..Les sots de tous temps ont prétendu que la poésie n'est qu'une manie ; c'est juste le contraire qu'il faut dire, attendu que, par le fait, toute manie est une poésie, en ce sens qu'elle ouvre à l'âme, trop portée à se replier sur elle-même en ses épreuves, de nouveaux horizons sur l'infini ..
Tu es heureuse , chère petite, qui, parmi les rameaux des arbres ,énivrée d'une goutte d'eau, en chantant, vis comme un roi; tu fais ton bien de tout ce que tu découvres dans les champs, de tout ce qu'apportent les heures . Tu vis parmi les laboureurs, leur amie respectée, et les mortels t'honorent, douce messagère du printemps! les muse t'ont en affection , et Phébus , lui aussi , t'aime; tu reçus de leur faveur ta voix argentine, et jamais vieillesse ne te prend. Sage, douce amie des poètes, libre de chair et de sang, fille de la terre, exempte de souffrance, presque comparables aux Dieux .
Lisez les lettres que le jeune Mozart écrivait d'Italie, et vous verrez qu'il n'est question que de chanteurs et de cantatrices ; les danseurs aussi l'intéressent par moments ; mais du Vatican et du Colisée, pas un mot.
On était musicien, rien de plus, rien de moins, et le maître, en composant son ouvrage, ne se proposait d'autre but que d'y entasser toute sorte de richesses musicales.
Ces vieux chateaux de la Saxe galante et du Hanovre électoral, ces gothiques palais, mornes et silencieux au dehors, féériques au dedans, avec leurs lambris d'or massif, leurs tentures de brocart, leurs lourdes portières de tapisseries, quel étrange et fantastique spectacle ne deviennent-ils pas pour nous ? La tragédie s'y confond avec la pastorale : à chaque porte heurte l'intrigue ; le long des corridors à demi-éclairés, l'amour mène sa sarabande ..
Les âmes artistes possèdent seules cette faculté de sentir, privilège que rien ne remplace, ni les fortes combinaisons de l'entendement, ni l'ingéniosité poétique. L'esprit de Dieu souffle où il veut. Que celle idée nous fasse prendre en patience la période où nous vivons, et consolons-nous en pensant que le beau, en tant que manifestation absolue, ne saurait être ni avoir été le monopole de tel où tel siècle.
Aujourd'hui cet homme n'est plus, mais sa pensée subsiste. On sait ce qu'il cherchait, ce qu'il voulait; une individualité pareille ne s'installe point quelque part pour quarante ans sans y marquer sa trace.
Du jour où Beethoven a importé dans la musique cet élément de vie et de fermentation qu'on appelle l'esprit du siècle, l'art a dû nécessairement suivre
une voie nouvelle.