
C’est au sujet, ô grand sachem, du travail que j’ai commencé sur la musique du jazz, il y a bien des lunes. Il s’agit maintenant de rassembler tout ce matériel en un volume présentable. […] C’est une chance mais aussi une responsabilité. […] Le livre en question doit réunir en recueil les histoires en une page que je faisais pour Jazzman, un journal de blancs. […] Au départ, je me sentais indomptable. Prêt pour mille histoires, et voilà qu’au bout de trente-six lunes, je tombe à genoux sur le sentier. Épuisé, lessivé et pire encore. Je suis écœuré, chef. Écœuré du jazz. Depuis quinze – vingt ans, j’en ai tellement convoité, acheté, accumulé, acheté, que je suis devenu une espèce de spécialiste. C’est ma vie et je tenais mon rôle, mais aujourd’hui (ne me demandez pas pourquoi) dès que je mets un CD dans le lecteur, c’est moi que je vois, c’est moi que j’entends. Moi. Moi dans un miroir. Coltrane, c’est moi ! Miles Davis, c’est moi ! Mingus, c’est moi ! et tous les autres, les grands, les petits ! Moi moi encore moi ! Je tourne en rond. Je ressasse. Il ne faut pas trop se fréquenter soi-même. Faudrait pouvoir s’oublier. […] Seulement voilà il y a ce livre. Tenez, les premières histoires 1991 et Créole Orchestra, le brave qui les a dessinées ces pages n’existe plus. Et moi qui vous parle aujourd’hui suis aussi éloigné de ce brave que peut l’être la capitale du grand-père blanc de la réserve misérable où nous croupissons. […] Ce livre est un mensonge Chef ! Que dois-je faire ?
"Le cinématographe incite à la paresse intellectuelle et morale...Son public est aussi passif que les veaux qui regardent passer les trains...C'est un spectacle avilissant, à peine digne du pétomane de foire, et encore...en moins drôle !"
Je viens d’avoir le président. Il a été formel : « L’humanité ne passera pas une année supplémentaire sans son Nouveau Nouveau Testament ».
Dans son grand âge, Victor Hugo se levait la nuit et sortait… Il sortait pour se rendre dans les quartiers chauds de la capitale qu’il arpentait de long en large. Naturellement, il ne montait jamais avec l’une de ces dames… Non, s’il se donnait cette peine, c’était pour se montrer. Il voulait que le peuple de la nuit le voie et reconnaisse en lui le prestigieux homme de lettres qu’il était. Il désirait offrir à la pègre une vision grandeur nature du génie français. Ce génie prodigieux qu’il incarnait pleinement. Et rien qu’en le voyant passer devant eux, qu’ils ressentent confusément au tréfonds de leur âme perdue le besoin de devenir meilleurs. Bref, il voulait les inspirer. Pour les sauver, ma petite ! Ne serait-ce qu’un minimum !
- En réalité, l'intransigeance maternelle ne fait qu'attiser notre passion pour Rahan qui du coup s'enrichit du sulfureux des lectures clandestines.
- Farrah Fawcett sortit de ma vie le jour où j'ai lu dans Paris Match qu'elle était mariée avec Lee Majors, l'homme qui valait trois milliards.
- Tiens, j’y pense ! Si on te donnait le choix… en quoi aimerais-tu être réincarné ?
- En rouleau de scotch.
Je suis comme un vieux jouet. Je reste au fond de la boîte et je regarde les autres passer.
La couverture, c'est le truc que j'ai le plus de mal à sortir. Je ne sais jamais quoi faire. Je m'égare (comme souvent). Mais en général, je préfère inventer une situation nouvelle, je veux dire ne pas simplement reproduire une scène du bouquin. Non, faire autre chose, prolonger l'intérieur du livre sur la couverture. Ce serait comme en raconter un peu plus. Bon, je réalise que lorsqu'on mange au restaurant, on n'a généralement pas très envie d'aller dans les cuisines après. Au fond, on préfére ne pas savoir. Et c'est mieux.
- Nous avions mis à ta disposition notre team de scénaristes maison, tous extrêmement concernés... et réactifs... Et performants...
- Tes tâcherons, je m'assois dessus.
- Ecoute... à la boîte, tout le monde tire la langue. Cet album a déjà été annoncé maintes et maintes fois.
- La bande dessinée véritable, ça se fait à la main ! A l'ancienne...