AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Briac (38)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Méridien

Cette bande dessinée illustre plusieurs expéditions françaises comprenant géographe, mathématicien, scientifique, géographe en directionde l'équateur, plus particulièrement le Pérou avec des buts convergeant vers la satisfaction de leurs passions et l'assouvissement de leur curiosité.



Une expédition parallèle est en route vers le pôle afin que les scientifiques puissent croiser leurs observations et définir si la terre est ronde, oblongue, quand même pas plate, cela étant alors déjà acquis.



L'ensemble est un peu confus car toutes ces aventures s'étendent sur une trentaine d'années avec des péripéties variées suivant les héros mis en scène.



Le graphisme et les couleurs des planches sont de belles réussites avec des coups de pinceaux traduisant bien tout ce que les auteurs ont désiré exprimer.



Pour ma part, j'ai eu du mal à vraiment accrocher à l'ensemble trop décousu à mon goût.



Commenter  J’apprécie          630
Méridien

On va suivre un cartographe qui découvre les contours du Nouveau monde à l'époque du roi Louis XV. Il s'agit de Monsieur de la Condamine, un homme de science un peu poudré.



L'horizon n'est plus un au-delà sans cesse repoussé mais un objet d'étude dont il pourra mesurer l'exacte courbure. Bref, un homme de science pour qui le monde n'est qu'une vaste équation. Il collectionne les échantillons qu'il va ramener en France suite à cette expédition où sont rassemblés parmi les plus grands scientifiques avec leurs égos totalement démesurés.



J'ai bien aimé certaines réflexions notamment lors d'une corrida que les espagnols ont importé au Pérou. Qu'y a t'il de plus sauvage que la mise en scène de la sauvagerie ? Telle est la question qui est posée par un des protagonistes. On se pose encore cette question de nos jours à l'heure où un projet de loi souhaite interdire la corrida.



D'autres réparties ont également attiré mon attention comme celle de savoir si la science mérite qu'on se tue pour elle ? Certains en sont véritablement persuadés. Il faut dire que la jungle et ces pays sous domination espagnole sont plutôt hostiles. Beaucoup vont terminer dans un asile à moins d'être achevé avant par les fièvres tropicales.



La fin est un peu triste car il y a toute une œuvre assez considérable qui a été recueilli en matière de botanique mais il n'en resta pas grand chose faute de transmission de ce savoir. Cependant, on se rend compte que là n'était pas l'essentiel.



A noter un graphisme pour le moins très spécial assez baroque avec des traits plutôt gras. C'est dessiné sur du grand format avec de grandes cases ce qui apporte du cachet. Il y a par contre une belle utilisation de la couleur qui rend la jungle assez luxuriante.



Pour autant, je n'ai pas été trop captivé par cette histoire sur fond de concurrence scientifique et d'oiseaux exotiques qui discutent philosophiquement mais il reste une ambiance assez bien retranscrite dans la moiteur de la jungle. Bon, au moins, on aura appris que la Terre n'est pas d'une rondeur parfaite.
Commenter  J’apprécie          390
Méridien

Voilà une BD franchement géniale. Vive les MC !



J'avais entendu parler de l'expédition de Maupertuis en Laponie, chargée de réaliser des mesures destinées à enfin répondre à la question : la Terre est-elle un globe parfait, ou oblongue ou aplatie aux pôles ? Je ne savais pas qu'il y avait eu en parallèle une seconde expédition lancée au Pérou, à la même époque et pour la même raison.



Les participants ne me sont pas plus connus : Charles-Marie de la Condamine, Louis Godin, Pierre Bouguer, Joseph de Jussieu (ah si, ce dernier fait partie de la célèbre famille de botanistes). Des hommes qui ont du mal à s'apprécier. L'égoïsme, l'envie de gloire, les travers de toutes sortes effritent les relations du groupe. Godin dilapide l'argent de l'expédition pour ses plaisirs futiles, Bouguer parle de l'égalité des hommes mais adore avoir un esclave nègre, Condamine est prêt à voler les travaux de ses collègues. Quant à Jussieu, le pauvre paraît au minimum lunatique.

Mais ces comportements peu dignes de mon idée de savants – mais ce sont des hommes comme les autres après tout – s'entrecroisent avec d'autres dignes d'éloges. Condamine explore l'Amazone sur une incroyable longueur, Godin participe au tracé des plans de Lima après le tremblement de terre qui anéantit la ville en 1746, Jussieu fait faire de grands progrès à la botanique avec Condamine (la quinine utilisée dans la lutte contre le paludisme) et construit un hôpital pour les Indiens des mines de Potosi, un lieu infernal.



Scénario et dessin s'associent pour faire de la Nature une enclume qui écrase les personnalités des savants. Sous sa poussée ils deviennent fous, ils épuisent toutes leurs ressources. Leurs hallucinations font frémir.

Et pourtant Condamine et Bouguer reviendront avec des mesures, qui ne feront que confirmer les résultats de Maupertuis.

A noter la méthode de mesure par triangulation que je trouve particulièrement inventive (et fatigante).



PS: Pour ceux que le graphique rebute est donné en référence un livre sur le même sujet: le procès des étoiles, de Florence Trystram
Commenter  J’apprécie          385
ArMen 43

Merci à Babelio et aux éditions Solus Locus pour la bande-dessinée de Briac « Armen 43 » reçu comme cadeau de Noël

1943. Seconde guerre mondiale. Bretagne. Finistère. Le phare de l’Ar-Men, à l’ouest de l’île de Sein. Ar Men signifie « le rocher » ou « la pierre » en breton et ce phare porte bien son nom : il est comme un immense menhir du haut de ses 37 mètres (il aura fallu 34 ans de labeur et de sueur, à contrer les déferlantes, pour ériger enfin ce phare en 1881). Il sera surnommé « l’enfer des enfers ».

Dans le monde des gardiens de phares, il existe (ou existait) trois types de phare. « Le paradis » pour les phares construits sur la côte, « le purgatoire » pour ceux construits sur une île (plus ou moins proche du continent) et enfin « l’enfer », en pleine mer où le gardien subit l’isolement et les tempêtes.

En 1943, la France est occupée et les allemands se sont installés également dans ce phare, imposant aux deux gardiens, d’allumer le feu uniquement à l’approche d’un navire allemand.

Le narrateur est Fanchec, un des gardiens bretons. Un des 3 allemands, le lieutenant Kloetz, va commencer à lui parler au fur et à mesure que les jours s’écoulent. De fait de discussions il s’agit plutôt de longs monologues car Fanchec évite de répondre, tout d’abord par « résistance » mêlée de crainte. Peu à peu, on comprend qu’une sorte de relation se tisse entre les deux hommes (le mutisme m’a fait penser « Au silence de la mer » de Vercors).

Tout au long de l’histoire, j’ai apprécié l’insertion de références comme autant d’hommages (notamment au poète breton Max Jacob, Abraham et son journal de bord « Armen » ou encore à Bruno Le Floch, décédé en 2012). Probablement qu’en les saisissant lors de la lecture, on a l’impression d’être plus proche de l’auteur ou des protagonistes français, d’autant plus lorsqu’on apprécie ces références.

Briac y sème aussi quelques faits historiques : comme, lorsqu’en 1941, un des gardiens a sauvé un des soldats allemands de la noyade qui, après avoir tiré sur un cormoran, s’était jeté à l’eau pour le récupérer ; ou encore en parlant des hommes de l’île de Sein qui ont rejoint en 1940 la France libre à Londres. Sûrement qu’en pensant à mes grands-parents à la même époque, à celui qui a été fait prisonnier jusqu’à la libération, ce n’était pas tout à fait par hasard que j’étais intriguée par cette bande-dessinée.

Il y a bien eu quelques expressions (bretonnes ?) que je n’ai pas saisies (et je ne parle pas des jurons en langue bretonne pour lesquels je n’ai pas eu besoin de traduction), sans parler des ordres des officiers allemands. Si cela permet de mieux rendre l’atmosphère lourde de l’occupation, cela a un peu cassé la fluidité de la lecture (la traduction de l’allemand se trouvant en fin de BD).

Les traits des personnages sont sombres, les yeux cernés de noirs au point de rendre les visages peu amènes (qu’ils soient français ou allemands). Mais là encore, on ne peut trop le reprocher compte tenu de la période et de ce huis-clos dans ce lieu stratégique pour la marine de guerre allemande.

La préface de l’historien du 9ème art, Brieg Haslé-Le Gall, ainsi que le texte d’Erwan Le Gall, docteur en histoire contemporaine, en fin de BD ajoutés aux planches, croquis et photos de gardiens et de ce phare légendaire sont les petits plus de cet ouvrage que le lecteur appréciera.

Briac avait déjà édité cette histoire sous le titre d’ « ArMen » en 2008 que je n’avais pas lu à l’époque. Cette nouvelle édition contient des planches supplémentaires et un nouvel épilogue.

Les phares et particulièrement le mythique Ar-Men semblent aimanter certains artistes. Si l’on reste dans l’univers de la BD, Briac n’a pas été le seul à avoir eu des envies de croquer quelques phares. On pense notamment à Lepage, Chabouté ou encore Le Floc’h... Et il nous suffit de regarder les magnifiques planches du phare en pleine tempête, tels des photos, que nous offre cet auteur pour comprendre sa fascination.





Commenter  J’apprécie          330
Méridien

Méridien raconte l’expédition au Pérou (en fait dans les actuels Panama, Colombie, Equateur et Pérou et même Brésil) de Charles Marie de La Condamine entre 1735 et 1743, avec pour objectif de mesurer le méridien à l’équateur afin de définir si la terre a la forme légèrement aplatie au pôle comme une mandarine ou au contraire, boursouflée au pôles comme un citron. De cette histoire sous fond de concurrence scientifique, les auteurs ont surtout cherché à décrire une ambiance, des personnages, des caractères.



Le dessin de Briac est tout en matière, épaisseur de peinture, coup de pinceaux visible, grattage dans la matière, le trait est vif, agressif et contraste avec le flou des couleurs, ça donne une atmosphère lourde, torride et oppressante.



La narration se fait parfois comme un journal de bord, parfois comme une correspondance. L’écriture d’Arnaud Le Gouëfflec s’inspire des écrivains de l’époque, Voltaire et Diderot, le style est baroque, élégant, raffiné, les évènements le sont bien moins, ça gratte parfois, à l’image du style graphique.



L’histoire est édifiante, documentée, mais le style nous offre autre chose en plus, il est question d’orgueil, d’hypocrisie, de vanité, les défauts des individus comme de l’humanité tout entière, c’est piquant, parfois drôle, le tout dans une ambiance de réalisme fantastique façon littérature sud-américaine, les oiseaux font leurs commentaire sur les hommes, ajoutant un ton critique, détaché et impartial sur cette aventure.



Une lecture vraiment intéressante et sympathique.
Commenter  J’apprécie          195
Armen

C'est la première BD publiée de cet auteur breton.



Le dessin est fait "à la hache", rugueux et brut. La coloration est économe et presque monochrome, ce qui donne une ambiance glauque et tout à fait adaptée au sujet.

Paul-Marie Franchec, gardien chef du phare Armen, au large de l'île de Sein, est obligé de collaborer avec les allemands pour aider des bateaux ennemis à rentrer sur Brest.



En résultera un long huis-clos, tragique entre un breton pure

"jus" fier et buté et l'officier chargé de surveiller les opérations.

Commenter  J’apprécie          140
Méridien

Quel album magique !

Dans un tout autre environnement, il m'a rappelé un de mes livres cultes, La mort en Arabie.

De la même façon Méridien retrace une fascinante expédition scientifique en Amérique du Sud, au siècle des Lumières, composée de géographes, mathématiciens, astronomes et botanistes. Son objectif principal est d'effacer le doute sur la forme de la Terre : est-elle un citron, renflé aux pôles, ou au contraire une mandarine aux extrémités aplaties ? Pour ce faire, il s'agit de réaliser des mesures du méridien terrestre le long de l'Équateur : c'est-à-dire au travers de la forêt amazonienne, et par-dessus la Cordillère des Andes – splendides illustrations des paysages.

Mes années de collège et de lycée ne m'ayant laissé que de pitoyables connaissances en géométrie, j'avoue que c'est dans "Cinq semaines en ballon" que Jules Verne m'a fait comprendre (Eurêka) les principes de la triangulation. Dans Méridien, l'explication est poétiquement donnée à l'aide de fard rouge sur le dos nu d'une femme… (secouée de rire, ce qui a dû rendre la tâche difficile.)

Mais trêve de géométrie : cet album nous livre les saisissants portraits de ces savants chez qui rigueur scientifique et passion de l'exploration font parfois bon ménage avec résultats truqués et plagiat. Il nous raconte les conditions ardues des voyages à travers ce continent inconnu des Européens, mais aussi leur présence envahissante dans les ports littoraux et les traitements inhumains qu'ils appliquent aux populations indiennes et aux esclaves africains, notamment dans les mines d'argent de Potosí.

La parfaite reconstitution historique menée par Le Gouëfflec s'accompagne ici d'une réflexion sur la place de l'Homme dans la Nature, opposant les certitudes de ces scientifiques poudrés et arrogants, aux immenses connaissances des Amazoniens de la forêt. Réflexion incarnée par les oiseaux superbement dessinés par Briac.

Challenge Bande dessinée 2022

Commenter  J’apprécie          132
Les gens du Lao Tseu

Deux rescapés de tranchées tiennent un cabaret minable à Brest, le Lao Tseu.

Des assassinats imputés au mouvement anarchique et un inspecteur de police qui a des doutes : voilà les ingrédients pour traiter une énigme qu'auraient pu résoudre les Brigades du Tigre.

Des séquelles de la première guerre apparaissent encore et l'ambiance d'entre deux guerres est bien rendue par ce dessin à tendance monochrome et un flou permanent sur chaque vignette

Commenter  J’apprécie          130
Méridien

Je le confesse, je n'avais jamais entendu parler de l'expédition de Jussieu, La Condamine, Godin et Bouguer. Cette BD, œuvre de Briac, un auteur autodidacte au style inimitable que j'apprécie tout particulièrement, était donc l'occasion rêvée pour réparer cela.

Qu'est-ce donc que cette expédition, alors ?

Visitons Wiki :

"En avril 1735, il est chargé par l’Académie des sciences de conduire une expédition au nord du Pérou afin de mesurer la longueur d'un arc de méridien d'un degré à proximité de l’équateur. Séduit par la perspective de voir progresser la cartographie indispensable à la navigation, Philippe V a accordé son soutien à l’expédition en août 1734. C’est la première fois qu’un roi d’Espagne autorise des étrangers à voyager dans ce qui est alors la Vice-Royauté de Nouvelle-Grenade et c’est la première expédition scientifique au Nouveau Monde.

Il s'agissait de vérifier la figure de la Terre et l'hypothèse d'Isaac Newton, selon laquelle le globe terrestre n'est pas une sphère parfaite, mais est enflé près de l'équateur et aplati aux pôles (en forme de « mandarine »). Cette idée de Newton avait soulevé une énorme controverse chez les scientifiques français entre un clan « cartésien » adepte des théories scientifiques de Descartes et un clan « newtonien », auquel appartenait La Condamine. Les Cartésiens soutenaient au contraire que la Terre était aplatie à l'équateur et enflée aux pôles (en forme de « citron »)."

Ouf.

Quand on n'est pas géographe, pas facile de se figurer en quoi consistaient les calculs de ces brillants scientifiques. L'ouvrage ne nous éclairera d'ailleurs pas beaucoup là-dessus, préférant se consacrer aux (très nombreux) aléas d'un tel voyage, si dangereux à l'époque qu'on se demande même comment la plupart d'entre eux ont pu en revenir vivants.

Le groupe, qui a bien du mal à s'entendre, va d'ailleurs vite éclater et se transformer en aventures solitaires, ce qui peut parfois donner à ce pavé de 140 pages une narration un peu décousue.

Pour autant, l'ensemble constitue un bien bel ouvrage et Briac gagne globalement à s'exprimer sous la houlette d'un scénariste. Le Gouëfflec s'en sort d'ailleurs très bien, avec de belles trouvailles (comme les oiseaux qui parlent), mais aussi des répliques intelligentes, érudites, poétiques... Reste à souhaiter à cet album le succès qu'il mérite, surtout quand on connaît un peu les coulisses, le temps que les auteurs y ont passé et les misères qu'ils ont eu à le faire publier.
Commenter  J’apprécie          120
Armen

Fanchec est gardien de Phare au phare d'Armen pendant la seconde guerre mondiale. C'est un phare emblématique de notre région, au large de sein, vous avez tours vu j'imagine, les photos de cet édifice enseveli sous des immenses vagues. Le choix d'Armen pour nous raconter une histoire n'est donc pas fortuit. Le nom de ce phare contribue à lui seul à donner une intensité dramatique à l'histoire. Fanchec cohabite sur ce bâtiment isolé en mer avec un coéquipier alcoolique, deux soldats et un officier allemand. L'ambiance est lourde. Le dessin est sombre. j'ai pourtant trouvé le personnage de Fanchec un peu trop fade, c'est certes un choix scénaristique de le rendre impassible face à ces interlocuteurs, mais il en devient effacé, voire presque secondaire, et le dessin un peu trop homogène (perpétuellement la même chromie, les expressions des visages toujours égales) atténue les changements de rythme qui auraient pu donner un peu plus d'allant à l'histoire. En gros, je suis un peu mitigé après la lecture de ce livre.
Commenter  J’apprécie          120
Les gens du Lao Tseu

Après Ar Men, Briac, auteur de BD au style inimitable, grand amoureux de Brest et du Finistère, poursuit son œuvre singulière avec Les gens du Lao-Tseu, un polar de mœurs qui se déroule dans la grande ville du Ponant et sur l'île d'Ouessant, dans les années vingt, lorsque le spectre de la Grande Guerre était encore bien présent dans les esprits de ceux qui en étaient revenus entiers.

Une histoire poignante, à la fois simple et pas toujours facile à suivre, en raison d'ellipses et d'un assez grand nombre de personnages, à vrai dire pas tous utiles à l'intrigue, le tout sur un 48 pages.

C'est loin d'être facile de tout faire seul en BD, le scénario et le dessin. À ma connaissance, les seuls qui y arrivent parfaitement se nomment Jarbinet, Gibrat, Ferrandez, Bourgeon, éventuellement Tardi, et après la lecture de ces deux œuvres solitaires, je me dis que j'ai vraiment envie de voir ce que Briac donne avec un scénariste, car encore une fois c'est son style graphique étonnant, sombre, ses personnages à la fois émaciés et terriblement expressifs qui crèvent l'écran davantage qu'une histoire parfois assez convenue et pas toujours bien construite.
Commenter  J’apprécie          110
ArMen 43

Quand Babelio annonce sa nouvelle Masse Critique "romans graphiques", je jette un oeil distrait sur la liste. Je n'ai aucune compétence pour parler de "BD", je n'en lis guère. Pourtant, mon sang de Bretonne ne fait qu'un tour à la vue d'un titre : "ARMEN 43", et même un deuxième en lisant le nom de l'auteur : BRIAC. Cet album, il me le faut.



Et je l'ai eu ! Pourquoi en avais-je tant envie ? Parce que AR-MEN est un phare mythique posé en pleine mer d'Iroise, une mer sauvage et souvent déchaînée, un phare dont la lanterne guide les bateaux à l'entrée de la chaussée de Sein. Mais aussi parce que je souhaitais retrouver le monde de l'auteur découvert en même temps que Briac lui-même dans un précédent ouvrage "Quitter Brest" dédicacé lors du salon du livre de caractère de Quintin en 2018.



"Armen 43" est un sombre huis clos qui retrace une partie de l'histoire du phare durant la seconde guerre mondiale. Entre les murs de ce château sorti des eaux nous découvrons le gardien, Fanchec, peu bavard et son collègue le Foll, plutôt ivrogne, et qui ne vaut forcément pas le précédent, Kerninon, véritable poète. Avec eux, trois soldats allemands dont l'officier bavard et nostalgique Kloetz. Forcément obligé de coopérer – collaborer – Fanchec n'est plus maître de son phare et doit se contenter d'allumer la lanterne sur ordre et uniquement pour guider les navires de la Kriegsmarine. Sans oublier le suspens face à un drame qui se noue et menace l'existence du phare.



Autant que dans "Quitter Brest", j'ai aimé le coup de crayon – de pinceau – de l'auteur, les personnages comme sortis d'outre-tombe avec leurs visages taillés à la serpe et cernés de traits de crayon noirs et grossiers, j'ai aimé les couleurs fondues dans les bistres, la silhouette du phare dans la nuit à peine éclairée par un dernier quartier de lune. J'ai aimé les vignettes nettes et bien rangées, la typographie différente selon qu'il s'agit de la narration ou du discours direct. J'ai aimé le soliloque de Kloetz face au mutisme de Fanchec. Et bien sûr, les allusions au célèbre auteur de Bd Bruno le Floc'h.



Une belle réussite que cet album qui m'aura de plus appris qu'il existait trois sortes de phares : le Paradis, le Purgatoire et l'Enfer. Ar-Men, c'est l'enfer à coup sûr, mais cette BD fut une lecture paradisiaque.



Je remercie très chaleureusement Banelio et les editions Locus solus.



Commenter  J’apprécie          110
Quitter Brest

Pourquoi ai je attendu si longtemps avant de lire cette BD ?

Peut-être à cause du dessin de couverture qui semble très austère.

Mais une fois le livre ouvert c'est un régal pour les yeux. Des représentations croisées de la ville en 1935 et en 1966. Un voyage dans le temps, mais aussi une visite de la ville. J'adore.

Puis il y a les textes de Yvon Coquil. Et là aussi c'est tout un univers qui surgit.

Cette vraiment ne chouette lecture..... A condition d'aimer Brest, peut-être.
Commenter  J’apprécie          110
Armen

Je trouvais que le cadre était plutôt intéressant à savoir le phare d'Armen au large de l'île de Sein en 1943 où le personnel était obligé de cohabiter avec l'occupant allemand. Il est question d'une étrange relation qui devrait se nouer entre le gardien du phare et le lieutenant allemand.



Cependant, on va assister plutôt à un long monologue et une absence quasi totale d'échange constructif. On voulait sans doute en tant que lecteur une relation plus poussée et qui ait au moins un sens. La narration plombe véritablement ce récit. C'est d'une lenteur jusqu'au dénouement final et fatal attendu.



C'est dommage car cela aurait pu donner quelque chose d'intéressant dans un pareil contexte. On sent bien que ce jeune auteur a du talent mais il l'exploite encore bien mal.

Commenter  J’apprécie          100
Méridien

Cette BD est du tonnerre… de Brest !



En plein XVIIIe siècle, c'est de Brest, justement, que part l'équipe scientifique dirigée par Charles-Marie de la Condamine en vue de mesurer la courbure terrestre au niveau de l'équateur, tandis qu'une autre équipe va faire de même en Laponie.



Voilà La Condamine, Bouguer, Jussieu et Godin plongés dans une moiteur exotique, se partageant entre les mondanités coloniales de la vice-royauté du Pérou et de périlleuses expéditions de mesures dans les profondeurs des Andes ou de l'Amazone. Loin de la France, au contact d'une Nature sauvage et d'autres modes de vie, le scientifique cède place à l'humain. Chacun va révéler sa véritable nature, de la plus basse à la plus altruiste, au détriment de la mission qui s'enlise peu à peu...



Plus qu'une BD ordinaire, Méridien conte une aventure historique sur 145 pages, avec des illustrations de grande qualité et un texte sobre et travaillé. Chaque vignette de Briac a l'intensité colorée d'un tableau réalisé au pastel et souligné de gravures. L'expressivité des personnages est exceptionnelle, avec des visages très marqués, à la limite de la caricature. Quelle prouesse, par exemple, page 64, de représenter, dans une seule image en camaïeu indigo et sans texte, La Condamine transi d'amour dans son lit.



Mettant en scène quelques moments-clés de l'expédition, parfois à l'aide de lettres historiques ou du journal de Jussieu, la narration oscille entre réalisme et onirisme. J'ai particulièrement apprécié les oiseaux philosophes commentant çà et là les vaines activités de ces savants en perte de repères. Enfin, la postface aux allures de « making-off » donne des informations sur le contexte historique et scientifique de cette expédition des Lumières.



Un grand merci à Babelio et aux éditions LOCUS SOLUS pour l'envoi de cet ouvrage, ainsi que pour le petit mot et le catalogue. Quelle joie de découvrir cet éditeur breton qui prend autant soin de ses ouvrages que de ses lecteurs !
Commenter  J’apprécie          90
Brest en bulles

Un recueil de nouvelles au format BD c'est assez original. 9 dessinateurs pour 9 petites histoires qui permettent de visiter Brest.

Alors comme tous recueils de de nouvelles certaines histoires me plaisent et d"autres moins. Certains dessins me tapent dans l’œil et d'autres me rebutent.

Mais c'est toujours amusant de reconnaître les endroits et de voir ce que les différents dessinateurs peuvent en faire. C'est une jolie promenade.
Commenter  J’apprécie          90
Armen

Le trait et les couleurs de la couverture de cette BD exercent sur moi une drôle de fascination. On dirait des morts vivants, ou des rescapés des camps, je ne sais pas trop, mais le titre avec les embruns et l’iode qu’il charrie ne va pas du tout avec l’atmosphère de ce dessin. A force de tourner autour, j’ai donc fini par l’emprunter.

Et l’histoire tient bien des deux. Le décor, c’est bien le mythique phare d’Ar Men, avec ses tempêtes tout aussi mythiques et ses vagues plus grandes que l’imagination. Et l’histoire, c’est la seconde guerre mondiale, les Allemands sur le mur de l’Atlantique, la surveillance des convois et les attaques des ennemis.

Huis clos iodé qui n’est pas sans rappeler [Le Silence de la mer] de Vercors, cette bande dessinée est oppressante. On sait que la catastrophe arrivera, comme dans toute tragédie qui se respecte, mais on ne sait pas quelle forme elle prendra. Un moment de lecture assez angoissant, qui m’a fait sortir de ma zone de confort en terme de graphisme, mais que j’ai apprécié malgré (ou à cause de) l’inconfort qu’il procure.
Commenter  J’apprécie          40
Armen

Une histoire dans un phare en pleine mer, ça donne un huis clos, forcément. Et quand cela se passe pendant la 2nde guerre mondiale, et que les protagonistes sont deux gardiens de phare bretons, deux soldats allemands et leur lieutenant, l’ambiance est plombée, forcément aussi. Certains parlent, d’autres écoutent, observent, et se parlent intérieurement, en mode taiseux face à l’ennemi.

Une BD bien sombre, toute en teintes sépia et grises, dont l’action n’a lieu que la nuit, avec des personnages blafards taillés à grands coups de gouache blanche, aux yeux globuleux mais aux regards très expressifs. Avec cependant quelques touches de clairvoyance, et de poésie là où ne l’attend pas. Touchant, finalement.

Ma question : s’agit-il d’une histoire vraie ?
Commenter  J’apprécie          40
Armen

Je me suis laissé dire qu'il s'agissait de la première BD de cet auteur, tout du moins en tant qu'auteur ET scénariste, ce qui ajoute de la difficulté à la difficulté. Eh bien, il s'agit d'un examen réussi ! Certes, on retrouve peut-être quelques défauts de jeunesse, notamment des petits accrocs dans la fluidité narrative, mais la précision historique, ainsi que l'atmosphère oppressante du dessin et du scénario, compensent largement ces bricoles. Le style très personnel du dessin, tout en dégradés de couleur, avec ces personnages émaciés qu'on dirait tout droit sortis de tableaux de Modigliani, ajoute encore à l'ambiance. À conseiller à tous les fans de phares, de Bretagne, de deuxième guerre mondiale et d'anecdotes méconnues. Et même sans ça, à conseiller à tous les amateurs de huis-clos.
Commenter  J’apprécie          40
Quitter Brest

A travers trois récits, Briac et Yvon Coquil nous invitent à remonter le temps. La gare, l’arsenal, le pont du Bouguen, autant de lieux qui sont riches d’histoires.



Avec les éditions Sixto, on avait l’habitude des romans policiers ou des bande dessinées à ambiance policière. Avec Quitter Brest, ils prennent un virage. Le livre ne contient pas un, mais trois récits. Après un prologue amusant (sur une idée de Philippe Marlu), Vent d’Est (paru dans Quai Divers) est crée entièrement par Briac, alors que Pari Brest ou Les Hespérides sont des nouvelles illustrées, écrites par Yvon Coquil. Si Briac est le point commun entre les trois récits, il en est deux autres : Brest évidemment, mais aussi une ambiance noire. Ce genre émane du roman policier en lui donnant un côté social. Les deux nouvelles d’Yvon Coquil exploitent ce genre en s’imprégnant du champ lexical de Brest. On parle de lieux, de rues, connus des brestois comme des visiteurs. On sent le langage des ouvriers, la rude « douceur » du travail de l’arsenal, les histoires qu’on raconte autour d’un verre. D’un pari macabre au lent glissement vers le point de non-retour, l’auteur montre le côté sombre de Brest. Son style n’oublie pas l’humour des petites gens. C’est dur, cynique et très brestois !

Pour Vent d’Est, Briac parle plutôt de nostalgie et l’impossibilité d’oublier cette « grise » ville. A travers ses cases et ses illustrations, il met en couche superposées son trait et ses couleurs. Le résultat est un instantané de Brest. Si l’ensemble est gris, on y sent un brin de nostalgie. Briac désire-t-il revenir à Brest ? Les illustrations conçues pour les nouvelles sont en couleurs. Là-aussi, les lecteurs brestois comme ceux de l’auteur s’y retrouveront. Graphisme recherchés, en relief, où suinte cette ambiance brestoise, faite de décadence, de dur labeur, sans oublier la camaraderie !

En bonus, un portfolio qui montre la riche histoire brestoise et son architecture.



Pour ceux qui souhaiteraient aller plus loin, les éditions Nadoz-Vor Embannadurioù ont conçu un cahier spécial (en breton) qui en dit plus sur cette période racontée (les années 60).



Quitter Brest n’est pas destiné qu’aux brestois. Si Briac continue d’arpenter la ville avec ses pinceaux, si Yvon Coquil signe deux nouvelles noires au charme brestois, ils nous invitent à une balade dans les rues. Autant de lieux encore vivants ou disparus, autant d’histoires à raconter, à découvrir.
Lien : https://tempsdelivresdotcom...
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Briac (72)Voir plus

Quiz Voir plus

Oh, Antigone !

Comment se prénomme la sœur d'Antigone ?

Sophie
Hermine
Ismène

10 questions
3097 lecteurs ont répondu
Thème : Antigone de Jean AnouilhCréer un quiz sur cet auteur

{* *}