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Citation de Dixie39


Le ressac

Une tempête menée par les âges était venue me les confier.
En mon royaume, je prononçais...
Mille choses parfaites... J’ordonnais...

Comme des flammes oranges
des hommes oranges m’entouraient.

Je désignais et ils s’exécutaient.
Je jetais là où ils mendiaient.
Je n’étais rien de plus que ce qu’ils voyaient en moi.
Je n’étais rien et de ce rien ils firent tourner la grande roue.

Ils se pressaient contre mes ors,
déplaçaient les montagnes, forgeaient le cristal,
gravaient mon nom dans le sable.
Faisant d’un rocher un baptême,
Ils oubliaient un peu plus chaque jour la légende des iles,
et dans le chant de leur épée partaient prendre les mers.
Ils chassaient les sirènes, buvaient des vins de chair,
dessinaient des palais où des anges portaient le ciel.
Ils se couvraient de pourpre et de vermeille.
Ils fêtaient la barque des morts,
poussant des coupes pleines de larmes sur les rives du fleuve.

En mon royaume, ils m’inventaient.
J’étais le songe de leurs lois dont ils tenaient registre.
Ne pouvant saisir leur ombre
ils modelaient dans ma lumière la chaleur des corps.

J’étais bien plus entre leurs mains que dans leur cœur.
Ils m’offraient à leur propre destin.

Des flèches de pierre déchiraient le temple de leur prière.
Ils gardaient les entrailles des cendres, condamnaient les jardins,
empaillaient le pétale des roses, terrassaient mes senteurs...
Ils donnaient à leurs passions le visage des femmes.

Ils se disaient entre eux et cela en mon nom,
et peu à peu sur moi se refermèrent leurs yeux.

Les portes de mon royaume, ils leur plu de condamner.
Je me trouvais en mon palais, abandonné.

Je confiais aux tempêtes le restant de mon âge
et du plus haut de mon île, n’écoutant que ce vide, je me jetais.
Battue par mille soleils, la mer, au premier jour, me rejetait.

J’avais perdu la mémoire de mon royaume.
Mais, dans la nuit des rochers une voix prononçait
mille choses parfaites qui m’ordonnaient...
En moi une chose très étrange me poussait à l’écouter.

Tenant une branche en flambeau, vers elle je marchais.
Et dans le silence que je fuyais,
j’entendis alors ce que je reconnaissais.
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