous aux jointures », verset 14 « Le châtiment du Feu est destiné aux incrédules. », verset 22 « Les pires des bêtes au regard de Dieu sont les sourds et les muets qui ne comprennent rien [les auteurs désignent bien sûr les incrédules] », verset 35 « Goûtez donc le châtiment de votre incrédulité ! », verset 37 « Les incrédules seront réunis dans la Géhenne, pour que Dieu sépare le mauvais du bon ; qu'il entasse les mauvais les uns sur les autres, puis qu'il les amoncelle tous ensemble et qu'il les mette dans la Géhenne. — Voilà les perdants — », verset 65 « Ô Prophète ! Encourage les croyants au combat ! S'il se trouve parmi vous vingt hommes endurants, ils en vaincront deux cents. S'il s'en trouve cent, ils vaincront mille incrédules : ce sont des gens qui ne comprennent rien. »



Est-il nécessaire que j'analyse le contenu d'autres sourates ? Je n'en ai pas l'impression. Pourtant, transportons-nous tout de même encore, et au titre de simple illustration complémentaire, jusqu'à la Sourate XVIII (La Caverne), qui dit notamment, aux versets 54 à 57 : « Oui, nous avons adressé aux hommes toutes sortes d'exemples dans ce Coran. L'homme est, cependant, le plus querelleur des êtres. Qui donc a empêché les hommes de croire […] sinon leur refus d'admettre […] que le châtiment les touchera de face. […] Les incrédules usent d'arguments faux pour rejeter la Vérité. Ils se moquent de mes Signes et de ce dont ils ont été avertis. Qui donc est plus injuste que celui qui se détourne des Signes de son Seigneur […] ? » Laquelle sourate se dépêche d'ajouter, au verset 87 : « Nous allons punir celui qui est injuste ; il sera bientôt ramené vers son Seigneur qui le châtiera d'un terrible châtiment. » Là, au moins, c'est clair !



On trouve encore tout plein de gentillesses dans ce genre, par exemple, aux sourates III (versets 10, 12, 28, 127, 151), IV (versets 76, 101), V (versets 44 à 47), VII (versets 36 à 38, 93, 101 à 102, 166, 176, 179), IX (versets 19, 23, 26, 30, 49, 73, 80, 90, 123), X (versets 4, 69-70), XIII (versets 5, 31), XIV (versets 2, 28-29), XVI (versets 27, 39, 84, 88, 105), XVII (versets 8, 97 à 99), XIX (versets 72 à 74), XXII (versets 19 à 22, puis 57), XXIV (versets 2, 19, 55 à 57), XXV (verset 19), XXX (verset 16), XXXI (versets 6 à 7, 23 à 24), XXXII (versets 18 à 22). Donc vous vous rendez compte que ce n'est pas qu'un détail, qu'un bout de phrase oublié par inadvertance, c'est réellement très présent et je n'ai relevé qu'une partie des (très) nombreuses apostrophes belliqueuses ou méprisantes destinées aux incroyants : le Coran en a été littéralement criblé par ses rédacteurs.



Qu'ai-je à répondre aux rédacteurs du Coran ? Très chers rédacteurs du Coran, je ne vous connais pas (et pour cause), je ne vous ai rien fait (et pour cause également), je ne vous ai rien demandé, mais vous vous permettez tout de même, rien que dans la seule sourate n°8, répétée quotidiennement par des millions de personnes de par le monde, 1°) de me menacer, 2°) d'inciter à ma molestation, 3°) à mon extermination, et 4°) d'exprimer un jugement d'autorité à propos de la faiblesse de mes capacités cognitives et de mon entendement, etc.



En conséquence de quoi, très chers rédacteurs du Coran, je me permets de vous répondre 1°) qu'après vous avoir lus, je reste plus que jamais incrédule et 2°) que je vous emmerde. 3°) Je constate, au demeurant, que moi, qui ne comprends pourtant pas grand-chose, d'après ce que vous écrivez à plusieurs reprises et sans scrupule, je n'ai cependant pas besoin qu'on me répète autant de fois les consignes pour les assimiler, que l'ahurissante fréquence avec laquelle vous rebattez les oreilles des croyants à propos de la nécessité de croire. Doutez-vous à ce point de leurs capacités de mémorisation et d'assimilation pour leur répéter tant de fois exactement les mêmes prédicats ? Je côtoie fréquemment des musulmans, et bien s'il m'arrive de leur demander, par exemple : « Pouvez-vous allumer la lumière, s'il vous plaît ? » je vous assure qu'à chaque fois ils l'allument du premier coup, sans que j'aie besoin de réitérer 153 fois ma demande. Alors, en bonne bête incrédule, moi, je m'interroge…



Bref, outre, il est vrai, des passages acceptables et positifs, disséminés ici ou là, ce livre se permet tout de même beaucoup de choses à mon encontre et à beaucoup d'endroits. Je l'ai lu il y a plusieurs années et, dans l'ensemble, il m'a dégoûtée — cependant ni plus ni moins que les deux autres susmentionnés émanant des juifs et des chrétiens —, probablement pour les raisons que j'ai évoquées au début et qui ont trait à ma mère, mais pas seulement.



Et donc, en mon nom propre, et sans chercher à nuire à qui que ce soit, j'émets cet avis sur ce qui est, malgré tout et avant tout, un livre. En tant que livre, tant par sa technique narrative que par son contenu, il m'a, dans l'ensemble, très fortement et irrémédiablement déplu. J'invite quiconque à le lire de même pour se forger sa propre opinion personnelle à son propos et l'on peut, bien évidemment, ressentir l'exact opposé de ce que j'ai ressenti à sa lecture, tout comme je constate chaque jour que des lecteurs détestent parfois les livres que j'ai adorés. Je n'oublie jamais que ce que j'exprime ici n'est qu'un avis, un sur plus de sept milliards, c'est-à-dire vraiment pas grand-chose.



P. S. : Charles Darwin, le Mahomet (Muhammad) des incroyants, n'a jamais écrit que les croyants devaient être exterminés jusqu'au dernier, ni qu'on devait leur taper sur le cou ou les articulations, ni quoi que ce soit de cet acabit, que je sache. Au contraire, il a écrit dans Voyage d'un naturaliste autour du monde : « Grande est certainement notre faute, si la misère de nos pauvres découle non pas des lois naturelles, mais de nos institutions. »



De même, Clair Patterson, responsable de l'actuelle datation de l'âge de la Terre, n'a pas milité pour la mise en place de lapidations ou de châtiments corporels destinés aux croyants, mais pour la réduction de l'usage du plomb dans l'essence et les contenants alimentaires. Ou encore Karl Popper, l'un des derniers grands prophètes de la croyance scientifique des incroyants, n'a jamais invité quiconque à s'en prendre aux croyants, il a écrit, au contraire, dans La Société ouverte : « Personne ne doit être à la merci d'autres, mais tous doivent avoir le droit d'être protégés. »



L'un des rares, parmi les prophètes des incroyants, à avoir ouvertement évoqué Dieu est Albert Einstein dans sa fameuse saillie (qui n'avait, je pense, rien d'offensant pour les croyants) : « Dieu ne joue pas aux dés ». Eh bien, tout porte à penser à présent que même ça c'était une connerie. Ainsi j'en déduis que les incroyants ne devraient jamais s'aventurer à parler de ce qu'ils ne connaissent pas, et Dieu en fait bien évidemment partie, fut-ce pour en dire du bien, car l'avenir leur donne systématiquement tort à chaque fois.



Ainsi, je n'ai rien à exprimer à propos de Dieu, je n'ai rien à exiger des croyants, si ce n'est que les écrits qu'ils révèrent arrêtent de fustiger gratuitement les incroyants, dont je fais partie. Je trouverais scandaleux que des incroyants fustigent des croyants dans leurs écrits, pour la simple raison de leur croyance, alors la réciproque devrait aller de soi et s'appliquer également. Mais comme ça ne sera jamais le cas et qu'à tous égards, c'est totalement injuste, voilà pourquoi je me permets d'exprimer que je n'aime absolument pas ce livre, au moins pour les raisons décrites, indépendamment de ses piètres qualités d'écriture.
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Les Aventures de Sindbad le Marin

C'est à Antoine Galland, contemporain de Louis XIV et redécouvreur des Mille et une nuits, que l'on doit la popularité de cet ouvrage. En effet, Galland, face au succès rencontré par sa traduction des Nuits, a voulu rallonger la sauce avec d'autres contes n'ayant rien à voir, tels Aladdin ou la lampe merveilleuse, Ali Baba et les quarante voleurs ou encore Les Aventures de Sindbad le Marin. C'est donc un ajout tardif d'Antoine Galland, qu'il a abusivement rebaptisé " Mille et Une Nuits ".



À ce titre il faut saluer absolument l'excellente traduction publiée chez Phébus (aujourd'hui Libretto) et la non moins enrichissante présentation ainsi que les notes et commentaires de haut vol de René R. Khawam, qui offrent de véritables éclaircissements et des clefs de compréhensions inestimables. C'est dit.



Ces aventures sont intéressantes à lire, mais pas nécessairement au premier degré. Elles valent, à mes yeux, surtout pour le témoignage historique et ethnographique qu'elles procurent. Ainsi, nous cheminons, vent en poupe sur un vaisseau marchand arabe, au début du IXème siècle, aux quatre coins de l'Océan Indien et même un peu plus loin. Ceci démontre l'extraordinaire connaissance des mers que possédaient déjà les Arabes à cette période. (Pendant la lecture, j'étais toujours fourrée dans mon atlas à constater l'existence de telle ou telle île de l'Océan Indien dont j'ignorais qu'il en était tellement constellé.)



La narration se présente sous forme de récits rétrospectifs à l'occasion de la rencontre de Sindbad le portefaix (qui deviendra Sindbad le terrien) avec Sindbad le marin. le premier, très pauvre, reproche au second sa grande richesse et sa vie facile, faite de plaisir et d'oisiveté. Ce à quoi, Sindbad le marin répond en invoquant son droit à n'être jugé qu'après l'écoute du récit de ses aventures et péripéties en mer.



Chaque jour, le portefaix vient écouter l'une des aventures qui seront au nombre de sept. Ces aventures nous conduiront le plus souvent dans ce qui s'appelle aujourd'hui l'Indonésie, mais aussi aux Comores, à Madagascar, en Inde, au Sri Lanka et, probablement même, en Chine et au Japon lors du septième voyage.



La structure du récit de chaque voyage est très répétitive et peut s'avérer un peu lassante à la longue : départ de Baghdâd avec ses marchandises, embarquement au port d'al Basra (nommée en français Bassorah et qui se situe de nos jours à plus de cent kilomètres à l'intérieur des terres en raison de l'ensablement dû aux alluvions du Tigre et de l'Euphrate), naufrage assez rapide, Sindbad seul rescapé, aventure fantastique, Sindbad fait fortune, un bateau le cueille au passage et retour sans problème vers l'Iraq.



En second lieu, ce qui est assez intéressant, après le témoignage historique et ethnographique qu'il faut dénouer du légendaire et du fantastique, il y a aussi la philosophie sous-jacente. Sindbad n'est pas un héros ordinaire. Il est bourré de défauts, il est jouisseur, intéressé par l'argent, ne rechigne pas à boire de l'alcool, ne tient pas souvent sa parole lorsqu'il dit être vacciné des voyages, il a trucidé pas mal de monde aux cours de ses pérégrinations insulaires, mais on pourrait le surnommer « Lucky Sindbad » car il est toujours incroyablement favorisé par la chance et ce pour deux raisons. Premièrement, il est avenant envers son prochain et généreux, deuxièmement, il a une foi inébranlable en son Dieu.



Ceci en fait donc un personnage très humain, un bon musulman, humble, tolérant envers les coutumes, croyances et traditions des autres peuples, mais aussi avec un petit côté roublard très attachant. Ce n'est pas un super héros, c'est un homme avec ses qualités et ses défauts, c'est juste qu'il a eu une destinée extraordinaire.



Au passage, René Khawam nous permet de nous faire une idée de ce qui peut être plausible dans ces récits et de nous faire à l'idée qu'une manière de Sindbad a probablement dû réellement exister et que le rédacteur de ses aventures avait très certainement dû le connaître, directement ou indirectement.



Un livre, donc, qui vaut surtout pour son témoignage culturel plus que pour l'intérêt propre des aventures, mais un voyage qui vaut le coup selon moi, du moins c'est mon portefaix d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La chanson de Roland

Comment faut-il lire La Chanson de Roland ? Comme un poème épique de quatre mille vers composé au XIIe siècle par un auteur anglo-normand ? Comme un document qui nous renseigne sur l'expédition de Charlemagne dans la Péninsule hispanique en 778. Levant le siège tenu devant Saragosse où il était venu à l'invitation de Suleyman en révolte contre l'émir de Cordoue, il reflua vers la frontière et, au passage, son arrière-garde aurait été accrochée au col des Pyrénées par les Sarrassins, et c'est à Ronceveaux que Roland, gouverneur des marches de Bretagne et comte, aurait trouvé une mort héroïque.

La réalité, plus prosaïque, oblige à dire que les Sarrasins n'étaient pas en cause, et qu'à travers l'ennemi que combattaient les valeureux guerriers "chrétiens", il faut plutôt voir des meneurs de guérillas d'origine vasconne (donc des Basques). L'idéal de croisade, soulevé au XIe et au XIIe siècle, doit expliquer en partie cette substitution.

Mais c'est surtout une autre lecture qu'il faut faire: on voit bien ici, que l'Empereur Charlemagne est relégué au second plan, et que c'est la figure emblématique du chevalier qui est mise en avant sous les dehors de Roland, présenté comme le brave des braves et le plus vertueux des capitaines. Le chevalier est souvent anobli, et là noblesse qui s'estime plus ou moins bridée et contrôlée en France et en Angleterre par des suzerains qui portent couronne de rois, a besoin de se revaloriser alors que la caste chevaleresque n'est bien souvent regardée que comme la servante armée des monarques. Pas étonnant que le récit de La Chanson de Roland ne donne pas le premier rôle au souverain et qu'il élève au paradis des grands hommes le preux Roland. C'est bien cela que cherche ce beau texte : transcender la réalité et l'embellir, quitte à faire un beau mensonge, pour donner le change. C'est le pourquoi de la littérature chevaleresque. Les héros adoubés chevaliers y passent avant les princes, alors que dans les faits c'est le contraire qui se dessine peu à peu, avec la vassalisation renforcée des nobles.



François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)

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La scierie

Un roman anonyme découvert grâce à Bobfutur, le récit étonnant d’une expérience dont le cadre se situe sur les bords de Loire, entre Blois et Chambord au début des années 1950. L’auteur volontairement anonyme qui vient d’un milieu bourgeois, ayant échoué au bac et contraint de travailler jusqu’à son départ au régiment raconte sa propre expérience d’ouvrier de scierie pendant deux ans. Il n’a que dix huit ans, le travail est très dur et dangereux et le milieu des plus hostiles. Pourtant ce garçon qui n’a pas froid aux yeux va prendre le taureau par les cornes, et accomplir un changement physique et moral étonnant à travers un boulot ingrat qu’il exécutera avec brio avec une volonté et une patience quasi surhumaine,

« Ce n’est pas pour rien qu’on appelle la scierie le bagne. Sortir de là c’est une référence. Le gars qui a tenu le coup là-dedans le tiendra partout, il porte la couronne des increvables. Mais cette couronne , il faut la gagner, il faut la payer, et elle se paye cher. ».

Intransigeant sur ses propres droits, intransigeant sur sa propre personne le garçon monte la barre des difficultés constamment jusqu’à l’insoutenable, et son dernier défit est presque du masochisme, jusqu’à ce qu’arrive la feuille pour partir au régiment, la délivrance ….

Un texte singulier d’un réalisme cru , un rythme rapide et un style sec qui reflète avec précision la violence d’un vécu insolite. Un texte fascinant sur l’homme et ses limites , dans ce contexte un coriace insensible à la fatigue , un garçon de dix-huit qu’on ne pourrait probablement plus rencontrer aujourd’hui parmi les nouvelles générations.
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La scierie

Cette Scierie m'a été mise dans les mains par un ami, qui en avait un petit tas sur son étagère, comme on tend la main à l'autre, après avoir trop parlé, quand il n'y a plus rien à dire, et que même boire sans parole devient vaguement douloureux.

« Il faudrait que tu lises ça »



Les quelques mots, une petite introduction, mentions faites à l'éditeur ou au préfacier / découvreur de ce texte anonyme, me paraissent à présent étrangers; une autre histoire, à raconter une autre fois, tant le coeur de ce récit accroche à la chair.



Il faut fournir.



L'envie de réfléchir à la véracité d'une histoire, à la réalité qui dépasse la fiction, aux départs et arrivées en gare des trains régionaux, s'affadit calmement, l'oeil dans le vague, alors que le doigt suit encore ces lignes abrasives pleines d'un hurlement silencieux, absorbant ce récit par une autre voie, bleue-sourde, blafarde, et toujours sous la menace d'un cordon de douleurs invisibles.



C'est une vilaine béquille pour aider à l'espoir.

C'est poissant de vérité tant il s'en dégage une farouche pudeur.

C'est un très beau cadeau de mon ami Pascal.
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La saga de Njáll le Brûlé

La lecture d'une saga islandaise (peu importe laquelle, celle d'Eirík le Rouge, celle de Gísli Súrsson ou toute autre) est toujours une expérience littéraire étonnante et enrichissante. Issues de la tradition orale, elles ne sont ni un conte comme ont pu en fixer les frères Grimm, ni un récit mythique à la Homère.



Il s'agirait plutôt ici d'une volonté de conserver la mémoire d'événements anciens à une époque où l'écriture n'était pas courante. Donc, ni plus ni moins qu'une chronique historique plus ou moins romancée. Ainsi, dans la Saga De Njáll Le Brûlé, nous avons affaire à une tradition orale, mise par écrit autour du XIIème siècle mais relatant des événements survenus un peu avant et un peu après l'an mil, c'est-à-dire quasi contemporains de la conquête de l'Angleterre par Guillaume le Conquérant.



C'est l'une des plus fameuses sagas islandaises et j'y ai été enthousiasmée au départ par cette surprenante façon de présenter les personnages, par le détail de leur généalogie, ainsi que d'embrasser, d'un coup, l'intimité d'un mode de vie et de pensée aujourd'hui disparus depuis des lustres, notamment les dettes d'honneur. (Je tiens à préciser au passage que ce côté généalogique de la présentation des personnages peut en rebuter certains qui ne seraient pas familier avec la façon très moyenâgeuse de faire des portraits.)



Ce n'est pas la qualité littéraire qui m'a séduite, mais bien plutôt la valeur du témoignage ethnographique, l'importance accordée de la justice (au sens d'un système judiciaire) à cette époque, le fait que chaque jeune noble, en guise de rite de passage, doive aller se faire la main en faisant une petite razzia sanguinaire en pays étranger (ces fameuses descentes de Vikings qui terrorisaient nos " paisibles " populations) presque comme on fait un échange Erasmus aujourd'hui, comment le christianisme s'est implanté en Islande autour de l'an mil, etc.



Par contre, au bout d'un moment, je ne vous cache pas que pour moi, les querelles, batailles, vengeances puis contre vengeances sont un peu lassantes...



Deux personnages ressortent de cette saga, évidemment, le sage et malicieux Njáll (surnommé, vous saurez pourquoi " le brûlé ") qui brille plus par son cerveau que par ses muscles et le flamboyant Gunnar, qui lui brille plus par ses muscles que son cerveau.



Pourtant, à choisir, en femme béate du XXIème siècle, j'aurais tendance à préférer Gunnar, une manière de Cyrano viking, plutôt que Njáll, manière de sage, très sage, trop sage politicien bienveillant. Bref, une lecture exotique sans soleil ni cocotier qui a le don de nous transporter très loin de notre quotidien. Mais ce que j'exprime ici, n'est évidemment que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Les Mille et Une Nuits, tome 1 : Dames insi..

Pouvait-il en être autrement ? Pouvais-je décemment passer à côté d'une occasion pareille sans la saisir ? Non ma bonne dame, certainement pas mon bon monsieur. Ma mille et unième critique ne pouvait convenir qu'à cette oeuvre, particulière parmi toutes.



Je tiens tout d'abord et avant tout, à saluer l'extraordinaire contribution du traducteur René R. Khawam pour le remarquable travail de recherche et d'intelligibilité qu'il donne à ce texte, le seul en français et l'un des tout premiers au monde à ne s'appuyer que sur les manuscrits originaux du moyen-âge (XIIè-XIIIè siècles) et non sur des versions plus récentes passablement remaniées et/ou édulcorées.



Je l'avais déjà mentionné pour sa traduction de Sindbad le Marin (texte plus ancien de presque quatre siècles par rapport à celui des Mille Et Une Nuits) mais c'est encore plus marquant ici. Les notes en bas de page sont parfaites ; elles n'interviennent que quand nécessaire et apportent une information claire et pertinente (sur un personnage historique, sur un lieu ou sur une coutume). Sa présentation (soit en édition pocket, soit désormais chez Phébus) vaut elle aussi le détour, car, tout bien pesé, l'histoire de ce texte est presque aussi fantastique et alambiquée que les contes qui s'y trouvent.



Je ne souhaite pas rentrer dans le détail ni paraphraser René Khawam qui le dit bien mieux que moi mais Les Mille Et Une Nuits ont été littéralement " inventées ", sorties de l'oubli, exhumée au tout début du XVIIIème après des siècles d'assoupissement, à la manière du génie de la lampe merveilleuse d'Aladin (qui, précision importante, ne fait pas partie des Mille Et Unes Nuits, car composé à une époque différente, mais y a été adjoint, tout comme Sindbad le Marin ou Ali Baba Et Les Quarante Voleurs dans certaines éditions peu scrupuleuses, y compris cette toute première) par un remarquable orientaliste français du temps de Louis XIV, Antoine Galland.



Je vous passe les vicissitudes mais sachez toutefois que le texte des manuscrits est parfois assez cru, notamment sur la question du sexe et que, préciosité du moment et des mécènes oblige, le texte fut largement édulcoré. (Je l'ai d'ailleurs constaté à mes dépens, voulant lire cette version des Mille Et Unes Nuits à ma fille de sept ans, j'ai vite fait machine arrière en abordant certaines scènes torrides et/ou violentes.)



Ces versions " soft " ont eu pour effet de cantonner ce texte à l'univers enfantin, ce qui est selon moi un tort. René Khawam signale au surplus que " mille et un " en arabe signifie " beaucoup de " et que certaines éditions, désireuses de coller absolument au nombre probablement pour faciliter une lecture du soir vis-à-vis de la jeunesse se sont attachées à tronçonner ces contes et ces histoires emboitées pour tomber pile sur 1001 à la fin. Or, c'est une absurdité.



L'ensemble des contes se présente sous forme de quinze sous-ensembles de taille très variable, totalement indépendants les uns des autres. Chacun de ces ensembles peut être perçu comme une poupée gigogne recelant en son sein une ou plusieurs histoire(s) emboitée(s).



Ce tome 1 de l'édition de R. Khawam propose quatre de ces sous-ensembles : La Tisserande Des Nuits (en gros l'histoire de Shéhérazade, qui en fait devrait être nommée Chahrazade si l'on s'en tient à la dénomination originale), le Marchand Et le Djinn, le Pêcheur Et le Djinn et enfin, le Portefaix Et Les Dames. le sous-ensemble le plus copieux des quatre est le dernier, lequel donne principalement son titre à ce tome.



Dois-je vraiment vous dire que cette oeuvre est majeure et qu'elle a influencé à peu près tous les pans de l'art occidental moderne ? Je vais me limiter à trois exemples seulement, tous pris dans cet unique volume, pour vous montrer que je n'ai pas besoin de creuser très profondément pour vous en trouver.



Tout d'abord, souvenez-vous de votre jeunesse ou de la jeunesse de vos enfants (en fonction des générations) avec le fameux film de Walt Disney : Merlin L'Enchanteur. Eh bien sachez que la scène probablement la plus intéressante et la plus excitante du film, celle de la bataille de magie entre Merlin et la sorcière Madame Mim provient de l'Histoire du Deuxième Derviche Qalandar dans le sous-ensemble le Portefaix Et Les Dames.



Alors vous allez me dire que si l'oeuvre n'a influencé que Walt Disney, cela ne va pas bien loin, certes, mais écoutez plutôt ; le Nom de la Rose d'Umberto Eco, grande oeuvre de littérature pour adulte s'il en est et admirable film de Jean-Jacques Annaud, et bien ce Nom de la Rose a pour noeud de l'intrigue, pour clef de l'énigme (je ne vous précise pas laquelle au cas où vous n'auriez ni vu le film ni lu le roman) l'Histoire du Roi Des Grecs Et du Médecin Doubane dans le troisième sous-ensemble, le Pêcheur Et le Djinn. Umberto Eco n'a fait que prélever textuellement cet épisode lui qui écrit si bien dans ce roman : « Les livres parlent aux livres. »



Enfin, si vous êtes plus adepte de grande musique (qu'est-ce que ça veut dire grande musique ?), à tout le moins de musique classique, sachez encore que le poème symphonique de Rimsky-Korsakov intitulé Shéhérazade puise abondamment dans ce tome, bien évidemment le thème même de Shéhérazade (Chahrazade) mais aussi et surtout celui du Prince Kalender qui provient quant à lui de l'Histoire du Troisième Derviche Qalandar dans le sous-ensemble le Portefaix Et Les Dames. (Au passage notez la déformation de Kalender, qui devient ici un nom alors que la désignation de qalandar, adjectif associé au mot derviche donne normalement une précision sur le type de derviche ; ici, il s'agit de derviches qui se rasaient entièrement le visage, cheveux et barbes évidemment, mais aussi sourcils, ce qui les différenciait grandement de l'homme de la rue qui était forcément barbu.)



Donc, vous l'aurez compris, une mine quasi inépuisable d'inspiration pour les auteurs modernes, tant le texte est foisonnant, tant il est féerique et tant il recourt au fantastique et au surnaturel. Il y est très souvent question d'amour, assez souvent question d'adultère. Il y est aussi beaucoup question de destin, notamment l'ascension ou la dégringolade sociale de roi à esclave ou inversement ou encore de l'état de richesse à celui de pauvreté ou inversement, comme c'est le cas aussi dans Sindbad le Marin.



J'en terminerai en spécifiant que dans ce tome, la femme occupe une place prépondérante et, bien qu'il y soit constamment question d'Allah et du Coran (orthographié Qoran), j'ai le sentiment que la vision de la femme est beaucoup plus libre, épanouie et importante socialement en ce XIIème-XIIIème siècle que ce que certains " traditionalistes " voudraient nous faire accroire de nos jours. Par exemple, Chahrazade est éminemment lettrée et cultivée et elle s'oppose à son père, qui est pourtant vizir et elle finit même par obtenir gain de cause.



Dans le Portefaix Et Les Dames, les femmes peuvent avoir un commerce à elles et y prospérer sans qu'il y soit question d'homme et sans être sous l'autorité d'aucun d'eux, elles peuvent commander à des hommes ou faire venir des hommes inconnus chez elles sans être suspectées de mauvaise vie ni ennuyées d'aucune façon. Elles ont la possibilité, si elles le souhaitent, d'être lascives et aguichantes, bref, une vision à des années lumières de la burqa et de l'enfermement dans lesquels certains prétendent que l'Islam les oblige… à méditer et, ce faisant, à méditer aussi le fait que même les éditions arabes des Mille Et Une Nuits sont, le plus souvent, non conformes aux manuscrits originaux…



Mais retenez enfin que ceci n'est qu'un avis adultérin (exactement comme le fils de Billie Jean dans la chanson de Micheal Jackson, laquelle Billie Jean devrait d'ailleurs s'orthographier Billie Djinn si l'on se réfère aux manuscrits originaux) qui, convenons-en, ne signifie pas grand-chose.

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Les Mille et une nuits : Sindbad le Marin

Non, non, non, petit tricheur ! Et quoi qu'en dise la quatrième ou même la première de couverture, Sindbad Le Marin n'appartient pas à l'ensemble qu'on appelle Les Mille Et Une Nuits. C'est ce petit polisson d'Antoine Galland (1646-1715), presque l'exact contemporain de Louis XIV, qui, face au succès de sa traduction des Mille Et Une Nuits et voyant qu'on lui en redemandait, s'est autorisé cette petite liberté, bien qu'environ quatre siècles séparent Sindbad Le Marin des Mille Et Une Nuits.



On pense que la fixation par écrit des Mille Et Une Nuits doit être à peu près contemporaine de Saint Louis tandis que les aventures de Sindbad Le Marin seraient quant à elles plutôt contemporaines de Charlemagne. Elles sont intéressantes à lire, mais pas nécessairement au premier degré. Elles valent, à mes yeux, surtout pour le témoignage historique et ethnographique qu’elles procurent.



Ainsi, nous cheminons, vent en poupe sur un vaisseau marchand arabe, au début du IXème siècle, aux quatre coins de l’Océan Indien et même un peu plus loin. Ceci démontre l’extraordinaire connaissance des mers que possédaient déjà les Arabes à cette période. (Pendant la lecture, j’étais toujours fourrée dans mon atlas à constater l’existence de telle ou telle île de l’Océan Indien dont j’ignorais qu’il en était tellement constellé.)



La narration se présente sous forme de récits rétrospectifs à l’occasion de la rencontre de Sindbad le portefaix (qui deviendra Sindbad le terrien) avec Sindbad le marin. Le premier, très pauvre, reproche au second sa grande richesse et sa vie facile, faite de plaisir et d’oisiveté. Ce à quoi, Sindbad le marin répond en invoquant son droit à n’être jugé qu’après l’écoute du récit de ses aventures et péripéties en mer.



Chaque jour, le portefaix vient écouter l’une des aventures qui seront au nombre de sept. Ces aventures nous conduiront le plus souvent dans ce qui s’appelle aujourd’hui l’Indonésie, mais aussi aux Comores, à Madagascar, en Inde, au Sri Lanka et, probablement même, en Chine et au Japon lors du septième voyage.



La structure du récit de chaque voyage est très répétitive et peut s’avérer un peu lassante à la longue : départ de Baghdâd avec ses marchandises ; embarquement au port d’Al Basra (nommé en français Bassorah et qui se situe de nos jours à plus de cent kilomètres à l’intérieur des terres en raison de l’ensablement dû aux alluvions du Tigre et de l’Euphrate) ; naufrage assez rapide ; Sindbad seul rescapé ; aventure fantastique ; Sindbad fait fortune ; un bateau le cueille au passage et retour sans problème vers l’Iraq.



En second lieu, ce qui est assez intéressant, après le témoignage historique et ethnographique qu’il faut dénouer du légendaire et du fantastique, il y a aussi la philosophie sous-jacente.



Sindbad n’est pas un héros ordinaire. Il est bourré de défauts, il est jouisseur, intéressé par l’argent, ne rechigne pas à boire de l’alcool, ne tient pas souvent sa parole lorsqu’il dit être vacciné des voyages, il a trucidé pas mal de monde aux cours de ses pérégrinations insulaires, mais on pourrait le surnommer " Lucky Sindbad " car il est toujours incroyablement favorisé par la chance et ce pour deux raisons.



Premièrement, il est avenant envers son prochain et généreux, deuxièmement, il a une foi inébranlable en son Dieu. Ceci en fait donc un personnage très humain, un bon musulman, humble, tolérant envers les coutumes, croyances et traditions des autres peuples.



Mais parallèlement, Sindbad a aussi un petit côté roublard, presque picaresque avant l'heure, ce qui en fait un personnage très attachant. Ce n’est pas un super héros, c’est un homme avec ses qualités et ses défauts, c’est juste qu’il a eu une destinée extraordinaire.



(Au passage, j'en profite pour vous signaler la traduction beaucoup plus fidèle de René Khawam, qui nous permet de nous faire une idée de ce qui peut être plausible dans ces récits et de nous faire à l’idée qu’une manière de Sindbad a probablement dû exister réellement et que le ou les rédacteur(s) de ses aventures avai(en)t très certainement dû le connaître, directement ou indirectement.)



Un livre, donc, qui vaut surtout pour son témoignage culturel plus que pour l’intérêt propre des aventures, mais un voyage qui, selon moi, vaut le coup et même si vous n'avez pas le pied marin. Mais ce n'est, bien entendu, que mon avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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Le Roman de Renart

Lorsque mes parents, voulant sans doute favoriser le développement de mon intérêt précoce pour la lecture et l'histoire, me mirent entre les mains le "Roman de Renart", j'avais une dizaine d'années et ni mon père ni ma mère ne s'étaient préparés à ce que fuse de mes lèvres juvéniles la question qui tue : "Papa, Maman, ça veut dire quoi violer ?"



Je me souviens encore de l'embarras provoqué par ma question et je me remémore encore mieux dans quel état d'abattement me plongea la réponse malhabile qui me fut donnée et qui fit naître en moi une réelle répulsion pour le rusé Goupil qui avait "violé" la femme du loup Ysengrin, devenu dès lors son ennemi juré. Du haut de mes trois pommes, je compris soudain que la "ruse" n'était pas seulement une forme de facétie et d'espièglerie sans conséquence mais qu'elle pouvait également servir de sombres desseins et être utilisée dans un contexte violent et/ou malhonnête. J'en fus vraiment choquée, comme on peut l'être à cet âge mais, quelque part, je peux aussi affirmer que ce récit m'a fait mûrir.



Quelques années plus tard, préparant une maîtrise d'histoire médiévale, j'eus l'occasion de me plonger directement dans l'étude d'un manuscrit original, enluminé à souhait. Avec la maturité acquise par mes lectures et mes études, je pus me pencher à nouveau sur ce texte fondateur qui, comme l'avait déjà fait Esope pendant l'Antiquité et comme le fera quelques siècle plus tard Jean de la Fontaine, humanise les animaux pour mieux toucher l'homme par la peinture rocambolesque de sa véritable nature, vertus et vices confondus.



"Le Roman de Renart" est une oeuvre collective à multiples voix. Selon les historiens, près d'une trentaine d'auteurs y aurait collaboré sur plus de 75 ans ! C'est pour dire combien cette oeuvre littéraire peut nous apprendre sur les mœurs médiévales. Malgré un langage quelque peu suranné, la lecture est aisée, il ne faut pas craindre de l'entreprendre. La ruse, fil rouge du récit, n'est pas l'apanage du seul Maître Renart, les auteurs eux-mêmes ne sont pas en reste. Ainsi, je me suis bien amusée en constatant que le secrétaire du roi (invariablement représenté sous les traits d'un lion) était un âne !



A part le lion, il ne faut pas s'attendre à croiser beaucoup d'animaux "exotiques", pratiquement inconnus d'un monde dont les confins méridionaux se situaient en Terre Sainte et les septentrionaux en Scanie.

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Les Mille et une nuits : Sindbad le Marin

Les aventures de Sindbad Le Marin sont intéressantes à lire, mais pas nécessairement au premier degré. Elles valent, à mes yeux, surtout pour le témoignage historique et ethnographique qu’elles procurent.



Ainsi, nous cheminons, vent en poupe sur un vaisseau marchand arabe, au début du IXème siècle, aux quatre coins de l’Océan Indien et même un peu plus loin. Ceci démontre l’extraordinaire connaissance des mers que possédaient déjà les Arabes à cette période.



(Pendant la lecture, j’étais toujours fourrée dans mon atlas à constater l’existence de telle ou telle île de l’Océan Indien dont j’ignorais tout et à sans cesse m'étonner en prenant peu à peu conscience qu’il en était tellement constellé alors que je réservais auparavant ce privilège à l'Océan Pacifique.)



La narration se présente sous forme de récits rétrospectifs à l’occasion de la rencontre de Sindbad le portefaix (qui deviendra Sindbad le terrien) avec Sindbad le marin. Le premier, très pauvre, reproche au second sa grande richesse et sa vie facile, faite de plaisir et d’oisiveté. Ce à quoi, Sindbad le marin répond en invoquant son droit à n’être jugé qu’après l’écoute du récit de ses aventures et péripéties en mer.



Chaque jour, le portefaix vient écouter l’une des aventures qui seront au nombre de sept. Ces aventures nous conduiront le plus souvent dans ce qui s’appelle aujourd’hui l’Indonésie, mais aussi aux Comores, à Madagascar, en Inde, au Sri Lanka et, probablement même, en Chine et au Japon lors du septième voyage.



La structure du récit de chaque voyage est très répétitive et peut s’avérer un peu lassante à la longue : départ de Baghdâd avec ses marchandises, embarquement au port d’Al Basra (nommée en français Bassorah et qui se situe de nos jours à plus de cent kilomètres à l’intérieur des terres en raison de l’ensablement dû aux alluvions du Tigre et de l’Euphrate), naufrage assez rapide, Sindbad seul rescapé, aventure fantastique, Sindbad fait fortune, un bateau le cueille au passage et retour sans problème vers l’Iraq.



En second lieu, ce qui est assez intéressant, après le témoignage historique et ethnographique qu’il faut dénouer du légendaire et du fantastique, il y a aussi la philosophie sous-jacente. Sindbad n’est pas un héros ordinaire. Il est bourré de défauts, il est jouisseur, intéressé par l’argent, ne rechigne pas à boire de l’alcool, ne tient pas souvent sa parole lorsqu’il dit être vacciné des voyages, il a trucidé pas mal de monde aux cours de ses pérégrinations insulaires, mais on pourrait le surnommer « Lucky Sindbad » car il est toujours incroyablement favorisé par la chance et ce pour deux raisons. Premièrement, il est avenant envers son prochain et généreux, deuxièmement, il a une foi inébranlable en son Dieu.



Ceci en fait donc un personnage très humain, un bon musulman, humble, tolérant envers les coutumes, croyances et traditions des autres peuples, mais aussi avec un petit côté roublard très attachant. Ce n’est pas un super héros, c’est un homme avec ses qualités et ses défauts, c’est juste qu’il a eu une destinée extraordinaire.



Au passage, j'en profite pour signaler une édition concurrente, à mon avis de meilleure qualité, que l'on doit aux talents de traducteur de René R. Khawam chez Libretto (anciennement Phébus) et qui nous permet de nous faire une idée de ce qui peut être plausible dans ces récits et de nous permettre d'imaginer qu’une manière de Sindbad a probablement dû exister réellement et que le rédacteur de ses aventures avait très certainement dû le connaître, directement ou indirectement. Voilà, c'est dit, je me devais de faire un petit clin d'œil à cette autre et excellente édition.



Un livre, donc, qui vaut surtout pour son témoignage culturel plus que pour l’intérêt propre des aventures, mais un voyage qui vaut le coup selon moi, du moins c’est bon humble avis, c’est-à-dire, pas grand-chose.
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La saga de Njáll le Brûlé

La Saga de Njall le brulé est un récit anonyme écrit (au XIIIe siècle) par un maitre du genre Sagas islandaises (dont le nom est aussi inconnu que son savoir est grand) . le texte présente de nombreux Jarls et leurs hauts faits de guerre, privées ou non.

Il a ici une dimension internationale car le texte traite de la fin de l'aventure norvégienne en Irlande (1014) et des toutes premières avancées de la religion catholique dans l'ile (grosso modo autour de l'an 1000).

Si on passe sur les litanies généalogiques inévitables , sur la difficulté des noms de personnes et sur celle des noms de lieux et sur la bizarrerie fréquente des comportements ou du moins sur le regard qui est porté sur eux dans le texte . Cette lecture est une fenêtre pour un plaisant voyage temporel.

C'est un récit très avenant globalement aussi incroyablement vivant que minutieux ,tout en détails variés. Ces détails donnent au texte une grande intimité pour le lecteur avec l'époque de sa rédaction. On est de plein pieds dans cette Islande médiévale.

Sans anachronisme qu'on se le dise ,la fraicheur de ces pages est indiscutable et délicieuse. La narration est simple, éloquente ,sans fioritures , circonstanciée et évocatrice. Il y a un élan poétique en prose bien rythmé qui se dégage de ces lignes soignées.

La civilisation islandaise et païenne s'offre intimement au lecteur de ces pages. le texte est sanglant et très juridique et on y entrevoit d'autres sujets de société , comme la parenté , le droit et les droits, le statut des femmes ,les héritages et les entreprises de pillages au-delà de l'océan et leurs organisations "dotales".

Le cadre géographique est posé dans ce texte qui indirectement diserte sur les sources de richesses rurales , sur les ressources locales, sur les paysages et sur certains usages païens ou encore sur les structures des familles élargies implantées en fermes isolées.

Pour info l'Islande est un territoire exclusivement rural composé de fermes et de « comptoirs » isolés (et plus tard de lieux de culte ecclésiale tout autant isolés). Les nombreux lieux dit peuvent abriter officiellement de véritables institutions plus ou moins locales (le Thing et ses répliques par exemple ou des lieux de cultes). L'Islande n'est pas une république démocratique. La plupart de ses habitants sont libres mais l'ile se constitue en une oligarchie de Jarls qui ont une certaine représentativité locale en tant que détenteurs du pouvoir ,des richesses et responsables des collectivités (familles élargies).

Pour appréhender la vie et le droit islandais au travers des Sagas on peut lire le très agréable ouvrage de Régis Boyer ,Moeurs et psychologie des anciens islandais ,d'après les sagas de contemporains,.

A l'époque évoquée dans cette Saga vivante L'Islande est encore un territoire colonial de peuplement mais le pays possède déjà une structure propre très forte. Les colons libres sont norvégiens ils sont fréquemment en rupture de ban avec leurs territoires d'origines mais pas toujours.

Ce n'est que beaucoup plus tard que le roi de Norvège prendra officiellement le control officiel de l'ile tout en respectant intégralement les usages locaux. Avant les norvégiens il y eu quelques Papars , des ermites d'origine celtique, prêtres ou non. Les textes mentionnent leur antériorité et ne parlent jamais de leur persécution, de leurs reconnaissance ou de leur intégration à la nouvelle vie locale. le nom de Papars est intéressant car il souligne anciennement une référence à la prêtrise qui a fondamentalement des analogies avec la magie (les sacrements) et qui donc peut-être est un nom qui corrobore une forme de reconnaissance sociale ou une identité élaborée. de simples ermites sans prêtrise n'auraient peut-être pas étés appelés Papars. Les Papârs sont clairement mentionnés mais ils n'ont pas de rôles magiques ou religieux connus. Par ailleurs de très nombreux esclaves d'origines celtiques (Irlande, Ecosse principalement ) accompagnèrent les colons norvégiens. Ils étaient sans l'ombre d'un doute la moitié de la population islandaise ,ce dont le phénotype et la génétique des islandais contemporains se font l'échos éloquent. Là encore rien de celtique ne transparait dans les usages islandais et dans l'énoncé dès pays d'origine des habitants de l'ile et la Saga de Njall le brulé ne fait pas exception à la règle. Parmi ces esclaves (prises de guerre) ,était probablement niché le christianisme ,mais de manière non organisée, sans prestige et dans une indifférence totale, dont les textes absolument silencieux se font l'écho clair et unanime.

Un petit clin d'oeil pour conclure .Les généalogies et la complication des noms de lieux gênent vraiment la lecture spontanée et facile des textes tel que cette Saga de Njall le brulé .Mais sachez que dans des proportions inconnues dans le monde entier les islandais contemporains possèdent une généalogie détaillée, très ancienne et très accessible. Les Sagas sont les parties principales d'une connaissance généalogique très étendue. Il existe un ,Livre des islandais, qui est ancien et continuellement alimenté. C'est un véritable bottin qui plonge efficacement dans le temps.

Les généalogies étaient comme ce Livre des islandais une source de légitimité et le moyen précieux pour éviter des unions incestueuses, potentielles , déconseillées et illicites.

A mon humble avis le principal attrait de la Saga de Njall le brulé repose sur son ton agréable et sur sa simplicité mais aussi sur son intérêt pour la connaissance de la médiation en tant que phénomène social et juridique et enfin sur la portée pratique de la parole dans cette société médiévale complexe qui repose sur une oralité complexe et structurée.

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La scierie

Et dire qu'on ne sait pas qui a écrit ce récit ! La légende voudrait que son auteur en ait confié le manuscrit à Pierre Gripari avant de s'en désintéresser. Vingt ans plus tard, ce dernier, ne pouvant se résoudre à ce que La Scierie tombe dans l'oubli, le fait publier dans l'anonymat. de là ce livre est lu par l'ami d'un babélionaute, qui le lui met entre les mains en lui disant qu'il doit le lire. Après quoi, ledit Bobfutur en question s'est empressé de venir nous en faire la publicité, puis la cavalière au grand sourire s'est vue dévalisée par ses babélamis qui l'ont commandé sur ses conseils. Bref, pendant quelques heures j'ai investi la scierie d'un illustre inconnu, et j'ai kiffé. Comme dit Pierre Gripari (qui était aussi un inconnu pour moi) : « Tout cela est propre, viril, et sans détour ».





« J'écris parce que je crois que j'ai quelque chose à dire ». Ainsi débute ce récit, relayé par des éditions qui me sont également inconnues mais portent un nom propice à qui publie un récit anonyme : Héros-limite. le narrateur, jeune-homme de bonne famille, est pour un temps forcé de trouver un travail d'ouvrier dans une scierie, pour démarrer sa vie de famille. Cette expérience, intense et inoubliable, le fera devenir homme sous nos yeux, en seulement 140 pages.





« Tout ça me fait penser à un champs de bataille du douzième siècle. Ça devait faire le même bruit, ça devait être le même activité. Cette ambiance de bagarre est réelle. On a l'impression que l'équipe veut exterminer le bois, le hacher, le bouffer. Ici on ne pose pas, on jette, on lance. le moindre objet qui embarrasse est projeté n'importe où, au loin, à toute volée. Ici on ne se dérange pas pour pisser, on pisse où on est : les griffeurs sur leur chariot, le scieur à sa place, etc. Pas de temps à perdre. Jamais on s'arrête, car il faut fournir. »





Pierre Gripari écrira : « Son livre est bon parce qu'il est bien écrit ; il est bien écrit parce que le ton est juste ; et le ton est juste parce que le narrateur ne triche pas avec qui il est, ne cherche pas à séduire, ne ménage personne, et surtout pas lui-même. » Tout est exact. L'écriture, bien que virtuose, est aussi brute que le bois qui arrive dans les mains écorchées du narrateur. Ça la rend vivante. Des blessures, il y en aura et le lecteur ne sera pas épargné qui devra serrer les dents à la vue du sang, et ressentir dans ses chairs l'aiguille qui recoud ; La sueur mêlée de résine de pin, sur les torses musclés dont les veines semblent prêtes à éclater, fera tenir les bleus de travail debout ; les barbes rêches masqueront les rides précoces de nos bûcherons bourrus, qui iront au bout de leurs forces et de leurs ressources. Et s'ils repoussent leurs limites, c'est qu'il faut bien vivre, et qu'il n'y a pas de travail ailleurs. En plein hiver ici, le pôle d'emploi c'est la scierie : il faut produire, augmenter les cadences, faire le travail de quatre hommes, prouver sa valeur et se rendre indispensable. Jusqu'à l'écoeurement. Bienvenu dans la France des années 1950.





« Le déligneur, c'est Garnier. Spectacle ahurissant. J'ai d'abord l'impression qu'il est ivre, ou fou de rage. le déligneur titulaire de la place s'est fait enterrer par le scieur et ne peut plus fournir. Garnier a pris la place et lui fait voir comment on déligne. Ses gestes sont violents : il arrache la planche du tablier avec un rictus méchant, la place sur le petit chariot mobile, l'ajuste à la lame d'un coup d'oeil, et pousse dans la scie, à toute vitesse, le corps jeté en avant. A chaque trait, ses doigts passent à un centimètre de la lame. Il retire son chariot de toutes ses forces et jette les planches hors du hangar, à cinq mètres de lui. On a l'impression qu'il va bouffer chaque planche sur laquelle il met la main : il en bave, il en écume. Sa cadence est insensée. Inutile de s'approcher de lui, on prendrait un paquet de bois dans la gueule. Et on est en fin de journée ! Qu'est-ce que ça doit être au début ! »





J'ai lu la Scierie comme j'ai lu Germinal : Portée par le souffle de l'explosion du palpitant de cet anonyme et de ses descriptions vibrantes, souffrant avec les personnages, enrageant avec eux, trimant à leurs côtés ; espérant pour eux. C'est beau, c'est fort ; C'est touchant aussi, extrêmement. On aimerait les soutenir, plus que les personnages féminins du livre qui, il faut bien le dire, paraissent si peu à la hauteur. Oui, décidément, ce petit livre encore pas si connu et écrit par un anonyme ne peut se transmettre que de plume de babéliodruide à yeux de babéliodruide, autant dire d'un anonyme pseudo à d'autres pseudo-anonymes. Et c'est très bien comme ça. Une lecture qui fleure bon la sciure, la testostérone et les matins difficiles, mais qui rappelle avec force et courage la valeur du travail et des travailleurs.





« Ils ont tous l'air très méchant, mais, sous cette enveloppe, se cachent des coeurs qui rendent hommage au mérite et au courage. Eux seuls connaissent la valeur de l'effort, parce qu'ils sont habitués à souffrir. Ils ne savent pas tous lire, mais ils sont courageux, costauds, décidés. Ce sont des forts. »
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Le coran

Précisons tout de suite le contexte de lecture : athée diablement convaincu, poussant le vice jusqu'à lire des livres d'archéologie dans le but de trouver de nouveaux dieux en lesquels ne pas croire, mes chances de conversion étaient plutôt minces. Mais athée ou pas, on est bien obligé de s'interroger sur le Coran, coincé entre les ceux qui disent qu'il apporte paix et amour, et les ceux qui répliquent qu'il n'apporte que guerre et violence. Et la meilleure opinion reste, bien sûr, celle qu'on se forge soi-même.



Première impression : c'est un peu ennuyeux. Les protagonistes qui se battent à coups de versets hors contexte m'avaient laissé l'idée d'un livre rempli de pièges intellectuels, capables de transformer en un instant le plus doux des humanistes en un fanatique assoiffé de vengeance. Force est de constater qu'il n'en est rien : au contraire on prend son temps, pas pressé d'en arriver aux faits, dans une écriture assez riche en métaphores.



Seconde impression : c'est terriblement ennuyeux ! On se rend rapidement compte que l'ensemble du texte est articulé autour de trois idées principales :

1) Tout ce que Dieu dit ici, il l'a déjà dit avant, mais personne n'écoute jamais rien ;

2) Il y a tellement de preuves que ce livre est la vérité qu'il faut vraiment le faire exprès pour ne pas croire ;

3) Ceux qui ne croient pas feraient bien de vite changer d'avis, car l'avenir qui leur est promis n'est pas particulièrement engageant.

Et c'est à peu près tout. Ces trois idées sont répétées, inlassablement, deux fois, dix fois, vingt fois, cent fois, complétées par la liste exhaustive de tout ceux qui n'ont pas cru, pour de mauvaises et stupides raisons, et qui s'en sont mordus les doigts une fois atterris dans la Géhenne. L'impression d'avoir sans cesse les mêmes phrases sous les yeux provoque chez le lecteur un état léthargique, et même les menaces sans cesse réitérées de subir des châtiments éternels en Enfer ne parviennent pas sur le long terme à contrer cet effet soporifique.



Surprise également, le peu de règles morales présentes dans le texte. Si les exhortations à les respecter et les menaces envers ceux qui ne les respecteront pas ne manquent pas, on se soucie assez peu souvent de nous rappeler quelles sont ces règles. À part une règle de partage d'héritage par ci, le nombre de témoins à rassembler pour constater un adultère et le nombre de coups de fouet à infliger aux coupables par là, on n'a pas grand chose à se mettre sous la dent. L'intérêt d'une Sunna et des hadiths, qui m'avaient toujours laissé sceptique, devient alors évident, puisqu'eux seuls fournissent un modèle précis à imiter.



Lecture pas franchement enthousiasmante pour ma part, vous l'aurez compris. Seul le fait de pouvoir dire « Je l'ai lu ! » m'a donné le courage d'en venir à bout, et si j'en crois le ticket de caisse, il m'a fallu tout de même six ans pour y parvenir. J'encourage les gens qui veulent découvrir l'islam à se diriger plutôt sur des commentaires ou des introductions plus conviviales.



Quant à savoir si le monde serait meilleur ou pire si les gens lisaient plus souvent le Coran, ce qui était finalement ma question initiale, ma conviction intime restera qu'il serait surtout beaucoup plus endormi.
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Tristan et Iseult

C'est avec un plaisir qu'on retrouve une fois de plus cette légende de Tristan et Yseult, une histoire de grand amour où les passions n'ont aucun point de chute pour arriver à la raison même au risque de mettre sa vie en danger, la passion domine tout, comme si les deux personnages n'avaient pas un seul moment de réflexion respectif à chacun, tout en eux est ramené à leur amour, un amour toujours embryonnaire, un amour impossible, mais sous la plume de Beroul, on adopte aussi facilement cette passion presque naïve qui a les anime , on partage leurs peines, leur combat pour faire triompher leur amour contre vents et marais même s'il faudrait poursuivre leur amour dans le monde de l'au-delà, ils y sont prêts...
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Lazarillo de Tormes

La litterature picaresque est-elle nee avec ce petit livre? Beaucoup le soutiennent. En tous cas le heros/narrateur, Lazaro, communement appele Lazarillo vu que c'est un gosse, est devenu le picaro par excellence en Espagne, “El Lazarillo”.



Le livre, dont on ne connait l'auteur, raconte a la premiere personne du singulier les experiences d'un enfant pauvre, serviteur de plusieurs personnages dont il souffre le commerce et qu'il fuit les uns apres les autres. Et cela devient, en quelques courts chapitres, une dure critique sociale.



Suivant ses differents maitres, Lazaro parcourt l'Espagne et il nous la decrit peuplee d'une foule affamee, de mendiants, de colporteurs, “guerisseurs”, et autres “artistes” itinerants qui abusent de la naivete du petit peuple; de “hidalgos”, chevaliers de petite noblesse ou autres soldats a la retraite pour qui tout travail est deshonorant; d'hommes d'eglise - les pires de tout l'attirail decrit – qui cultivent a l'envi tous les peches capitaux. Une societe ou l'apparence mensongere est de regle, une societe-theatre aux coulisses saturees de misere.



Lazaro est au debut de ses engagements un parfait innocent, mais, pas bete pour un sou, il apprend vite a se debrouiller pour survivre, finissant par rouler ses maitres les uns apres les autres (on pourrait qualifier cette oeuvre de “bildungsroman”, le roman d'apprentissage, de formation, d'un picaro).



C'est quand il est plus age qu'il nous raconte ses aventures et ses mesaventures, et il le fait avec un humour devastateur, qui fait tout le piquant du texte. L'humour, la satire, accentuent la critique sociale et amplifient sa portee. Cela explique que le texte ait du circuler sous le manteau des dizaines et des centaines d'annees. Ni le Pouvoir, ni, surtout, l'Eglise, ne pouvaient le laisser courir en liberte. Mais c'est un picaro et il a su se debrouiller pour faire rire tous les siecles et arriver jusqu'a nous sans une egratignure.



Le picaro nouveau est arrive. Nouveau? Oui, il n'a que 450 ans. Frais comme en 1554. A consommer sans moderation.

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Le Roman de Renart

Parmi les oeuvres les plus célères de la littérature médiévale, "Le roman de Renart" figure naturellement en bonne place. Ce classique est constitué de plusieurs récits d'auteurs différents qui racontent la lutte permanente entre Renart, joyeux et malicieux goupil et Isengrin le loup.



A la fois conte et fable populaire, cette épopée animale s'analyse cependant et principalement en une critique de la société féodale, dans laquelle les animaux jouent le rôle des hommes (ainsi, il faut entendre que ce coquin de Renart est en vérité un baron rusé et malfaisant, que le roi Noble est un lion, etc.), qui connut une bonne audience au Moyen Âge pour qu'elle parvienne jusqu'à nous.

La seule difficulté de ce récit tient à l'emploi du vieux français mais cela est marginal tant le plaisir de connaître la vie médiévale et ses principes domine.
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#whenIwas15 : Lire et dire le désir

Tout d'abord, je tiens à témoigner mon soutien à Manu Causse, dont j'avais acheté le livre aujourd'hui censuré "Bien trop petit" pour les élèves de mon lycée l'an dernier (tout comme d'autres titres de la collection L'ardeur, éditée par Thierry Magnier). Et je tiens tout autant à exprimer une fois de plus mon indignation face à cette prise de position absolument inacceptable de Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur qui s'érige en gardien de la bonne moralité de nos jeunes. Au lieu de s'occuper de ce qui pose vraiment problème, comme l'accès à de la pornographie sous toutes ses formes y compris les plus traumatisantes dès le plus jeune âge, là oui, il y aurait matière à contrôle ! Mais c'est plus facile de décider qu'un livre ne doit plus être proposé à des mineurs, sans même avoir pris la peine de le lire, du moins j'en doute fortement. Et s'il l'a lu, alors c'est encore plus grave, parce que cet ouvrage ne fait que répondre à une des nombreuses questions sur la sexualité et la transformation du corps à l'adolescence, accompagnée des premiers émois amoureux que nous avons tous connus, enfin je l'espère pour vous qui me lisez !



Après cette censure complètement débile (excusez-moi, mais en tant que prof-doc ça me met en rage), Nicolas Mathieu a par solidarité envers son collègue auteur créé le hashtag #wheniwas15, à l'été 2023. Il y invitait tout un(e) chacun(e) à déposer un témoignage établissant, je cite "de manière évidente que l'adolescence, la littérature et l'érotisme ont justement tout à voir". Et les textes ont afflué, émanant d'auteur(e)s ou d'anonymes, femmes, hommes, toutes sexualités et genres confondus ont répondu à l'appel.



Devant le succès de cette initiative, Nicolas Mathieu a sélectionné 70 de ces témoignages, souvent très courts (mais jamais trop petits!) et en a fait un livre, édité bien sûr par Thierry Magnier. le lecteur y découvre les romans ou les passages qui ont suscité les premiers émois des contributeurs, parfois bien avant 15 ans d'ailleurs. Bien souvent il ne s'agit pas de littérature destinée à la jeunesse, parce qu'il n'existait que très peu d'auteur(e)s jeunesse osant aborder les sujets "tabous", mais plutôt de romans pour adultes plus ou moins "planqués" derrière des lectures censées être plus "respectables" aux yeux des parents. Certains noms reviennent souvent, comme Régine Desforges et sa fameuse "Bicyclette bleue", Marguerite Duras avec "L'amant", ou Colette, ou encore les BD de Milo Manara avec ses superbes créatures... parfois c'est plus inattendu, comme "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux" de Nicholas Evans, il va falloir que je le lise !



Alors bien sûr ces textes sont d'inégale qualité littéraire, certains particulièrement évocateurs, quelques-uns émanant de femmes ayant vécu leur adolescence dans des pays où il ne fait pas bon exprimer sa sensualité ouvertement, ni même lire d'ailleurs. Mais l'important n'est pas là, vous l'aurez bien compris. Ce qui compte, c'est que cet élan ne retombe pas, et que nos jeunes puissent continuer à avoir accès à une littérature de qualité, écrite pour eux, par des auteurs qui respectent leur sensibilité mais savent mettre des mots sur tous ces sujets où les questions sont nombreuses, et les réponses précieuses. Les cinq étoiles saluent l'initiative de Nicolas Mathieu et le soutien de tous ces contributeurs qui n'ont pas hésité à dévoiler un peu de l'intimité de leurs 15 ans.



Merci à Babelio et bien sûr aux éditions Thierry Magnier pour ce livre remporté à l'occasion de la MC jeunesse et jeunes adultes de novembre.



P.S : si vous avez des ados de la tranche d'âge concernée, je ne peux que vous encourager à les laisser lire la collection L'ardeur, j'en ai lu plusieurs dans le cadre du boulot, ils sont vraiment bien adaptés à leur lectorat-cible, même si en tant qu'adulte nous serons sans doute un peu sur notre faim !

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Le Roman de Renart

Gourmandise, stupidité, ruse.



Ces trois mots définissent à eux seuls cet ouvrage que l'on ne présente plus.





Comme tout le monde, je connaissais les quelques fabliaux les plus connus extraits de cette épopée animale : l'épisode des anguilles, l'aventure de Tiecelin le corbeau à qui Renart prit son fromage, le chat Tybert grimpant sur une croix pour se délecter d'une andouille qu'il ne tient pas à partager avec Renart...

Autant d'épisodes qu'il est plaisant à lire indépendamment, qui divertissent par leur caractère très caricatural. On s'amuse des farces odieuses de ce cruel Renart, on prend pitié de ce pauvre Ysengrin...

Mais lire cet ouvrage qui reprend les soixante aventures du goupil, cela devient très fastidieux.



Certes, cela peut donner à réfléchir sur la façon dont les auteurs médiévaux se sont emparés des fables d'Esope pour en faire à leur propre compte une satire sociale des mœurs aristocratiques de l'époque. Dans cet ouvrage là, sous couvert d'un anthropomorphisme enfantin, on se gausse ouvertement des seigneurs, tout comme La Fontaine le fera en son temps. Mais, quitte à comparer, je préfère nettement les fables de Jean de la Fontaine aux fabliaux de cette œuvre médiévale ; celles de notre célèbre auteur classique sont beaucoup plus subtiles, plus étayées et plus variées.

Le roman de Renart a tendance, lui, à se répéter. On lit mille fois ( bon un peu moins..d'accord..) comment Renart imagine des tours pour trouver sa nourriture et comment il dupe les animaux de la ferme et de la forêt. Au début ça amuse puis ça lasse. Surtout lorsque les mêmes compères du malin goupil ( Ysengrin, Tybert ou encore l'ours Brun) se font avoir plusieurs fois de la même façon ! Finalement, on en vient à se dire que ce n'est pas Renart qui est rusé mais plutôt les autres qui sont d'une telle naïveté qu'ils tombent à chaque fois dans le piège énorme du goupil.





L'ouvrage que j'ai lu date de 1982. Il provient des éditions Gallimard de la collection mille soleils qui s'adresse aux jeunes lecteurs. Je ne crois pas que ce genre d'ouvrage fasse le bonheur des enfants ou ados..Il est à mon avis trop dense et trop répétitif pour attiser leur envie de le lire.



Il peut, par contre, faire le "bonheur" des médiévistes qui y trouveront sans doute matière pour illustrer leurs connaissances sur les mœurs et les rouages de la société médiévale. La place de la femme au Moyen-Âge, par exemple, s'y révèle très justement : femme au foyer douce et obéissante, dont l'avis importe peu mais aussi considérée par les hommes comme étant le fruit de leur discorde quand elle n'était pas tout simplement jugée comme créature du démon. Ici, Ysengrin se brouillera définitivement avec Renart en raison d'un outrage que ce dernier fit subir à dame Hersent, son épouse.





En guise de conclusion, je tiens tout de même à préciser que même si cette lecture m' a parue ennuyeuse à bien des égards, je suis tout de même satisfaite d'avoir lu cet ouvrage de la littérature médiévale. Je peux maintenant en parler en connaissance de cause !
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Le coran

L'Histoire montre que ce grand "Livre", comme tout autre livre religieux ne peut pas être mis entre toutes les mains. Combien d'horreurs ont-elles été perpétrées au nom des religions? par des gens qui interprétaient les textes à leur manière... Les "Livres" sont pour certains fanatiques ou extrémistes des bombes à retardement, mais dans tous, que ce soit l'Ancien ou le Nouveau Testament, ou le Coran, on y trouve des messages de paix, de respect et d'amour, qui justifient leur lecture.
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Le chant de la fidèle Chunhyang

Chunhyang est l'héroïne la plus célèbre de Corée. Cette édition s'appuie sur un roman du 19ème siècle, mais l'histoire de Chunhyang, d'inspiration confucéenne, est plus ancienne et appartient autant à la culture orale et populaire qu'à une tradition romanesque plus littéraire. Cette traduction témoigne assez bien d'un genre hybride où à la trame linéaire du roman s'ajoutent des éléments théâtraux empruntés au Pansori. L'histoire est quant à elle très simple. Dans une province du sud de la Corée, Chunhyang à 16 ans est déjà réputée pour sa beauté. Elle est élevée par sa mère, une ancienne Kisaeng, une courtisane, qui a cependant épousé un aristocrate désormais décédé. Le fils d'un gouverneur de la province, Yi Mong-nyong, du même âge que Chunhyang, s'éprend de celle-ci dès qu'il la voit. La passion étant réciproque les deux amants se jurent fidélité. Mais le père de Yi est appelé à la capitale. La séparation est quasi tragique et un nouveau gouverneur est nommé. Il est lui aussi séduit par la beauté de Chunhyang et la souhaite comme courtisane. Face à son refus il l'enferme après qu'elle eut été fouettée. Yi ne donne plus de nouvelles. Il réussit néanmoins brillamment ses examens et est nommé inspecteur dans son ancienne province. Il se fait d'abord passé pour un mendiant puis retrouve Chunhyang et met de l'ordre dans la province.
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