Citations de Boileau-Narcejac (307)
Oui, je vis à la lisière, comme un évadé qui cherche à retrouver son pays !
Il la saisit aux épaules, caressa ses cheveux, ses tempes. A quoi bon parler, ânonner des pauvretés avec un accent ridicule ! Qu'elle demeure, ah ! surtout qu'elle demeure là ! On ne lui demande rien d'autre. Et si elle n'aime pas, qu'elle se laisse aimer...
Quelle plume pourrait décrire les sentiments qui luttèrent alors dans mon cœur ? Je passais presque au même instant de la plus folle exaltation à un abattement extrême.
« Pas un endroit où se dissimuler, reprend Renardeau. Ni dans votre bureau, ni ici… »
D’un geste, il désigne, autour d’eux, les murs ripolinés, le mobilier réduit à l’essentiel. Il se rappelle une phrase de Sorbier : « Tout doit être fonctionnel ! » Il adorait ce mot… Non, personne n’est sorti. Pas d’autres issues que les fenêtres ouvertes de la façade nord. Et Legivre était dans la cour.
Les bandits avaient fait sans se hâter plusieurs voyages. Des automobiles étaient venues se ranger à l’entrée du fort et les gendarmes entendirent le bruit de leurs moteurs qui se perdirent dans la nuit. L’opération avait été menée avec un tel sang-froid et une telle audace qu’on aurait pu l’attribuer au gentleman cambrioleur lui-même si l’on n’avait découvert, sous l’inscription fameuse : Arsène Lupin lègue à la France…, une autre inscription, faite également à la craie rouge et d’une main aussi ferme :
« La Griffe » adresse ses excuses à la République et ses plus vifs remerciements à Arsène Lupin.
Pendant plusieurs semaines, le fort de Fréfossé devint un lieu de pèlerinage. La troupe maintenait difficilement les curieux à distance, cependant que se répandaient les bruits les plus absurdes. N’allait-on pas jusqu’à murmurer qu’une partie des tableaux les plus célèbres des musées nationaux étaient des faux et que les toiles authentiques étaient rassemblées là, derrière les murailles de l’Aiguille. Des photographies avaient reproduit l’inscription que Lupin avait tracée à la craie rouge sur la paroi de la plus haute salle :
On n’a pas oublié l’émotion provoquée, en France et à l’étranger, par l’Affaire de l’Aiguille Creuse. Le Trésor des Rois de France… l’Aiguille transformée en forteresse par Arsène Lupin !… Malgré les consignes de silence données en haut lieu, il fut impossible d’empêcher une partie de la vérité de filtrer.
Tout cela vivait encore en lui, avec une intensité effrayante.
Paul ! … Il avait beau être absent une partie de la journée, il ne cessait d’être là. On le respirait. Il faisait régner dans l’appartement une sorte de tension orageuse, de moiteur malsaine.
Il n’aimait pas beaucoup les femmes qui se mêlent d’avoir des idées.
Comme chaque matin, il était obsédé par le désir de boire. Le premier petit verre lui nettoyait l'esprit et il retrouvait ses angoisses, intactes, insolubles, bien rangées dans sa tête comme des couteaux luisants.
Ceci est mon testament. Dans quelques jours, je ne serai plus. J'aurais mis un terme à ma triste destinée. Mais je rédige ces lignes dans la plénitude de mes facultés et j'affirme sur l'honneur que les étranges événements dont j'ai été le témoin se sont déroulés exactement comme je m’apprête à le rapporter.
La pendule, une absurde pendule dorée portée par deux nymphes aux seins nus, marquait dix heures vingt.
Flessois était un quinquagénaire grassouillet, au parler lent, aux manières affables, et qui semblait toujours sur le ppint de s'excuser, qu'il s'adressât à ses subordonnées, aux témoins, aux inculpés même. Un timide, estimaient la plupart de ses collègues. Mais quelques autres, plus subtiles, ou simplement plus imaginatifs, ne voyaient là qu'un attitude, un masque adopté une fois pour tout.
Toute la question est de savoir si le roman est bon. Or, il est bon. Après tout, c’est l’œuvre qui compte, plus que l’auteur.
De la passion nous restait l’art des baisers et des caresses, et un silence qui n’osait dire son nom. Ma main se promenait sur elle, suivait la courbe de ses seins profanés, s’attardait sur son ventre, et j’avais beau faire, je n’étais plus un amant mais un praticien cherchant la trace d’autres mains, palpant avec un soin maniaque, explorant une peau inconnue et suspecte.
Les hommes, d’ailleurs, ne venaient qu’après avoir épuisé tous les remèdes. Ils étaient difficiles à soigner, douillets, grognons, toujours un peu méfiants. Duval rêvait parfois d’une clinique spécialisée : les malades se présenteraient entièrement nus, la tête cachée par une cagoule. Défense de parler. Il n’y aurait plus que des corps anonymes. Alors, oui, le métier serait beau.
Sans Atout ne répondit pas. Il était fasciné. La peinture ne l'avait jamais beaucoup intéressé. Il avait visité le Louvre et quelques autres musées. Trop de tableaux, qu'il fallait voir trop vite. Trop de Vierges à l'Enfant, de Christs, de Saints torturés, de vieillards en prière. Trop de fruits, sur des nappes chiffonnées, de poissons voisinant avec du gibier. Trop de formes, de couleurs, de reflets savants. Mais l'Homme à la dague, pour la première fois, éveillait en lui une émotion profonde.
On est méchant quand on aime.
Le désespoir d’amour, c’est à la portée de tout le monde. Mais le sacrifice accepté à froid !