Jean-Louis Brunaux -
Jules César .
Jean-Louis Brunaux vous présente l?ouvrage «
Jules César » de
Jérôme Carcopino aux éditions Bartillat. http://www.mollat.com/livres/carcopino-jerome-jules-cesar-9782841005451.html Notes de Musique : Codex Caioni - 16 Lupul
Un peuple qui baille est mûr pour la révolte. Les Césars n'ont laissé la plèbe romaine bailler ni de faim ni d'ennui.
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Les hautaines demeures de la Ville étaient sevrées également de la douce tiédeur que répandent autour d'eux les radiateurs de nos chambres, et de la joie qui luit et pétille dans la flamme de l'âtre.
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Claude qui, à l'instigation de Tite-Live, s'était mis en tête d'écrire l'histoire, se flatta de déclamer ses chapitres à mesure qu'il les avait rédigés. Comme il était prince du sang, il faisait salle comble. Mais aussi, comme il était timide et bègue, et qu'à l'une de ses expériences un incident grotesque, un banc qui s'écroula sous la graisse d'un auditeur obèse, provoqua des risées qui n'étaient point prévues à l'ordre du jour, il cessa brusquement d'être son propre lecteur.
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Dès le temps de Juvénal, en effet, il semble qu'il vaille mieux pour son bonheur, être l'esclave d'un riche qu'un libre citoyen pauvre.
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Les maîtres de rhétorique étaient fiers de [leurs] trouvailles. Obsédés par la recherche de l’effet, ils se flattaient de l’atteindre d’autant mieux qu’ils imaginaient des situations moins probables et plus embrouillées et que leurs personnages sortaient davantage de l’ordinaire. Ils estimaient la valeur d’un discours au nombre et à la gravité des difficultés qu’ils avaient surmontées, et prisaient par-dessus tout l’éloquence qui réussissait à développer l’inconcevable –materias inopinabiles- et, pour ainsi dire, à tirer quelque chose de rien, à l’exemple de Favorinus d’Arles, qui, sous Hadrien, soulève l’enthousiasme de l’assistance, un jour, par un éloge de Thersite, et, un autre, par une action de grâce à la fièvre quarte. Bref, ils confondaient perpétuellement l’art avec l’artifice, et l’originalité avec l’absence de naturel : et, à la réflexion, il semble bien qu’ils ne fussent plus guère capables de former que des cabotins ou des perroquets.
Les traits qui marquent la physionomie matérielle de la Rome impériale se heurtent en oppositions qui seraient irréductibles sans les harmoniques de l'Histoire et de la vie.
D'une part, le chiffre considérable de sa population comme la grandeur architecturale et la beauté marmoréenne de ses édifices publics l'apparentent aux grandes métropoles de l'Occident contemporain.
D'autre part, l'entassement auquel elle condamnait ses multitudes sur un terrain inégal et sur une aire restreinte par la nature et par les hommes, l'étranglement de ses ruelles enchevêtrées, la pénurie de ses services édilitaires, les embarras périlleux de sa circulation la rapprochent de ces villes médiévales qu'ont dépeintes les chroniqueurs et dont certaines cités musulmanes ont conservé jusqu'à nous le pittoresque tour à tour séduisant et sordide, les difformités imprévues et le grouillement anarchique...
(extrait de "La ville, ses maisons et sa police", chapitre du volume paru aux éditions "Hachette" en 1939)
Pour lutter avec succès contre leurs maux ,les collectivités ont besoin de croire à leur avenir. Or, déçue en ses espoirs d'équitables et persévérantes gradations ,inquiète tour à tour de son marasme et de son instabilité ,la société romaine se prend à douter d'elle-même dans le temps où la solidité de ses familles s'est lézardée et rompus l'unité de sa conscience.
Dans le monde de Pline, les ménages se formaient par l'attrait des convenances plus que par la force des sentiments.
En 83, un sénatus-consulte rendu sous Domitien prohiba la castration des esclaves et frappa le maître coupable d'avoir enfreint cet interdit de la confiscation de la moitié de ses biens.
Ainsi la Rome des Antonius est le carrefour où se rencontrent avec le sien les peuples inférieurs auxquels ses anciennes lois semblaient opposaient de solides barrages ethniques.