Témoin privilégié d’un monde révolu, Calamity Jane nous dresse un tableau de ce far west proche de ces westerns que j’ai dévorés enfant.
Tour à tour, infirmière, convoyeuse, hotesse de saloon, joueuse de poker, elle nous décrit un « pays » dangeureux, crade, incivile, où la loi et l’ordre ne régnent pas. De la naissance de nouvelles villes qui tombent entre les mains de bandits dégénérés, aux ennuis avec les indiens, la pauvreté, l’alcoolisme, le puritanisme hypocrite de certains, on suit ses aventures et partage ses rencontres: Wild Bill Hickok, Bill Cody et son Wild West Show, Madam Feeley tenancière de bordel, Belle Starr, etc. Mais LETTRES A SA FILLE n’est pas qu’une visite guidée, c’est avant tout le journal qu’elle écrit pour sa fille qu’elle a dû abandonner d’une part à cause d’une déception, d’autre part parce qu’elle a choisi de poursuivre sa voie, celle d’une femme solitaire et libre.
Ce livre composé de 27 lettres écrites sur une période de 25 ans est un testament d’amour, l’union de l’album photos et le journal intime. Elle y raconte son quotidien, livre ses impressions sur les villes visitées, ses habitants, rit, pleure, s’énerve sur ses déboires. Elle en profite pour rétablir certaines vérités sur son compte et son entourage. Elle se confesse tout le long de ses lettres qui seront remises à sa fille après sa mort. Elle lui explique sa filiation, son abandon, son désarroi face à cette perte, sa lutte incessante pour rester une mère digne malgré la séparation, son mal de vivre. Sans doute était-elle une femme peu instruite mais au fil des lettres, nous découvrons une personne sensible, intelligente, généreuse, aimante. Chaque lettre hurle son adoration pour cette enfant confiée très tôt à une autre famille. Elle s’y fend de quelques conseils sur la vie, y couche des recettes de cuisine, y avoue sa joie à chaque lettre ou photographie que sa nouvelle famille lui envoie, y confie sa bataille entre le désir de s’établir une bonne fois pour toutes et son impérieux besoin de bouger. Droite dans ses bottes avec une éthique hors du commun, Calamity Jane assume tout ce qu’elle est, n’est pas et ne sera jamais.
Un témoignage particulièrement émouvant et inattendu de la part d’une femme qui a épousé le vent et qui du coup ne peut aller que là où il la pousse.
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