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Citations de Autrement (112)


En 1939, après la mobilisation, je me souviens du "vin chaud du soldat". C'était une campagne nationale. On buvait un coup à la santé des soldats. On vendait des timbres pour le "vin chaud du soldat" et il y avait des messages à la radio pour nous encourager à soutenir nos troupes.

(Jean Tougne - Une enfance ordinaire dans des circonstances exceptionnelles).
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J'allais à l'école et, comme tous les enfants de l'époque, j'ai chanté "Maréchal, nous voilà" devant le drapeau français qui était hissé chaque matin. Nous avons écrit au maréchal, et je lui ai envoyé un dessin. Pour nous remercier, il nous a adressé un portrait de lui que j'ai immédiatement accroché à côté du crucifix qui ornait le mur au-dessus de mon lit.
Quand mon père est rentré en 1943 et qu'il a vu ça, il a violemment déchiré le portrait du maréchal.
J'ai pensé qu'il était malade. Mais j'ai compris, ensuite, qu'il n'avait pas perdu la tête, même si, en captivité, il avait fini par avoir un ulcère à l'estomac !

(Guy Moreau - Les copains d'abord).
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Dans ce climat, dans le ciel, si on peut dire, de cette relation sans faille, entre tous et chacun, plus délicieuse paraît, en sa tendre chair blanche, la baudroie. Plus proche de vous et rayonnante et gaie, innocente même, la chère mayonnaise, remontée de notre enfance. Et ce vin blanc, qu'on a versé délicatement, brille lui aussi, dans les verres, d'un éclat particulier. Alors, tout en mangeant avec un très grand plaisir — un plaisir tout intérieur, infiniment subtil —, on mâche avec lenteur et retenue. Comme pour ne pas déranger l'ordre du silence qui se fait par moments. Ne pas perturber cette grâce, comment dire autrement, qui est venue, non s'installer — une grâce jamais ne s'installe — mais vous visiter. Une présence. Qui, l'instant d'après, peut s'évanouir.

GEORGES HALDAS, Le repas du soir.
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Nous sommes allés la voir quand elle a été embarquée à Drancy. J'ai pu l'embrasser encore, mais mon père a dû rester sur le trottoir comme un simple badaud. Ils ont échangé un regard. Ils étaient plusieurs à partir dans le panier à salade : comme elle et mon père, ces personnes devaient être recherchées depuis la rafle. Ma tante nous a ensuite emmenés à Drancy.
Il y avait un café en face du centre de détention, et, depuis le premier étage de ce bistrot, on pouvait apercevoir les prisonniers. Nous étions loin, mais nous nous sommes aperçus.
Quelques temps plus tard, mon père a reçu une carte. Maman ne savait pas écrire. Elle avait probablement demandé à quelqu'un d'écrire ces quelques mots : " Cher mari, chers enfants, je vais bien, nous partons pour une destinations inconnue..."
Elle a quitté Drancy le 24 août 1942, dans le convoi n°23. Elle est arrivée le 26 août à Auschwitz et a été immédiatement gazée avec mille cent autres personnes. Quatre-vingt-douze hommes furent laissés en vie, et, en 1945, trois survivants seulement de ce convoi n°23 rentrèrent en France.

(Lucien Zlotowski - Oublier le pire, cultiver le meilleur)
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Le fils du boulanger de Raust était milicien. Il avait dû tremper dans l'histoire de la ferme. En représailles, le groupe a fait exploser le four de son père, mais nous avons compris plus tard que nous avions puni le père et non le fils.

(Léon Sapir - Le curé, ma mère et un chien...).

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Pour l'heure, les juifs étaient à peu près tranquilles, mais, rapidement, les premières lois sont apparues. En octobre 1940, mes parents ont été informés qu'ils devaient se déclarer comme Juifs au commissariat de police. Ils y sont allés comme un seul homme. Ils faisaient ce qu'on leur demandait. Quelques semaines après, nous avions nos étoiles, sauf Maurice, mon frère, qui n'avait pas encore six ans.
Nous ne pouvions plus aller au cinéma, au café, dans les piscines, nous devions prendre le dernier wagon du métro.
Puis les premières rafles ont eu lieu. A partir de ce moment-là, mes parents ont décidé que nous ne porterions plus notre étoile. Mon père avait un ami bijoutier rue de Belleville, un artisan comme lui. Ce dernier connaissait un policier. Il pouvait ainsi prévenir mon père des rafles, et nous avons plusieurs fois quitté la maison pour éviter de nous faire prendre.

(Lucien Zlotowski - Oublier le pire, cultiver le meilleur)
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Comme la majorité des Juifs, ma mère était allée se déclarer au commissariat et chercher son étoile jaune.
Je n'en portais pas, car j'avais moins de six ans à cette époque.
Vint le 16 juillet 1942, jour de la grande rafle du Vél'd'Hiv.

(Irène Bibergal - La petite fille du Vél'd'Hiv).
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Le 5 mai 1981, Bobby Sands, futur député du Parlement de Westminster, meurt en grève de la faim. Gerry Adams et d'autres responsables de Sinn Féin sont persuadés que l'émotion fantastique soulevée par cet événement peut déboucher sur un renforcement considérable de l'influence républicaine. Naît alors, dans la bouche du porte-parole de Sinn Féin, Danny Morisson, le slogan immédiatement élevé au rang de maxime: "Le fusil dans une main, le bulletin de vote dans l'autre."
Sorj Chalandon
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Peu de temps après, les Suisses, sentant venir la guerre, ont chassé les juifs et les étrangers qui résidaient chez eux.

(Marcel Wieder - Un pays de lait et de miel).
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Ma mère a crié. Les "flics" essayaient de la tirer hors de l'appartement. Elle s'accrochait à l'un des pieds du lit. Moi, j'ai été très docile. J'ai pris mes affaires et ma poupée, à tel point que les "flics" ont dit à ma mère : "Voyez votre petite fille...elle est plus raisonnable que vous !"
Ils nous ont alors emmenées au Vél'd'Hiv.
Il parait que nous y sommes allées en bus, mais je ne me souviens plus.

(Irène Bibergal - la petite fille du vél'd'Hiv).
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En face de chez nous habitait une famille dont le père était très gai. Il avait dressé un merle à chanter trois ou quatre mesures de La Marseillaise.
L'oiseau finissait par des trilles et, le matin, nous réveillait de la sorte.


Il avait une camionnette à plateau, 10 Cv Citroën, une "Rosalie". Il faisait deux tournées hebdomadaires : une le mardi, et l'autre le vendredi. Tous ces petits commerces, qui aujourd'hui n'existent plus, avaient des étals devant leur porte.

(Jean - trop parler nuit).
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On me reproche parfois d’avoir inventé la camisole chimique. Mais on a sans doute oublié le temps où, médecin de garde dans la Marine, j’entrais dans le pavillon des agités avec un revolver et deux solides infirmiers parce que les malades crevaient dans des camisoles de force, transpirant et hurlant, ou bien, quand ils n’étaient pas dans une camisole de force, vous regardaient et vous tombaient dessus […].
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Quand il devait s'absenter, je gardais son atelier. Il me disait : " Untel va venir chercher sa "réparation". Tu lui diras qu'il me doit tant..."
Je considérais que c'était trop peu demander et, quand Untel venait, je lui demandais le double, qu'il payait rubis sur l'ongle, et en remerciant pour la qualité du travail. Mon père était toujours surpris...et finalement content de ce genre d'initiatives.

(Jean Rabinovici - Belleville' blues).
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Nous dormions sous des couvertures en laine et des édredons en plumes et duvet de canard ou d'oie.
Sous le matelas, il y avait une paillasse remplie de "cafanille" de maïs. Deux trous pratiqués dans l'enveloppe de cette paillasse permettaient de glisser des bâtons que l'on agitait pour aérer et redonner du volume à l'ensemble. On mettait aussi dans le lit, quand il faisait très froid, des briques préalablement chauffées dans la cheminée. C'était l'époque du "moine" et du "cassou".

(Au revoir, monsieur l'instituteur - Emile Orgereau).
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Serait-ce alors le jardin, médiation avec le paysage, expression privilégiée du sens du lieu, gardien de la mémoire, conjugaison de la durée et de l’instant –comme l’ont si bien senti romanciers et poètes –, qui pourrait nous « sauver » ? Ouvrirait-il une nouvelle voie pour la sagesse ? Jardiner sera peut-être notre moyen, pour reprendre une expression d’Augustin Berque, d’être humains sur la terre.
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« Dans chaque boite de psychotropes que nous exportons, n’y aurait-il pas aussi une certaine idée de la science et du soin ?
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Il a sûrement assisté et participé à des règlements de comptes. Il ne m'a raconté que peu de choses, mais m'a toujours dit que, quand un collaborateur était exécuté, il signait des aveux, qui étaient ensuite glissés dans le goulot d'une bouteille et enterrés avec le corps du traitre.

( Gérard Bouty - Un père aussi sportif que cabochard).
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Parce que son objectif avoué est de restaurer l’intégrité du désir inconscient, la psychanalyse est émancipatrice et ébranle la légitimité de l’ordre fonctionnement répressif des instances en places (sociales, culturelles, esthétiques, morales…). D’ailleurs –ce n’est peut-être pas la meilleure preuve- de nombreux mouvements gauchistes ou ultra-gauchistes se sont emparés après 1968 de la psychanalyse, le plus souvent dans sa version lacanienne, pour en faire un de leurs chevaux de bataille, pendant que certains analystes gauchissaient leurs pratiques (composition sociologique de la clientèle, honoraires et temps de séance effondrés, etc.). […]
A l’inverse, on peut rappeler qu’elle s’adresse traditionnellement à une élite sociale (cf. ses premiers praticiens, ses premiers patients) : celle qui a accès au discours, à la culture, au temps, et à la capacité d’investir dans un projet de mieux-être de cette nature. Certains analystes soutiennent même que les indications doivent s’ajuster tant au capital culturel du patient qu’à sa pathologie, prenant acte d’une hiérarchie socioculturelle qui se coulerait dans une hiérarchie thérapeutique.
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A court terme, la régulation –c’est-à-dire l’adaptation des apports aux besoins- résulte à la fois de l’adaptation des durées de satiété aux volumes des repas, et de ceux-ci aux propriétés nutritives des aliments. Cependant, deux dispositifs complémentaires de réassurance de cette régulation ont été identifiés. / Le premier est le mécanisme lipostatique. Sauf perturbation de ce système dans l’obésité, l’élévation de la masse des réserves grasses au-delà d’une certaine marge facilite une lipolyse. A l’inverse, un amaigrissement facilite une reconstitution de la réserve. […] / Le second dispositif de réassurance est celui d’une fuite d’énergie. Il est constitué par la production d’extrachaleur après le repas dissipant une part des calories prises en excès. Le tissu adipeux brun, véritable calorifère, est responsable de cette fuite d’énergie comparable à la diurèse aqueuse dans l’hyperhydratation.
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L'image scientifique est jeune : on ne peut lire celles que rapportent, des voyages dans l’infiniment grand ou l’infiniment petit, nos prothèses instrumentales qu’avec les idées préconçues formées à travers notre culture banale et les heurts de la vie quotidienne. Ainsi, l’image de science exposée comme œuvre d’art n’est-elle souvent qu’une collection de monstres, parties d’insectes démesurément grossies, pinces, antennes, carapaces, qui rentrent naturellement dans la panoplie de l’imagerie des contes de fées comme incarnation de l’abominable. Ou encore, on exploite l’émotion de la naissance potentielle, la sensualité impliquée dans la graine, dans la fleur, dans l'espérance de ce qui peut germer. Ce qui est loin - galaxies, étoiles - fournira naturellement à l’imaginaire des objets flous aux formes fuyantes, porteuses d’un air de mystère à deviner à travers nuages ou fumées, enveloppes d’un futur indistinct comme dans les gravures romantiques qui évoquent l’Ailleurs.
[p. 119, Signatures, Paul Caro]
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