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Citation de babounette


 Anonyme
Un peu d’étymologie

À l’instar d’autres contenus culturels, les langues voyagent et s’échangent des mots depuis l’aube des temps. Ainsi dans la Bible, les instruments de musique sont cités avec leur nom grec et les langues indo-européennes s’étendent de l’Islande à l’Himalaya.

La plupart des mots français viennent du latin - et du grec pour nombre de mots scientifiques, reconnaissables au y au rh, au th et au ph, comme rhume, rhétorique, thyroïde et physique. Souvent, le français combine les racines des deux langues comme dans automobile ou rhéostat (de rhein, couler et stare, être debout, immobile), la racine indo-européenne st donnant aussi, statue, état, statuer, stature, statique, station(nement), stèle, constitution et prostituée (placée devant). Racine prolifique, elle donne to stay en anglais, staan en néerlandais, stehen en allemand, et on la retrouve ainsi du sanskrit à l’islandais.

De nombreux apports plus récents intégrés au dictionnaire viennent de l’anglais, parfois reconnaissables comme football, sprint, home, steak, rosbif (roast beef), week-end, poker, whist, stop, call-girl, wagon ou leader, mais d’autres mots ont une apparence qui laisse moins deviner leur origine comme budget, choc, nord (north), sud (vieil anglais suth), est (east) ouest (west) et radar (initiales de radio detection and ranging). Kidnapper vient de kid (enfant) et to nap (voler, enlever). Et qui sait encore que le mot péjoratif bigot vient de By God ?

Il est vrai que l’anglais a reçu davantage de mots du français que l’inverse.

Gâter, d’origine latine (vastare), fait partie de ces nombreux mots où sous l’influence anglo-normande, le g s’échange avec le w gâter-waste, Guillaume-William, garant-warrant, gâteau (wastel en francisque) et gascon (en latin Vasco).

Jules Verne parlait déjà de brick et de steamer. Le mot kayak nous vient de l’esquimau, aviso de l’espagnol, cotre et paquebot de l’anglais (packet boat), vedette de l’italien, drakkar des langues scandinaves, yacht et chaloupe du néerlandais (jacht, sloep), chaland du grec (khelandion), bateau de l’ancien anglais (bât + suffixe), pirogue et canoë ou canot d’une langue des Caraïbes, radeau et barque du provençal. Grâce à toutes ces langues, nous pouvons donc diversifier les embarcations dans notre vocabulaire. Parfois les mots font des allers-et-retours comme skiff, que les Anglais ont emprunté au français esquif, de même qu’ils ont emprunté nos tonnelles pour nous rendre des tunnels, le vieux français pinasse pour nous rendre les péniches, équerre pour nous rendre square, et le vieux mot test inchangé (pot de terre, du latin testum employé dans les essais des alchimistes) mais dans un sens nouveau.

Le russe nous a donné zakouski, samovar, ukase (de ukasati, publier), mazout, bisto, hourra, steppe, et bien d’autre mots, tandis qu’il a repris énormément de mots au français comme anketa, revizor, doktor, chans, adres, pasport, anonim, jargon, professor, chaos, poèt, injenier, koridor, emigrant, sekretar, akrobat, kredit, journal, kostioum, fraza, garaj ou likidator. Et si vous allez dans un amfiteatr, à l’opera ou à l’akademia écouter les aktior, l’orkestr, le pianist ou le chor pour un kontsert ou un drama, vous aurez le choix entre loj, parter et balcon à l’étaj.

L’italien a offert au français son vocabulaire musical (allegro, legato, opera, concerto, soprano, trio, piano, andante,…) mais aussi belvédère, loggia, balustrade et d’autres termes d’architecture. Mirador vient de l’espagnol, véranda du portugais, guérite du provençal, balcon de l’allemand (Balken) via l’italien, et vasistas de l’allemand (Was ist das). Le grenier (endroit où l’on met le grain), vient du latin.

Plusieurs mots viennent de noms propres : godillot (fournisseur de l’armée) altéré en godasse, mosaïque (de Moïse), landau (d’une ville du Palatinat), berline (de Berlin), limousine, poubelle, mansarde, bourse (la première bourse fut créée à Bruges par un certain Vander Burse), rigaudon (de Rigaud, inventeur de cette danse), strass, (joailler qui l’inventa), gibus (idem), calepin (de l’italien Calepino), pantalon (personnage de la comédie italienne), chauvin, renard (qui a remplacé goupil), massicoter, mécène, bakélite (du Belge Baekeland), méandre (fleuve sinueux d’Asie mineure), mégère (une des furies de la mythologie), béchamel, praline, etc.

Souvent, les mots changent de sens avec le temps, comme fermer (autrefois rendre ferme) qui a supplanté clore. La robe vient du germain rauba (butin) qui a aussi donné dérober (donc attention à l’étymologie en utilisant ce verbe). Le rideau est plissé car il a la même origine que les rides, et dérider.

Béton et bitume viennent du même mot latin (bitumen) et le pétrole est de l’huile de pierre (petr-oleum).

Peu de mots nous restent de l’héritage gaulois mais il y a quand même ruche, bec, jaillir, gober, druide, gobelet, go (tout de -), chêne (casanus) et bouleau, souvent via le bas-latin, mais les langues celtiques nous ont aussi donné menhir et balai (du breton balazu, balain, qui signifie genêt, puisque les balais étaient faits avec cet arbuste). Dolmen vient du breton tol (table) et men (pierre).

Le préfixe mé-, négation péjorative (médire, mésalliance, mésaventure, mécréant, méfait, méfiance, mégarde) vient du francique et est apparenté au préfixe anglais mis- (misunderstanding). Il a aussi donné méchant (de mé et choir).

Les huguenots sont un croisement de l’allemand Eidgenossen et du prénom Hugues.

La cravache a fait un long parcours, venant du turc via le polonais et l’allemand (Karbatsche). La jupe vient de l’arabe (djubba), le pyjama de l’hindi (pae – des jambes – et jama – vêtement), le ruban du néerlandais (ringband) et le képi du suisse-allemand (Käppi, diminutif de Kappe, bonnet).

Le jardin vient de l’allemand (Garten), et les fuschia de son découvreur, l’Allemand Fuchs.

Une grande partie du vocabulaire de la marine nous vient du néerlandais, comme babord et tribord, mais aussi le mât de Beaupré (qui l’eût deviné avec une apparence si française) (de boeg, proue et spriet, mât).

Ceci dit, tout en restant ouvert et accueillants à ce qui a ainsi formé le français, il n’est pas interdit de poser des limites à l’envahissement de l’anglais comme le propose le club Richelieu.

On pourrait par exemple éviter «for sale» en rendant la langue «plus propre».

belcantoeu 22 juin 2020
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